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Opinions, Idées et Débats des Sénégalais

Une Negociation Peut En Cacher Une Autre !

Une Negociation Peut En Cacher Une Autre !

Jamais deux sans trois ! Il ont récidivé, ils sont revenus à la charge bien que tous les projecteurs soient tournés vers eux depuis leur fronde. Par l’entremise de Mahmout Saleh, directeur de cabinet politique du président Macky Sall, ils l’ont revu. Ils lui ont reparlé avant le 20 août. Bis repetita, ils ont tenu conseil après les précédentes rencontres dévoilées dans mon édito du 12 juillet. Qui ? Eux, la bande des trois, toujours la même, fidèle à ses rendez-vous secrets : Mamadou Diop Decroix, Me Amadou Sall et Oumar Sarr. Ils ont été reçus en catimini par le président Macky Sall, avant son départ pour Biarritz.

La bande des 3 a repris son bâton de pèlerin, les 3 compères ne lâchent rien. Les enjeux sont bien trop sérieux à leurs yeux ! Oumar Sarr et Me Amadou Sall ont échoué dans leur entreprise de faire venir Me Abdoulaye Wade et son fils Karim à la table du Dialogue national. Ils avaient rusé auprès de leurs proies, ils leur ont tendu la carotte de l’amnistie ! Ils espéraient 2016. Ils ont connu le retour du bâton de la disgrâce, de la part du secrétaire général du PDS. L’amnistie était la voie la plus facile à emprunter, mais l’honneur et la légitimité basée sur la justice internationale, commandent la révision du procès. Les deux membres du PDS ne décolèrent pas pendant ces derniers mois. Ils se déchainent, font des révélations, aussitôt mises en échec par le nouvel outil numérique des internautes sénégalais : la VAR. La frustration est à son comble !

Des tractations ont aussi échoué en direction de Khalifa Sall. Avec une mère lassée par l’emprisonnement de son fils, avec la supplication de certains des partisans de l’ancien maire de Dakar en faveur d’une grâce, tout était réuni pour le contraindre au Dialogue national. Là-encore, le refus fut catégorique. L’échec cinglant ! Sans doute paye-t-il aujourd’hui son intransigeance. La dernière lettre de Khalifa Sall lui confère une autorité morale. Cette résistance physique et vertueuse de Khalifa Sall consterne au plus haut sommet de l’Etat. Sa grâce est repoussée sine die : « L’Etat, c’est moi ; la grâce, c’est moi ! », a clamé le président Macky Sall, à Biarritz. De colère, les préceptes de l’art de la communication politique sont négligés. L’exaspération prend le dessus. On fait le Roi devant les journalistes étrangers !

Les 3 compagnons, Mamadou Diop Decroix, Me Amadou Sall et Oumar Sarr, sont plein de ressources. A leur place, d’autres, désespérés, auraient jeté l’éponge ! Pas eux ! Pour la rencontre du 20 août, ils ne sont pas venus tailler une bavette entre libéraux nostalgiques ! Ils sont tombés sur un os avec les Wade ! Pas grave, ils ont plus d’un tour dans leur sac. Le récent entretien porta encore sur le Dialogue national. Avant le départ pour Biarritz du président Macky Sall, la bande des 3 lui a renouvelé son entier dévouement envers une participation à un gouvernement élargi. Sur le plateau des offrandes, se trouvait en sus la suggestion d’un nom pour le poste de chef de l’opposition, celui d’Idrissa Seck.

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La bande des trois, est libre de manœuvrer à sa guise. Ces politiques avertis sont tous majeurs et vaccinés. Pour les deux membres du PDS, la seule question qui vaille éthiquement, est de savoir au nom de qui ils négocient ? Auparavant, secrètement et frauduleusement, peut-être déjà depuis 2016, au nom du PDS ! En ce moment, incognito (presque !) et supposément au nom de leur courant « And Suqali Soppi » ! Quant à Decroix, dernière recrue d’Idrissa Seck avant l’élection présidentielle et représentant de l’opposition au Dialogue national, il s’exprime au nom du FRN.

