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Senghor Aujourd’hui : Actualites De La Negritude

Le ministre de la culture et de la communication, a bien voulu nous inviter à rejoindre la délégation de notre pays, invité d’honneur du trente – deuxième Salon international du Livre d’Alger (SILA). Ce que nous avons accepté avec enthousiasme pour lui exprimer, ici, toute notre gratitude. Dès lors, il nous revenait de développer le sujet « Senghor aujourd’hui : actualités de la négritude. » En terminant à Alger – même, la rédaction de  notre intervention, nous nous sommes demandé si nos propos destinés au public algérois, en guise de réponse à l’appel fraternel des autorités algériennes de la culture, ne méritaient pas d’être partagés avec le public sénégalais. Tellement l’image imposante du poète – Président rejaillit à la faveur d’une conjonction – il parlerait de symbiose – d’évènements marquants : Le SILA à Alger, la célébration des soixante – dix ans de Présence Africaine à Paris, les distinctions à Cannes et à Carthage, mettant le cinéma sénégalais à l’honneur, le retour salué du Salon national des arts visuels et les mesures prises par le Président de la République au Conseil des ministres du 30 octobre dernier.

L’image d’une véritable rentrée culturelle !

En effet, lorsqu’en ce mois de novembre, nous entreprenons d’examiner l’actualité plurielle de la Négritude concept porté en bandoulière sa vie durant, par le poète – Président Léopold Sédar Senghor, nous ne pouvons manquer de mesurer la pertinence de la démarche. Nous ne pouvons pas non plus manquer de recourir aux sources, pour nous assurer de la bonne lecture et du bon usage de l’héritage culturel à nous légué. Aujourd’hui, quelle peuvent être les balises d’une recherche – action sur l’Afrique et pour l’Afrique, en vue d’une réappropriation de notre conscience historique collective ?

Le savant Cheikh Anta Diop nous avait indiqué la clef suivante de notre épanouissement : « L’idéal aujourd’hui, pour l’Afrique doit être, tout compte  fait, la recherche du bonheur : la liberté, la démocratie, le panafricanisme, l’esprit de culture, l’esprit de développement ; toutes nos tâches théoriques et pratiques, doivent ouvrir justement le continent africain à un espace social, économique, scientifique et culturel nouveau.» C’est Théophile Obenga qui nous rappelait cette interpellation, en conférence à Dakar, à faveur de la Biennale des Lettres de 1990.

Voilà pourquoi, suivant l’exemple des Anciens, nous nous proposons d’abord de sacrifier à la tradition du « recours aux sources ». Par exemple pourquoi Senghor l’Ancien était – il si attaché à l’esthétique négro – africaine, jusqu’à faire construire sa résidence privée de Dakar suivant sa théorie du parallélisme asymétrique, principe formel caractéristique de l’architecture soudano – sahélienne ? En effet, les préoccupations de beauté dans les démarches de création artistique et littéraire, ont toujours accompagné Senghor, dans sa croisade pour la défense et l’illustration des valeurs de civilisation négro – africaines. Nous évoquerons alors des créations majeures, dont la lecture pourrait  nous éclairer davantage sur nos efforts de prise en compte des valeurs de civilisation, face aux besoins d’expression et d’épanouissement des générations contemporaines. Pour terminer, nous nous interrogerons sur la gestion contextualisée de notre part de créativité et de notre leadership, dans un monde globalisé, qui préfère les acteurs aux spectateurs, comme dans la scène théâtrale à l’africaine où, derrière chaque spectateur se profile un acteur.

Senghor et le Mouvement de la Négritude.

