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Faut-il NÉgocier Avec Iyad Ag Ghaly Pour Ramener La Paix Au Mali ?

Le Mali traverse une crise multiforme depuis 2012. Rien n’y a fait. Ni la signature de l’accord d’Alger, en 2015. Ni le déploiement de Barkhane, de la Minusma, pas plus que celui – toujours annoncé – de « l’embryonnaire » force conjointe du G5 Sahel. Le constat est unanime : les situations sécuritaires et humanitaires se dégradent de façon inquiétante.

L’un des principaux artisans de cette détérioration est un homme très influent : Iyad Ag Ghaly. Issu de la puissante tribu des Ifoghas, il  fut un leader de rébellion touarègue dans les années 1990, après un passage en Libye au sein de la « légion islamique » de Kadhafi, cette « légion verte » construite sur le modèle de la légion étrangère française.

Artisan de l’insécurité

Ironie de l’histoire, il fut aussi l’un des médiateurs lors des négociations qui ont abouti à la libération de 32 otages occidentaux détenus par le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), en 2003. Longtemps, il fut l’intermédiaire privilégié des autorités maliennes et des services occidentaux auprès des jihadistes. C’était avant que l’homme ne troque sa moustache stalinienne pour une barbe fournie.

En 2011, Iyad Ag Ghaly s’allie aux islamistes radicaux étrangers et crée, avec certains de ses fidèles lieutenants maliens, le groupe Ansar Eddine. Il parvint à prendre le contrôle des deux tiers du Mali, en écartant progressivement le MNLA, avant que l’intervention française de janvier 2013 ne disperse les combattants jihadistes dans l’immensité du Sahara.

Aujourd’hui à la tête du Groupe pour le soutien de l’islam et des musulmans (GSIM) Iyad Ag Ghaly met en échec le processus de paix, malgré les efforts intenses du gouvernement malien et de la communauté internationale. Dans le centre et le nord du pays, les forces armées maliennes, les ex-rebelles de groupes signataires de l’accord de paix et les troupes internationales ne contrôlent – relativement – que les villes. Le reste du territoire y est sous l’influence des jihadistes, qui imposent leur loi.

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L’option du dialogue

Depuis le début de la crise, des voix se sont élevées pour demander aux autorités d’amorcer des négociations avec les jihadistes maliens. L’idée n’est pas si nouvelle, et a été défendue aussi bien par des hommes politiques que des leaders religieux. L’option avait même été l’une des recommandations formulées lors de la Conférence d’entente nationale, qui s’est tenue en mars et avril 2017.

L’actuel ministre des Affaires étrangères fut lui-même l’un des chantres de l’ouverture de négociations avec les islamistes. Mais depuis sa nomination, Tiebilé Dramé a remisé cette possibilité dans un tiroir.

Les autorités malienne ont toujours opposé, officiellement, une fin de non-recevoir à ce projet. L’entreprise ne serait pas du goût de l’Élysée et de « certains amis du Mali », au nom de la doctrine selon laquelle « on ne négocie pas avec les terroristes ». Elle ne serait pas non plus du goût des  organisations de défense des droits de l’homme qui craignent que ces négociations ne soient synonymes d’impunité.

S’il y a eu des avancées notables dans le processus de la paix, les bases en sont sapées par la persistance des attaques jihadistes. Il est temps que le constat d’échec du « tout militaire » laisse place à  d’autres alternatives, seules à même de sortir de l’impasse.

Négocier avec Iyad Ag Ghaly relèverait du pragmatisme politique, alors que le GSIM continue d’étendre son influence dans le Nord et le Centre, faisant de lui un acteur incontournable pour le retour effectif de la paix au Mali et plus largement dans le Sahel.

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Le voisin algérien, qui a entretenu de bonnes relations avec Iyad Ag Ghaly par le passé, pourrait sans nul doute jouer un rôle facilitateur dans ce cadre. Au niveau national, des leaders religieux pourraient également jouer un rôle prépondérant, à l’image du très respecté imam Mahmoud Dicko, qui avait déjà réussi à entrer en contact avec Iyad Ag Ghaly. Ceux des puissants chefs ex-rebelles issus, comme lui, de la tribu des Ifoghas, ne sont, eux-aussi, pas hostiles à l’idée de son retour.

La reprise récente des négociations entre les Américains et les talibans aurait dû inspirer les autorités maliennes, étant la preuve que négocier avec les terroristes est un exercice auquel se plient même les plus puissants lorsque la situation l’exige.

Restera alors à définir le contenu de ces négociations. S’il ne fait aucun doute que le projet d’instauration d’une « République islamique » telle que voulue par Iyad Ag Ghaly est hors sujet, il pourrait trouver son intérêt à un retour des combattants du GSIM dans le cadre du processus de paix, voire à une amnestie. De quoi, potentiellement, affaiblir la galaxie jihadiste dans le nord du Mali et ouvrir des perspectives nouvelles pour un retour à la paix.







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