Cette énième rencontre entre les protagonistes de mes derniers éditos est captivante car, au-delà des querelles de chapelle, au-delà d’une supposée reconstitution de la famille libérale, elle nous éclaire sur les dessous du Dialogue national. Au fur et à mesure que les mois passent, la stratégie de Macky Sall et de ses auxiliaires se dévoile. Il ne fait que débuter son quinquennat, mais d’ores et déjà se profilent devant nous ses deux évènements majeurs : une majorité élargie à une opposition contributrice (qu’elle soit dans et/ou hors du futur gouvernement national), et une opposition « oppositionnelle » que l’on cherche à réduire à sa plus simple expression. C’est le scandale politique du second mandat de Macky Sall. L’enjeu, c’est l’union sacrée d’une grande partie de la classe politique sénégalaise dans la perspective de sauvegarder ses intérêts ; c’est l’enjeu que chacun trouve sa place jusqu’à la prochaine bataille présidentielle, soit dans un nouveau gouvernement national, soit dans une opposition peu ou prou conciliante. Dorénavant, les affaires judiciaires ne concernent plus seulement l’opposition, mais aussi la majorité présidentielle. Cette donnée est fondamentale pour comprendre les causes du Dialogue politique d’aujourd’hui, et le changement de cap opéré par Macky Sall.

Tout commence par le voyage de Macky Sall en novembre 2018 à Paris. Après avoir été adoubé par le ministre des finances français Bruno le Maire, Macky Sall, devant les journalistes français, se révèle magnanime : après son élection, il s’engage, dans le cadre d’une nouvelle phase pour la reconstruction nationale, à tourner la page. Ce sont ses mots ! Bref, appelons un chat un chat, amnistier Karim Wade et Khalifa Sall devient du champ du possible. A ce moment-là, le président sortant entrevoit déjà les opportunités du Dialogue politique pour rassurer les investisseurs étrangers peu enclins à goûter au désordre politique. Tout sourit au président, en apparence !

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Le peuple sénégalais l’ignore encore, mais les nuages s’amoncelaient sur la tête de Macky Sall, quelques mois avant la présidentielle de février. Caché à l’opinion publique, un coup de tonnerre ébranlait toute la famille du président. Le Palais était très tôt informé de l’enquête conduite par la célèbre BBC au sujet de l’affaire Aliou Sall.  Et ce bien avant sa réélection ! Catastrophe ! Malheur ! Si le Dialogue national depuis novembre 2018, s’imposait pour rendre le deuxième mandat de Macky Sall plus pacifique et plus efficace en termes de développementalisme ; si le Dialogue national était nécessaire pour anticiper la gronde des consommateurs face à l’augmentation inéluctable des prix des denrées de première nécessité, et des énergies, il fallait dorénavant élargir l’amnistie au-delà des condamnés, à tous ceux qui risquent des poursuites judiciaires. Peu importe si la CREI risquait de perdre sa principale fonction de chantage politique !

Mais voilà, tout est sens dessus dessous ! Rien ne marche comme prévu ! L’affaire Aliou Sall a eu un retentissement au-delà des frontières du Sénégal. Malgré les arrestations autoritaires, c’est le branle-bas-de combat du côté des activistes. Cela s’ajoute aux incertitudes inhérentes de la succession que Macky Sall avait écartées, pensait-il, fort de la suppression du poste de Premier ministre. Le Dialogue national fait illusion, tout a déjà été presque décidé en amont. L’embarras du président Macky Sall et de ses alliés opposants, c’est le timing pour faire avaler la pilule au peuple sénégalais, concernant une amnistie générale et les combines politiques. Le ralliement des deux éliminés à l’élection présidentielle aurait pu enlever au président une épine du pied. Le stratagème, avec la complicité de la bande des trois, a échoué : la résilience politique des 2 K fut plus forte que la faiblesse psychologique échafaudée par la prison et l’exil !