Poète, Léopold Sédar Senghor est l’un des fondateurs du Mouvement de la Négritude avec Léon Gontran Damas et Aimée Césaire, ce dernier étant l’inventeur du mot. Ensemble, ils militaient pour la prise en compte des arguments culturels à côté de ceux politiques et militaires, dans la lutte des peuples pour leur émancipation. Certes, ils n’ignoraient rien des combats menés par leurs devanciers Africains Américains, autant pour l’abolition de l’esclavage, le rétablissement et la sauvegarde des droits civiques, que la décolonisation, dans les contextes américains et britanniques. Mais l’environnement historique étant différent, les militants du Mouvement de la Négritude, ont préféré se regrouper autour d’Alioune Diop fondateur à Paris de la Revue puis de la Maison d’édition Présence Africaine. Ils entreprennent à leur tour, d’organiser le premier Congrès des écrivains et artistes noirs à la Sorbonne en 1956, puis le second en 1959 à Rome. Selon eux, vouloir négocier l’indépendance des colonies, exigeait aussi de démontrer et d’illustrer les capacités des peuples négro – africains à inventer et à développer des savoirs élevés dans tous les domaines de la vie humaine, pour ne mériter ni l’esclavage ni la colonisation. Mieux, selon l’exemple même de Senghor, il fallait surtout entreprendre des recherches approfondies sur l’histoire et la vie des populations, afin de mettre en exergue les lois de la culture négro – africaine,  c’est – à – dire l’esprit de sa civilisation. Il fallait aussi, vivre et assumer ces valeurs de civilisation, pour mieux les défendre. C’est tout le sens de l’intervention du poète Senghor au Deuxième Congrès des écrivains et artistes noirs organisé à Rome. Intitulée  « L’esprit de la civilisation ou les lois de la culture négro – africaine », cette intervention avait convaincu plus d’un participant pour susciter à la fin des travaux, une demande spécifique de la part de la commission artistique de ladite rencontre : organiser un festival mondial des arts nègres qui porterait à la face du monde, la démonstration de la créativité du peuple négro – africain, afin d’enrichir et de conforter le plaidoyer en faveur de la décolonisation.

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En avril 1966, le Premier Festival mondial des arts nègres organisé à Dakar, a connu un succès retentissant à travers le monde. Trente – sept (37) pays y ont participé. Quatre cent vingt – cinq (425) journalistes en provenance de  quarante (40) pays  ont été accrédités et deux mille deux cent vingt – six (2226) personnes ont été prises en charge. Partout, les communautés noires ont trouvé les raisons d’un regain de confiance, voire d’une fierté attendue depuis longtemps pour certaines minorités. Sans doute, y était pour beaucoup la mobilisation exceptionnelle de célébrités appartenant à la créativité du monde noir, conformément à la demande du Congrès de Rome. Mais à côté des expositions et des spectacles, les intellectuels ont échangé de grandes idées à l’occasion du Colloque du Festival, autour du thème « Fonction  et signification de l’art négro-africain dans la vie du peuple et pour le peuple.»

Des spécialistes de toutes origines y ont pris part et activement. Finalement, le poète – Président releva le défi de l’organisation et de la participation, appuyé par la jeune administration sénégalaise et la Société Africaine de Culture, alors dirigée par Alioune Diop de Présence Africaine. La suite logique du Festival devait être marquée dans chaque pays africain, par l’appropriation nationale d’une manifestation d’envergure mondiale. En effet, le colloque a formulé des recommandations fortes adressées aux chefs d’Etats africains garants des valeurs culturelles des peuples ; aux chefs spirituels détenteurs des repères de l’art nègres, aux familles africaines dépositaires légitimes de l’héritage des traditions culturelles de l’Afrique et à la jeunesse porteuse du message d’espoir déposé entre ses mains. André Malraux, alors ministre français de la culture, n’a pas manqué de relever la portée historique de l’évènement : « Nous voici donc dans l’Histoire. Pour la première fois, un chef d’Etat prend entre ses mains périssables le destin spirituel d’un continent. Jamais il n’était arrivé, ni en Europe, ni en Asie, ni en Amérique, qu’un chef d’Etat dise de l’avenir de l’esprit : nous allons ensemble, tenter de le fixer »

Au Sénégal, l’appropriation recommandée allait passer d’abord par la création d’une institution appelée à veiller au niveau national sur la prise en charge, dans le Plan de Développement Economique et Social, des objectifs de défense et d’illustration des valeurs de civilisation négro – africaines. Compte parmi lesdites valeurs, l’esthétique si originale portée par les Arts et des Lettres, les patrimoines culturels matériels et immatériels, les sciences et les technologies. Pour Léopold Sédar Senghor, ce sera sous la forme d’un ministère de la culture chargé d’impulser et de déployer la créativité nationale dans son ensemble, à positionner au « Rendez – vous du Donner et du Recevoir». Il s’agissait d’un « ministère – miroir » porteur de la transversalité de la culture.

