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Covid-19 ? Nous Vaincrons Par Une Révolution Sociale

Covid-19 ? Nous Vaincrons Par Une Révolution Sociale

Le monde ne sortira pas indemne de Covid-19. Nous devons nous y préparer.

Covid-19 est dangereux par son caractère mortel, mais il l’est plus par autre chose : sa capacité à désocialiser un Peuple. Il nous interdit de vivre comme on veut : c’est sa dictature dans un monde qui aspire à la liberté et à la démocratie universelle. Il est en train de nous diviser.

Tout est dit. A présent, c’est une révolution sociale qu’il nous faut pour vaincre ce virus. Pas seulement nous Africains, mais nous humains. C’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la lutte contre Covid-19 (coronavirus).

En effet, quand une maladie passe si rapidement d’épidémie à pandémie, de l’Asie à l’Europe, des pauvres aux riches, des riches aux pauvres, des jeunes aux vieux, des vieux aux jeunes, quand une pandémie de cette nature demande aux humains de rester chez eux, quand elle force un Peuple tactile comme le nôtre à ne plus se serrer les mains, à ne plus se faire la bise, à ne plus se câliner, à ne plus jouer au football, à ne plus aller à la mosquée, à ne plus aller à l’église, bref à ne plus faire ensemble les actes qui fondent une communauté, son danger n’est pas seulement à saisir dans ses nuisances macabres, mais aussi et surtout dans la déshumanisation de l’Etre.

Pire que les fléaux macabres causés par les hommes, Covid-19 s’attaque aux fondements sociaux de nos communautés. En observant ce qui se passe au Sénégal, en analysant froidement les réticences des uns et des autres, en écoutant les pseudo-arguments des «intellectuels» des média contre le confinement, en voyant les velléités grégaires d’opposition de certains groupes religieux, aux mesures étatiques contre les regroupements, il y a lieu de se demander si le mal n’est pas plus profond qu’on ne le pense.

Au moment où le monde occidental et urbain d’Afrique et d’Asie se bat depuis des années à resocialiser des hommes et femmes isolées par les réseaux sociaux et les nouveaux outils intelligents de communication, Covid-19 arrive et met un terme à la vie publique, ferme les lieux de vie et isole les plus vulnérables. C’est en cela qu’il est plus dangereux que toutes les autres pandémies passées. Cette maladie peut tuer l’humain en chaque homme et femme si l’on y prend garde. Elle n’est pas seulement dangereuse parce que sans traitement, elle est aussi dangereuse parce tuant notre tissu social. C’est pour cela que nous devons prendre garde aux armes que nous opposons à son invasion mondiale.

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Le coronavirus a déclenché une Troisième guerre mondiale, mais offre au monde l’opportunité de vaincre un ennemi commun alors que traditionnellement nous nous battions les uns contre les autres. Mais cela n’est que la surface des choses, car en réalité, en poussant les pays à fermer leurs frontières, en stoppant le flux de relations humaines au niveau national et international, Covid-19 risque de donner des arguments aux adeptes du tout nationaliste. C’est aussi là qu’il faut aller chercher ses forces pour en faire des faiblesses.

Nous devons opérer cette rupture psychologique nécessaire. Pourquoi ce comportement suicidaire des Sénégalais, Marocains, Guinéens, Gambiens, Ghanéens et autres Africains ? Pourquoi refusons-nous de respecter les gestes barrières qui sont les seules armes dont nous disposons en ce moment pour rester sainement en vie ?

Une rupture psychologique des guides religieux, qui doivent accepter d’être au premier rang social, mais au second rang des mots d’ordre, dans ce combat où le seul mot qu’ils ont à dire est : «La parole des spécialistes de santé avant tout.» Sont-ils prêts à jouer ce rôle de médiation sociale ? Ont-ils peur de perdre la face, eux qui sont toujours dans les cabinets médicaux comme nous ? Que risquent-ils de perdre dans la hauteur de leur piédestal ? Ont-ils peur de se déclarer incompétents face au Covid-19, eux qui prient pour enterrer les jours des malades qu’ils, malgré leurs prières souvent si efficaces pour nous, n’ont pas pu empêcher de trépasser ?

