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Macron Nourrit Le Sentiment Anti-franÇais

C’est un pavé dans la mare qu’a jeté Emmanuel Macron à l’issue du sommet de l’Otan. Mercredi, il a ainsi exigé des dirigeants des pays du Sahel qu’ils «clarifient»leurs positions sur la présence des forces militaires françaises chez eux, dénonçant «l’ambiguïté» de «mouvements anti-Français, parfois portés par des responsables politiques».

Le président français est bien informé : il souffle un vent mauvais sur le Sahel. On manifeste contre la présence française à Bamako, Niamey ou Ouagadougou. Les réseaux sociaux bruissent chaque jour de théories complotistes dans les pays où l’opération Barkhane est impliquée. Voici déjà cinq ans qu’elle s’est déployée, succédant à l’opération Serval, pour combattre les forces jihadistes qui déstabilisent la région. Or loin d’être éradiqué, le mal s’étend.

Le nord du Mali, que l’opération Serval avait prétendu libérer en 2013, n’est toujours pas pacifié. Bien plus, le centre du pays est désormais une zone grise. Et la contagion a gagné le Niger, et depuis peu le Burkina Faso. Le professionnalisme des soldats français n’est pas en cause : gérer la sécurité d’un territoire de 5 millions de kilomètres carrés n’a rien d’évident. Mais la réponse militaire a montré ses limites. Et dans cette partie du monde, la France ne peut s’absoudre des rancœurs accumulées. Non plus tant celles de la colonisation, même si tous les comptes ne sont pas soldés, mais celles liées aux compromissions constantes avec des régimes autoritaires ou impopulaires.

Or par un effet de boomerang ironique, ce sont effectivement ces mêmes dirigeants qui désormais soufflent parfois sur les braises de discours hostiles à la France. Un populisme très rentable qui permet de détourner le désespoir des populations vers une cible bien commode. Mais en donnant l’impression de convoquer, et non d’inviter, à Pau le 16 décembre les présidents concernés pour «clarifier» la situation, Emmanuel Macron tombe lui-même dans la caricature d’un rapport de domination imposé. Du Sahel à l’Afrique centrale, les internautes africains ne s’y sont pas trompés, fustigeant cette attitude jugée «arrogante». Il faudra plus d’une «clarification» pour corriger les effets de cette maladresse.

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