Dès lors, le poète – Président va s’intéresser aux arts de toutes les expressions. Sans doute, trouvait – il dans la proximité physique ou imaginaire des œuvres de l’esprit, et partant dans le respect voué aux artistes de tous horizons, les sources d’une cohérence identitaire apte à lui restituer les repères fondamentaux de son action quotidienne.  Ceux qui ont eu le privilège de sa proximité ont admiré sa propension à enseigner par l’exemple, les vertus cardinales dont il était pétri.  Sa ponctualité était légendaire; Par attachement au travail bien fait, il avait créé à la Présidence de la République le « Bureau Organisation et Méthode ». C’était simplement l’attitude d’un homme de culture véritable à qui sa sensibilité de poète offrait l’avantage de savoir se laisser agir par les forces vitales. Celles – là même qui faisaient de chaque œuvre de création artistique ou littéraire, un relais d’essentialisation des « idées – sentiments », au sein du processus ontologique unissant « Dieu au grain de sable ». Et Senghor de chercher d’abord les illustrations de cette vision du monde dans les valeurs négro – africaines qu’il allait implanter au centre d’une trilogie : Eriger la création culturelle d’abord en argumentaire contre l’aliénation, puis en outil de gestion politique libératoire d’une nation en devenir et enfin en épicentre du dialogue des civilisations. 

1971. Le colloque de Dakar sur la Négritude.

Puisque l’idéologie de la Négritude se voulait une voie pacifique dans la lutte pour l’émancipation, Senghor et son parti, l’Union progressiste sénégalaise (UPS), y trouvaient matière à expérimentation, dans la gestion de l’Etat. Certes, les initiatives artistiques et diplomatiques se multipliaient. Mais la double identité culturelle et politique du discours officiel méritait une actualisation susceptible de faciliter la transposition et la déclinaison de la Négritude dans l’action de tous les jours. D’où le  colloque sur la Négritude organisé par l’UPS à Dakar en avril 1971. Des spécialistes y participeront à côté d’experts et de hauts responsables nationaux, en présence de Léon Gontran Damas. Différents thèmes seront développés : Problématique de la Négritude, par Léopold Sédar Senghor, Président de la république ; Les précurseurs négro – américains (Etats – Unis et Antilles) de la Négritude, par Merceur Cook, Professeur à l’Université d’Howard de Washington ; Négritude et Civilisation gréco – latine, par le Révérend Père Engelbert Mveng, Professeur à l’Université fédérale du Cameroun ; Négritude et African Personality, par Abiola Irélé, Professeur à l’Université d’Ife au Nigéria ; Négritude et Développement, par Abdou Diouf, Premier Ministre ; Négritude et Education, par Assane Seck, Ministre de l’Education nationale ; Négritude et Politique, par Alioune Sène, Ministre de la Culture ; Etc.

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Selon Senghor, les arts offrent des sources d’inspiration et des illustrations de la Négritude. 

Depuis son royaume d’enfance, le poète avait repéré l’énergie, la foi, l’orgueil voire l’amour, que pouvaient exalter les créations artistiques assorties des  techniques artisanales : le chant gymnique chez le lutteur ; le rythme sonore chez le danseur et les vibrations corporelles chez le musicien instrumentiste ; la verve du griot généalogiste auprès du chef ou du guerrier ; la mélopée du paysan, de l’éleveur ou de l’artisan sur l’accomplissement de leur travail. N’oublions pas que la tradition orale veille sur le lien établi par le mythe fondateur, entre la force vitale primordiale et la création des formes. Dès lors, s’éclaire toute la place que « l’ex – pression de la force vitale » prend dans le sentiment de libération de l’individu et surtout dans les instants d’épanouissement de la collectivité. Mieux, cette cosmogonie garante de la force vitale, fait que les activités génériques de l’Homme ne peuvent être dissociées. Pratiques et pratiquants se trouvent engagés dans une interdisciplinarité qui garantit la fonctionnalité de leur rôle dans la cohésion sociale. De la parole sacralisée, le Verbe devient poésie, puis chant donc musique génératrice de danse elle – même sculpture dynamique.

