Cheikh Anta Diop (…..les fondements d’un Etat fédéral d’Afrique Noire), Kwamé Nkrumah (We must unite now or perish) et autres penseurs et politiques africains, avaient préconisé à l’aube des indépendances de la plupart des pays africains (années 60), un Etat fédéral africain comme projet politique et institutionnel. Hélas, la position du ‘’démembrement’’ de l’Afrique avec une option de regroupement par cercles concentriques ‘’les communautés sous-régionales’’, avait fini par s’imposer.
Depuis lors, cinquante ans après, la situation générale de l’Afrique, se perçoit différemment. Si dans certains pays et dans certaines zones géographiques, des pas de géant ont pu se réaliser en autorisant des reclassements inédits (Ile Maurice, Cap Vert, Maroc, Botswana, Ethiopie, Nigéria, etc.), par contre, dans certains pays et dans certaines zones géographiques, le bilan est plus que mitigé.
Globalement, l’Afrique n’est pas en crise mais elle se métamorphose parce qu’en profonde mutation sous la combinaison de trois chocs : (1) choc des économies, (2) choc des générations et (3) choc des cultures. Et c’est à l’issue de ces mutations-transitions-transformations (jusqu’en 2025), qu’il se donnera de voir on ne peut plus clair, de quelle trajectoire va emprunter l’Afrique pour de très longues décennies encore.
S’il est permis de faire une relecture de Cheikh Anta Diop et de Kwamé Nkrumah, avec les yeux de la modernité et dans une certaine intertextualité et intercontextualité, les complexités et les enjeux de l’heure nous ‘’imposent’’ d’aller vers les Etats mutualistes d’Afrique, en attendant l’Etat fédéral d’Afrique.
Comme le dit la sagesse grecque, ‘’on ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve car les eaux se seront déjà écoulées’’, parce que les contextes nationaux et géopolitiques des années 60 (décolonisation, guerre froide) ne sont plus les contextes nationaux et géopolitiques des années 2000 (globalisation et innovations technologiques).
Comme le dit une sagesse bien asiatique, ‘’il faut toujours marcher sur ses deux jambes pour garder l’équilibre’’, l’intégration politique va de paire avec l’intégration économique parce que la paix et la sécurité précèdent au développement.
Aujourd’hui, que vaudra la monnaie ouest-africaine, ECO, si nous ne pouvons pas assurer par nous-mêmes et pour nous-mêmes, notre propre sécurité nationale et collective ?
Aujourd’hui, que vaudra la très haute profitabilité économique du marché ouest-africain, CEDEAO, si nous ne pouvons pas nous nourrir par nous-mêmes et pour nous-mêmes ?
C’est alors que l’Afrique, au nom du principe de la différence et de l’altérité, détient toutes les cartes en main, pour penser hors-cadre, et favoriser la réalité des Etats mutualistes d’Afrique, en mutualisant nos forces de défense et de sécurité avec la création d’une armée africaine pour assurer notre sécurité collective, d’une part et d’autre part, en mutualisant nos agricultures et nos politiques agricoles, pour une agriculture africaine, du Nord au Sud, d’Est en Ouest, pour tirer grandement avantage de la situation géographique sans précédent de l’Afrique : le seul continent au monde sur deux hémisphères à la fois et le seul continent au monde aux huit régions géo-climatiques identiques de par et d’autres de l’équateur, avec tous les climats du monde et donc toutes les récoltes du monde.
Oui, à une armée africaine ! C’est maintenant. Pour compléter nos forces armées d’Afrique par une armée Africaine, qui serait une force en attente, pour intervenir partout sur le continent pour rétablir l’ordre constitutionnel, la paix civile et la sécurité militaire. Dans une logique de disponibilité opérationnelle et de réaction rapide.
Oui à une agriculture africaine ! C’est maintenant. Afin que ‘’l’Afrique Aide l’Afrique’’, selon la belle formule du patriarche Abdoulaye Wade. Avec trente millions de km2, plus d’un milliards d’habitants dont une écrasante majorité de jeunes (moins de 20 ans), plus d’un tiers des ressources naturelles du monde, des ressources hydriques en surabondance, les meilleures terre du monde pour l’agriculture ; alors l’agriculture est un puissant levier pour unir l’Afrique pour vaincre la faim.
En attendant les Etats Unis d’Afrique, osons les Etats Mutualistes d’Afrique et mutualisons nos Armées et nos Agricultures et tout le reste (Industrialisation, Commerce, Arts et Culture) suivra naturellement.
Retrouvez tous les 15 jours sur SenePlus, la chronique du Think Thank, Africa WorldWide Group.