Le mal Covid-19 n’est pas que sanitaire, il est profondément révélateur de nos maux, sinon comment expliquer que des personnes inhumaines puissent fabriquer du faux gel hydro-alcoolique, augmenter le prix des denrées, s’échapper des centres de soins, forcer des frontières au risque de contaminer les leurs, oser affirmer toute honte bue qu’elles sont capables de soigner le Covid-19, affirmer que le coronavirus n’existe pas ?

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En réalité, ces comportements sont aussi révélateurs du niveau d’égoïsme de notre société malgré ses fards sociaux. Covid-19 n’a créé aucune antivaleur, il ne fait que montrer la face cachée de l’iceberg social de notre monde, de notre pays. Notre irresponsabilité, notre indiscipline publique seront les atouts que Covid-19 utilisera pour nous abattre si l’on y prend garde très tôt.

Le Sénégal n’est pas un pays hors de la terre. Malgré la grandeur des saints qui y ont vécu, ce pays n’est pas au-delà de la Mecque et de Rome et d’Israël dont les pays sont fortement attaqués. L’Afrique n’est habitée que par des humains qui meurent de choléra et d’Ebola, alors de grâce épargnons-nous les faux discours fanatiques qui évoquent des Saints certes valeureux et respectables, mais dont tous les jours les descendants meurent dans les hôpitaux.

Covid-19 aura certainement, au bout de notre combat contre lui, été vaincu, mais nous, dans quel état nous laissera-t-il ? Combien de temps allons-nous rester à fuir quand quelqu’un toussera, quand quelqu’un éternuera dans un lieu public, quand quelqu’un dira le pays où la ville d’où il vient ? Qui sait ?

J’espère tout simplement qu’à la fin du confinement, ici au Sénégal et partout ailleurs en Afrique singulièrement, on aura appris qu’on peut passer la journée à l’intérieur de sa maison sans être asocial, qu’on peut baptiser son enfant sans bloquer les rues, qu’on peut prier sans ameuter le monde, qu’on peut laisser les gens dormir en paix sans les tympaniser avec des haut-parleurs accrochés à leur fenêtre, qu’on peut travailler sans aller au bureau, que l’essence d’un Gamou ou d’un Magal n’est pas juste dans le déplacement, mais dans la dévotion, que les programmes des télévisions et radios ne peuvent pas se suffire de banalités, que les familles qui le peuvent sont capables de planifier leurs réserves vitales, qu’on doit être solidaire sans ostension avec les moins nantis, que la propreté n’est pas un luxe, qu’un plateau médical de haut niveau vaut mieux que des bâtiments de prestige, que l’autosuffisance alimentaire est la seule issue possible pour ne pas mourir de faim en cas d’isolement, que les charlatans sont à pouchasser et à éliminer, qu’on peut se passer de fanatismes inconsidérés, qu’il faut prendre des responsabilités individuelles quand l’enjeu le demande, qu’une union des forces religieuses dans une macrostructure permet de gagner du temps dans le prise de décisions étatiques, que le Peuple croit en ses saints et que ce pays ne peut se gérer selon les mécanismes d’une démocratie valable en Occident et que l’éducation de tout le Peuple est la seule solution pour avoir une citoyenneté active.

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Si, à la mort de Covid-19, nous comprenons tout cela, nous aurons fait la grande révolution sociale qui nous tend les bras depuis des années et que nous snobons depuis si longtemps. Nous aurons alors changé nos esprits : «Les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix», dit la charte fondatrice de l’Unesco. Mais «les préjugés prenant naissance dans l’esprit des hommes ignorants, c’est dans l’esprit des hommes ignorants que doivent être élevées les défenses contre Covid-19».

Dr Massamba GUEYE – Lba!

Chercheur-Traditionniste

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