La sculpture, par le rythme de ses pleins et de ses vides, se pose en séquence chorégraphique. La danse, par le conte ou la fable, introduit le jeu théâtral ; Lorsqu’elle est de réjouissance, la lumière se pare de couleurs essentielles, à travers enduits, onguents, parures et vêtures. Senghor précise : « La littérature et l’art ne se séparent donc pas des activités génériques de l’homme, singulièrement des techniques artisanales. Ils en sont l’expression la plus efficace. Que l’on se rappelle, dans L’Enfant noir, le père de Laye forgeant un bijou d’or.

La prière, plutôt le poème qu’il récite, l’éloge que chante le griot tandis qu’il travaille l’or, la danse du forgeron à la fin de l’opération, c’est tout cela – poème, chant, danse – qui, au – delà des gestes de l’artisan, accomplit l’œuvre et en fait un chef – d’œuvre. »

En fait, l’artiste négro – africain sait bien jouer son rôle de guetteur d’émotion. Senghor le reconnaît et le revendique : « Chaque peuple réunit, en son visage, les divers traits de la condition humaine. Mais j’affirme que ces traits, on ne les trouve nulle part réunis dans cet équilibre et sous cet éclairage, nulle part le rythme n’a régné aussi despotiquement. La nature a bien fait les choses, qui a voulu que chaque peuple, chaque race, chaque continent cultivât, avec une dilection particulière, certaines vertus de l’homme ; en quoi réside précisément son originalité. »

Ainsi, dans une démarche de «recours aux sources», Senghor a décrypté les fondements des pratiques artistiques et artisanales, autant que de leurs articulations. De même, il en a énoncé les caractéristiques formelles essentielles que sont l’image, le rythme, dont le parallélisme asymétrique est une singularité négro – africaine. C’est le cas aussi de la palette négro – africaine pour la couleur. L’image n’est pas une image équation, mais plutôt une image analogique, symbolique. L’objet nommé ne signifie pas ce qu’il représente, mais ce qu’il suggère, ce qu’il crée. « Les mots sont enceintes d’images ». Transposée dans le visuel, la représentation est affranchie de la description de la nature. Elle est plutôt celle qui libère le regard et l’imagination de l’Autre, dans un contexte initiatique où les lectures sont forcément étagées. 

 Ainsi, sculpteurs, peintres, artisans et architectes accèdent à la surréalité voire à la sous – réalité des éléments représentés. Et la division de l’espace visuel, avec le dévoilement de sa géométrie cachée, conduit aisément à l’abstraction, c’est – à – dire quand la forme et la couleur sont présentes pour elles – mêmes. Par exemple, deux simples ouvertures sur un morceau de bois, qu’elles soient circulaires sur un masque Dan, rectangulaires sur un Dogon, voire en amande sur un Fang ou un Batéké, signifient et expriment selon les circonstances costumées, le regard qui salue avec déférence, celui qui annonce la bonne nouvelle, celui qui prévient et rappelle à l’ordre ou bien celui qui rassure et qui console. Le rythme est une formule dynamique de répétition, dont la force est capable de conduire le danseur et le musicien au paroxysme de la transe. C’est parce que pour Senghor « le rythme est l’architecture de l’être, le dynamisme interne qui lui donne forme, le système d’ondes qu’il émet à l’adresse des Autres… C’est le verbe de Dieu, c’est – à – dire la parole rythmée qui créa le monde ».

