Alors que la lutte contre le changement climatique est devenue un enjeu de premier plan à travers le monde, la question de l’accès à l’eau et à l’assainissement pour tous, pourtant essentielle chaque jour, reste largement oubliée par les médias et les décideurs internationaux. Actrice majeure du combat pour l’accès universel à l’eau potable, l’Association pour la défense des droits à l’eau et à l’assainissement (Addea) rappelle l’urgence d’agir.
L’eau en crise(s) ? Plus qu’un état des lieux, un état d’urgence !
Depuis plusieurs années, la lutte contre le changement climatique s’organise, que ce soit au niveau des décideurs internationaux, avec la tenue annuelle de la Cop, ou jusque dans les rues, avec l’émergence de manifestations citoyennes. Un des enjeux intimement liés au changement climatique reste pourtant sous-traité sur la scène médiatique et politique internationale : celui de l’accès universel et équitable à l’eau et à l’assainissement à travers le monde, y compris dans les situations de crise (Objectif 6 des Objectifs de développement durable 2030).
Aujourd’hui, 2,2 milliards d’êtres humains n’ont toujours pas un accès domestique sûr à l’eau potable, et 4,2 milliards ne disposent pas de services d’assainissement gérés en toute sécurité. 2,6 millions de personnes, principalement des enfants, meurent encore chaque année de maladies liées à l’eau insalubre.
A l’occasion de la Journée mondiale de l’eau du 22 mars 2020, mais aussi dans la perspective du Forum alternatif mondial de l’eau (Fame) à Dakar en 2021, l’Association pour la défense des droits à l’eau et à l’assainissement lance l’alerte pour une prise en charge totale dans les secteurs de l’eau, de l’hygiène et de l’assainissement.
L’eau en crise(s) ?
Source de vie, l’eau est partout menacée par les effets du changement climatique (sécheresses et inondations dévastatrices pour les services d’accès à l’eau) et par la pollution (80% des eaux usées dans le monde sont rejetés sans aucun traitement). La raréfaction de la ressource aggrave les conflits et amplifie les déplacements de populations. Augmentation du nombre de déplacés, ravages du choléra, impacts du changement climatique sur les moyens d’existence des populations vivant dans les pays du Sahel ou encore montée en flèche du stress hydrique : Addea invite experts, acteurs de l’humanitaire et du développement, organisations nationales et internationales à dresser plus qu’un état des lieux, un état d’urgence.
Alain Boinet, fondateur de Solidarités international :
«Certes les chiffres montrent qu’il y a eu des progrès, mais ceux-ci sont très insuffisants et les inégalités se creusent. Nous savons que la trajectoire actuelle ne permettra pas de réaliser les 17 Objectifs du développement durable (Odd), notamment dans le domaine de l’accès à l’eau et particulièrement en Afrique, où la population va doubler d’ici 30 ans.»
C’est pourquoi le Forum alternatif mondial de l’eau «Dakar 2021», le premier en Afrique subsaharienne, se doit d’être un de rupture : il doit être représentatif des populations les plus vulnérables d’Afrique subsaharienne et mobiliser les acteurs de terrains, humanitaires et développeurs, opérateurs publics, les syndicats, les paysans, les femmes et les jeunes engagés dans la réponse à l’urgence de l’eau et de l’assainissement. Ce Forum doit apporter des réponses concrètes et générer une déclaration politique d’urgence engageant les Etats et les Nations unies à réaliser les Odd 2030.
Il ne reste que 10 ans pour réaliser un accès universel à l’eau potable pourtant considéré comme un droit de l’Homme par les Nations unies depuis juillet 2010.
Le monde a soif, il n’est plus temps d’attendre et personne ne doit être abandonné.
La Journée mondiale de l’eau du 22 mars 2020 ne doit pas non plus être oubliée, malgré la crise sanitaire qui secoue le monde.
Serigne SARR
Président Addea
Tel. +221 775158293
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