La dernière réunion avant le départ pour Biarritz est la preuve flagrante que les protagonistes du Dialogue national sont toujours à la manœuvre. Malgré les contretemps, le rétrécissement de l’opposition « oppositionnelle » est plus que jamais à l’ordre du jour. Au sein du PDS, Macky Sall compte sur le nouveau courant d’Oumar Sarr pour diminuer l’ascension de Karim Wade, et neutraliser le PDS. Par ailleurs, en cas de participation d’Oumar Sarr à un gouvernement d’union nationale, Macky Sall s’enorgueillira de la prise d’un gros poisson du PDS « légitime, de souche » dissident. Quant à l’opposition contributrice, incarnée par le FRN et leur émissaire, Mamadou Diop Decroix, la « chefferie » de l’opposition, nonobstant des démentis, est leur ultime combat, peut-être à la clé un pactole de 2 milliards révélé par Mamadou Lamine Diallo. Le silence énigmatique d’Idrissa Seck, si communicatif d’accoutumée, laisse entrevoir un deal.

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Une négociation peut en cacher une autre ! Depuis quelques éditos, je vous informe des rencontres confidentielles des frondeurs et de l’opposition contributrice avec le président Macky Sall. Je persiste dans ma démarche, et certains sites d’information en ligne commencent à s’interroger sur cet « entrisme ». Je veux vous faire comprendre que le Dialogue national est un mille-feuilles. A première vue, le Dialogue national se présente comme un processus vital pour la stabilité du Sénégal. La doctrine de Macky Sall « La patrie avant le parti » a fait des émules parmi Issa Sall et Oumar Sarr. Cette présentation est idyllique. Ce sont les travaux du Dialogue national conduits par Famara Ibrahima Sagna. Tout un chacun peut les regarder sur la RTS.

Seulement, à côté de cette belle vitrine du Dialogue national, se tiennent d’autres négociations, plus souterraines où tout se conclut. L’opinion publique n’y a pas accès ! Là, il se dégage une impression de duperie où la somme des intérêts privés de la majorité présidentielle et de l’opposition contributrice, est loin de constituer l’intérêt général. Il est surtout question pour une grande majorité d’entre eux de leur survie politique. C’est là où l’opposition contributrice et la majorité présidentielle convergent vers le même intérêt. Macky a perdu de sa superbe ! Mais il n’a pas perdu la boussole : il est à la manœuvre. Il poursuit son travail de sape-ruse envers l’opposition « oppositionnelle ». Il assure ses arrières, soit pour un troisième mandat, soit pour une retraite politique tranquille. Il lui faut donc une opposition éclatée pour les plus endurcis, et conciliante pour les moins récalcitrants.

La deuxième place à la présidentielle de février a requinqué Idrissa Seck. Le sujet de sa retraite politique n’est plus d’actualité. Pas question d’être pour autant dans une position politique de subalterne ! Cependant, chef d’opposition, c’est assurément plus acceptable ! Ce serait le premier à disposer de ce statut au Sénégal. C’est historique ! Et les autres ? Pour certains, c’est le sauve-qui-peut, la jurisprudence Khalifa Sall et Karim Wade a laissé des traces dans la psychologie de beaucoup d’hommes politiques sénégalais. La CREI fait encore craindre, sauf si une amnistie générale était votée, elle retomberait en désuétude pour les plus chanceux ! Et puis si, par le plus grand des hasards, Issa Sall et Oumar Sarr étaient récompensés au titre de leur volonté de dépasser les partis politiques, à l’occasion d’un remaniement ou d’un gouvernement élargi ? C’est toujours bon à prendre, pas vrai ?

Il faut de tout pour faire un monde politique !

edesfourneaux@seneplus.com







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