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Le parallélisme asymétrique  est une configuration particulière du rythme. Senghor de le définit : « une image ou un ensemble d’images analogiques mélodieuses et rythmées par une répétition qui ne se répète pas. »

La palette négro – africaine quant à elle, renvoie à la gamme des ocres rouges et jaunes, complétée par le Blanc nacré et le Noir de carbone ; ce dernier se transmuant parfois en Bleu indigo concentré. En réalité, au – delà de leur appartenance à l’environnement minéral et végétal du Négro – africain, Senghor a perçu, la puissance d’intégration de ces couleurs de base. En effet, lorsqu’elles sont posées l’une en présence des autres, surtout assorties des deux couleurs neutres que sont le Blanc et le Noir, elles restituent en une harmonie particulière, les trois couleurs fondamentales de la gamme chromatique telle qu’elle est révélée par la diffraction de la lumière. Ce sera là notre contribution à la civilisation de l’Universel.

Senghor confirme : « L’esprit de la civilisation négro – africaine anime, consciemment ou non, les meilleurs des artistes et des écrivains nègres d’aujourd’hui, qu’ils soient d’Afrique ou d’Amérique. Dans la mesure où ils en ont conscience et s’inspirent de la culture négro – africaine, ils se haussent au rang international ; dans la mesure où ils tournent le dos à l’Afrique – mère, ils dégénèrent et s’affadissent… Cela ne veut pas dire que les artistes et écrivains nègres d’aujourd’hui doivent tourner le dos au réel et refuser de traduire la réalité sociale de leur milieu : de leur race, de leur nation, de leur classe ; tout au contraire. Nous avons vu que l’esprit de la civilisation s’incarnait dans la réalité la plus quotidienne. Mais toujours, il la transcende pour exprimer le sens du monde. »

En outre, la conviction de Senghor par rapport à l’originalité de l’expression cultuelle négro – africaine recevait un argument de taille avec la révolution cubiste du début du 20ème Siècle. En effet, en 1906, Pablo Picasso provoque la rupture avec tout l’héritage de la Renaissance, pour aboutir au Cubisme. Ayant découvert les principes de la représentation portés par les masques nègres trouvés dans les cabinets de curiosité parisiens, il opéra des changements en pleine réalisation de la toile Les Demoiselles d’Avignon, pour jeter les bases d’une démarche artistique novatrice, fruit de ses propres audaces. Il marquera tout l’art moderne du 20ème Siècle.

En effet, avec le Cubisme, la forme est libérée des canons classiques et selon la grande leçon des masques : l’expression de l’émotion par le rythme, est bien dissociable des apparences naturelles. De même, la couleur est libérée du dessin, sans rien renier des réalités de la forme. C’est sans doute là que se fonde le véritable intérêt que le Poète – Président portait aux artistes modernes du début du 20ème Siècle. Il fera exposer leurs œuvres à Dakar. De Pablo Picasso à Pierre Soulage ; d’Alfred Manessier, à Maria Elena Vieira Da Silva ; De Friedrich Hundertwasser à André Masson et à Marc Chagall. Après avoir fait exposer « Dix Ans d’art au Sénégal » en  1970 à Stockholm, Senghor prend le prétexte de l’exposition de Picasso de 1972 à Dakar, assortie d’un colloque « Art nègre et civilisation de l’Universel », pour expliciter son intérêt. « Mais pourquoi Picasso ?

Essentiellement parce que pour la jeune Ecole de Dakar, Pablo Picasso est un modèle exemplaire. Toujours enraciné dans son ethnie – je ne parle pas de « race » – il en a assumé, avec la condition humaine, tout l’héritage culturel : méditerranéen, espagnol, mais d’abord andalou. Il y a, surtout, qu’ainsi enraciné malgré l’éloignement de la terre natale, métissé profondément comme tous les méditerranéens, il a fait, de toutes ses richesses complémentaires, une puissance, rarement égalée, de Création. Et l’on sait que les valeurs de la Négritude, comme il me l’a dit, jadis, n’y furent pas étrangères ». 

A SUIVRE…

Lettre d’Alger, novembre 2019

Alioune BADIANE,

Vice – président de l’Université du Troisième Age du Sénégal (UNITRA.S)







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