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De Grâce, Arrêtez De « transmuter », Continuez De Nous Irradier !

Chers grand-frères, permettez-moi de vous appeler Pr Bachir et Pr Boris.

Même les esprits les plus brillants peuvent être, un laps de temps, piégés par le cœur et,  durablement, par le parti pris. Entre-temps, on cesse d’être un intellectuel pour goûter aux amers délices de la dépendance tristement subie ou honteusement choisie.

Ce n’est pas comme ça qu’on vous aime. Ce n’est pas pour ça qu’on vous aime.

Pr Boris est certainement offusqué par une vérité incongrue déballant un fait selon lequel, en prétendant être le père du labo Carbone 14 de l’IFAN, Cheikh A. Diop serait un usurpateur. Une vérité historique donc rétablie par le philosophe libre-penseur, Pr Bachir, qui fait notre fierté, mais qui a pourtant tort de déserter le champ de la critique scientifique dès lors qu’il a essayé de transformer, à titre posthume, une vérité gênante sur le parcours de Cheikh A. Diop, en hommage à ce dernier.

Un esprit exceptionnel comme Pr Bachir ne peut pas ignorer l’excellente et massive production intellectuelle de Cheikh A. Diop au point de devoir se contenter de l’histoire controversée du labo Carbone 14 de l’IFAN pour lui rendre hommage. C’est quand-même quelque peu suspect de prétendre rendre hommage à un guerrier, en remettant au goût du jour ses hauts faits connus alors même qu’on pointe du doigt la seule tâche noire qui les dénature. Ça a tout l’air d’enfoncer une porte déjà largement ouverte, juste pour exposer la dégradation de celle-ci. 

Entendons-nous bien, Pr Bachir, personne n’ose se risquer à la prétention autoritaire de vous dénier votre droit naturel, mais surtout professionnel, de rappeler ou de rétablir une vérité historique ; c’est votre travail de toujours et d’à jamais, mais de la même manière, vous ne risquerez pas de ne pas être indulgent avec un de vos meilleurs élèves spirituels qui décide de s’adonner au jeu favori de son maître qui consiste à réfléchir librement, sans légèreté aucune et sans la moindre pression.

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Plongeons-nous dans cette partie de votre texte : «  La légende du centre des basses énergies de l’Institut Fondamental d’Afrique Noire. « Je jouais dans l’article avec l’ancêtre des laboratoires scientifiques qu’étaient les cabinets des alchimistes qui cherchaient le moyen de transformer le métal le plus vil en or pur. Pour exprimer le propos suivant : d’un laboratoire fondé sous l’autorité des directeurs de l’IFAN, le professeur C. A. Diop avait su faire un trésor. Alors qu’on l’avait empêché d’accéder à l’université en utilisant tous les moyens en commençant par la mention qui avait sanctionné sa thèse, et alors qu’on l’avait exilé dans ce laboratoire, il avait transformé ce bannissement en triomphe et fait de son laboratoire de l’or. On me permettra de me citer en me traduisant en Français : « il y a un signe qui ne trompe pas et qui distingue les grands hommes, c’est la capacité de transformer l’exil en royaume. Diop a montré cette capacité. ». C’est cette phrase qui est le cœur du texte que j’ai donné pour le catalogue…. ». Cette partie de votre texte respecte aussi bien la commande  «  des responsables d’une exposition consacrée au « laboratoire » sous toutes ses formes », que votre intention réaffirmée de faire l’éloge du Pr Cheikh A. Diop ; ce qui me semble être vos deux préoccupations principales.

Si tout le reste du texte avait continué à encadrer « la phrase qui est le cœur du texte que j’ai donné pour le catalogue », personne n’aurait soupçonné la moindre subtilité vicieuse dans vos propos ; parce que votre rappel historique, en introduction, s’était juste contenté de décliner les noms des anciens directeurs de l’IFAN en vos termes « … d’un laboratoire fondé sous l’autorité des directeurs de l’IFAN, le professeur C. A. Diop avait su faire un trésor ».

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Je suppose alors que l’inquiétude de votre frère Pr Boris est née de la « transmutation » (je vous emprunte le bel emploi du mot) de votre noble intention de départ en un redressement d’un tort imputable au Pr Cheikh A. Diop. Selon vos propos, « Diop a transformé un laboratoire tout à fait ordinaire pour datation de carbone 14 tel qu’il avait été créé par Théodore Monod avant d’être complètement terminé par Vincent Monteil en un lieu de légende, un véritable cabinet d’alchimiste ». Vous remarquerez qu’au niveau de la forme, vous avez fait « transmuter » les autorités-directeurs de l’IFAN avant l’avènement de Cheikh Anta en, successivement, créateur (Théodore Monod) et terminateur (Vincent Monteil) du laboratoire carbone 14. Vous avez « tué » le Pr Cheikh A. Diop qui disparaît totalement du processus de réalisation de « son » laboratoire carbone 14. Un curieux hommage ; convenons-en !

Cette nouvelle posture de la part d’un esprit aussi lumineux que vous, Pr Bachir, ne peut être  fortuite. Elle est plutôt le fruit d’un exercice complexe d’inclusion mutuelle d’évènements contradictoires, à travers l’éloge d’une gloriole qui devrait nous enseigner que « même s’il a vaincu sans péril, Cheikh A. Diop peut quand-même triompher glorieusement ».

Voilà ce qui a fait « transmuter » le Pr Boris, d’intellectuel réputé en militant de la cause « CheikhAntaïste ».

Cher Pr Bachir, ne voyez ni cynisme ni mauvaise foi dans mon propos ; peut-être de la « transmutation », je vous le concède. Sans prétention ni parti pris, j’ai pris le risque de m’attaquer à deux monuments avec un  marteau de menuisier. Je ne peux qu’y laisser des plumes ; tant pis pour moi. Mais je me consolerai avec l’amour et le respect pour ces dignes et précieux fils du Sénégal,  que je partage avec les sénégalais.

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Chers grands frères, la politique a fini de consumer bon nombre de ses enfants, le Sénégal vous demande de continuer de le faire rêver.

A mes risques et périls !







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