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Ces Serviteurs Volontaires Qui Expulsent Les Enfants D’afrique…

Ravages du syndrome de Stockholm ! En Côte d’Ivoire comme au Cameroun, bref dans une grande partie de l’Afrique dite francophone – dans ce continent qui a l’art de s’agripper aux langues des autres -, ceux qui ont regardé les premiers téléfilms brésiliens, déferlante des années 90, connaissent l’histoire du Capitaine Domato.

Qui donc ? Un grand Noir, fort comme dix buffles, qui fonçait sur ses frères et sœurs avec une rage folle, surtout quand ils réussissaient à s’enfuir des enclos sordides des plantations d’esclaves. Une force de la nature, investie d’un rab de pouvoir, comme on donne un quartier de kola à un serviteur dévot, qui se plaisait à ramener en cage les plus récalcitrants. Les plus nobles et dignes, aspirants à une vie souveraine et libre.

Contremaître, choisi pour sa dévotion au maître de la Fazenda, l’exploitation, broyeuse de Negres, il lâchait les chiens les plus féroces pour manger, même cru, ceux qui traînaient avec l’énergie du désespoir, leurs jambes balafrées par les ronces des maquis, vers les Quilombos : ces enclaves libres où les Marrons jouissaient d’une indépendance fragile, sans cesse menacée par les attaques récurrentes de hordes financées par le cartel des Négriers. Une indépendance précaire, certes, mais qu’ils préféraient, comme Makandal en Ayiti ou à San Basilio, Salvador de Bahia aux chaînes de la servitude.

Le capitaine Domato, grisé par son zèle comme la poudre étourdit l’esprit, lançait ses filets sans attendre les ordres. Il suffisait juste que le maître fronce les sourcils, fige un rictus : pour le Capitaine Domato, il fallait absolument le dérider. Il suffisait que la « Dame » hausse le ton : le Capitaine Domato amplifiait le volume. 

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Il lui fallait, alors, sans cesse, sans que le maître le lui demande, du menu même fretin. Il lui fallait du poisson, qu’il voulait le plus boucané possible, sur la table de la « Dame » du maître, même quand celle-ci le repoussait avec l’arrogance des nababs. Les fakirs pouvaient lui envier sa dévotion. Les bonzes, les talibés ou les moines auraient pu jalouser ses génuflexions. Son échine était un roseau, tant il pouvait se plier comme la corde – le fouet serti d’épines – avec laquelle il lacérait les dos de ses frères. 

Le Capitaine Domato, parfois était invité à la table du maître, se contentant même du tabouret. Il avait droit à la croûte de fromage et beaucoup beaucoup de liqueur. Peu importait le flacon, il voulait juste l’ivresse d’être au milieu de ceux qui comptent. Il était alors le pitre de service. On louait, en riant de bon cœur, la puissance de ses muscles saillants et ses anecdotes à l’accent que la « Dame » trouvait carabiné, sur « la bêtise, le peu de civilisation et l’ingratitude » de ces Negres, que le maitre et des rabatteurs avaient pourtant fait sortir des obscures forêts et Bush d’Afrique…

Nathalie YAMB, tu connais ces histoires des horreurs de notre servitude volontaire. Tu sais, comme nous, que des Capitaines Domato sont légion sur les terres de Um Nyobe, des résistantes de Grand-Bassam, de Cheikh Anta Diop, des guerriers du Kanem, des farouches Gbaya de la résistance du Kongo-Wara…

Mais, tu n’es pas une de ces chèvres qui partagent la salade aux lardons dans la cage du lion. Un jour, avec des Nani de notre temps, en restant lucides, soudés et déterminés, les Quilombo auront envahi les prairies de tous les « Capitaine Domato d’Afrique » !

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