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Covid-19: Les Tas D’urgence (par Pathé Mbodj)

Parti  de l’urgence sociale locale, la débrouille au quotidien, Macky Sall du Sénégal a évité le piège du confinement total que même la France et les  États-Unis veulent vaincre. Pour cette fin de semaine cruciale du 27 au 30, il faudra vaincre les ides de Mars en confinant totalement les Sénégalais.

Avec près de 80 cas dont 8 guéris et environ 2.000 suivis, le Sénégal est placé sous état d’urgence depuis le 24 mars. Au même moment et à quelques encablures de là, le président Alassane Dramane Ouattara de la Côte d’Ivoire se lançait dans le même exercice, comme sous une dictée commune à un continent frappé par la crise du coronavirus et qui adopte un mimétisme occidental.  Le Sénégal débourse plus de mille milliards de francs Cfa en la circonstance, ajoutant aux interrogations sur l’énormité du canon employé pour tuer une mouche.

Certes, depuis le 2 mars,  près de cent cas ont été signalés et le nombre de personnes atteintes par la pandémie a doublé en moins d’une semaine (de 31 à 67, du 17 au 22 mars). Le Sénégal s’honore quand même de la performance de ses médecins avec zéro décès à date. Mais avec désormais plus de cas de contaminations communautaires que de cas importés, le Sénégal devrait connaître sous peu le pic de la pandémie quand les cas suivis se révèleront positifs ou pas.

Comme le Français Emmanuel Macron le 16 mars, Macky Sall a évité le mot confinement tout en l’appliquant dans la restructuration de l’espace interurbain sénégalais et le temps, le couvre feu et les restrictions  dans la circulation. Il faut cependant se féliciter du sens de la responsabilité de l’État sénégalais qui a évité de stigmatiser une région en particulier : tout le monde sait que Touba est le foyer de la pandémie et renferme conséquemment près de 50% des malades. Sauf que la situation empire au jour le jour ; ainsi, le  24 mars dernier par exemple,  sur 59 tests effectués, 7 nouveaux cas se sont ajoutés aux positifs,  dont seulement 3 cas importés et 4 cas contacts.

Le confinement élargi des populations sénégalaises a également permis d’éviter le piège dans lequel l’Europe et l’Amérique sont tombées en interrompant la chaine de production limitée à une production sans transport, transformation et consommation ; à l’heure de la fermeture des frontières, pêcheurs, paysans, agriculteurs en particulier étalent leur mal vivre que les mesures d’accompagnement ne peuvent compenser ; même l’illuminé d’Outre-Atlantique parle désormais de l’importance de « réouvrir le pays » : « C’est un problème médical, on ne doit pas le laisser devenir un problème économique ». Bruno Le Maire en France a dit la même chose aux travailleurs invités à se retrouver sur le lieu de travail, cependant que l’on réinterprète le Code du travail sur la durée hebdomadaire et le nombre de jours ouvrables pour compenser.

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Car les tas d’urgence vont au-delà du Covid-19, Coronavirus ou néo-Coronavirus ; le plus important est de nourrir la vie, ce que l’Occident refusait jusqu’ici à l’autre moitié du mondeL’après-Covid-19 devrait se préparer au Sénégal par une mesure drastique : le pic de la pandémie pourrait être atteint pendant cette fin de semaine du 27 au 30 mars, aujourd’hui que les contaminations communautaires prennent le pas sur les cas importés, trois semaines après la fermeture des frontières. Ainsi, au 25 mars, sur 142 tests effectués, 13 sont revenus positifs dont seulement 5 cas importés et 8 cas suivis (cas communautaires).

Les demi-mesures édictées ce 24 mars avec l’entrée en vigueur de l’état d’urgence ne doivent pas l’emporter sur le devoir de conserver les Sénégalais en vie : un confinement total, le temps du week-end, semble opportun aujourd’hui pour éviter que les Ides de mars soient fatales, comme elles l’ont été pour César.

Pathé Mbodj

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