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Distribution D’aide Alimentaire: Pourquoi Une Idée Aussi Triviale ? (ablaye Modou Ndiaye)

Distribution D’aide Alimentaire: Pourquoi Une Idée Aussi Triviale ? (ablaye Modou Ndiaye)

La nébuleuse affaire qui entoure la distribution d’aide alimentaire  au Senegal en ce temps de pandémie fait les choux gras de la presse depuis quelques jours. Mais la question qui enfume mon esprit et qui flingue la plèbe, est de savoir qui a pu émettre cette idée de distribution d’aide alimentaire ? Une idée aussi triviale  menée avec une totale incurie laisse paraître une certaine incongruité. J’ai de l’aversion en entendant le ministre du Développement communautaire, de l’équité sociale et territoriale, Mansour Faye, alambiquait sur le présumé scandale des marchés de l’aide alimentaire. Encore une fois pourquoi cette tordue idée de distribuer du riz, huile, entre autres. S’il s’agit d’aider ou d ‘assister  les populations necessiteuses pour leurs besoins de subsistance, d’autres moyens plus rationnels pouvaient être utilisés notamment à l’heure des Fintech. Les services de transfert d’argent auraient été un moyen rapide, subtile, économique pour permettre aux nécessiteux de pouvoir bénéficier de ces aides sans injecter autant d’argent dans le convoyage des aides alimentaires qui avoisinerait 6 milliards de F CFA selon une certaine presse. Pour d’autres comme les suppôts du pouvoir, les dépenses liées au transport seraient  estimées entre 1à 2 milliards de FCFA.

Quoi qu’il en soit, ce modèle promu par l’État pour apporter une assistance alimentaire à son peuple serait coûteux. Lançons- nous dans un petit exercice mathématique avec les minimas ou autres sommes basiques. Si l’on en croit le ministre du développement communautaire Mansour Faye, le transport réel pour convoyer l’aide alimentaire est de 2000 francs Cfa par famille pour  un million de ménages. Ce qui équivaudrait à 2 milliards ne serait-ce que pour le transport. Toutefois, il serait opportun de savoir si les autres frais liés à la manutention et aux paiements des chauffeurs qui achemineront les vivres y sont inclus. Si tel n’est pas le cas, le montant des 2 milliards serait largement dépassé. Parce qu’il faudrait payer les manœuvres entre 100 à 200 F CFA le sac pour le chargement des camions et le même prix pour  le déchargement et ceci pour 146.000 tonnes d’après les sources du ministère du développement communautaire. Faisons le calcul, la tonne donnerait 20 sacs de riz. Donc,les frais de manutention pour chaque tonne de riz coûteraient entre 2000 à 4000 F CFA. Pour les 146000 tonnes de riz, l’on aurait entre 292 millions à 484 millions de F CFA. A cela s’ajoute les paiements des chauffeurs qui ne seraient pas de la sinécure car il va falloir débourser des millions pour les honoraires de ces chauffeurs. Bref, les 3 milliards seront  largement révolus dans le convoyage des vivres pour venir en aide les populations les plus touchées par la pandémie du Covid-19. 

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 Voilà, autant d’argent injecté dans cette distribution alimentaire qui laisse pantois bon nombre de sénégalais, scandalisés par cette ineptie d’idée de distribuer des vivres aux nécessiteux alors que d’autres subterfuges plus pragmatiques, moins couteux, permettraient d’éviter toute incartade. Avec les Fintech, les autorités éprises d’une bonne gouvernance auraient pu distribuer avec parcimonie les 69 milliards de francs, tirés du Fonds de riposte et de solidarité contre les effets du coronavirus (Force Covid-19) au bénéfice d’un million de ménages issus des 555 communes sur les 557 que compte le pays. Pourquoi le gouvernement n’a pas utilisé  les services de transfert d’argent comme Orange money pour verser ces allocations aux personnes nécessiteuses? Cela pourrait non seulement rationaliser les dépenses mais aussi constituer un gain de temps car le délai de deux semaines donné par le chef de l’État pour acheminer les vivres est un timing difficile à respecter selon le ministre du developpement communautaire.

Il suffira juste d’utiliser les statistiques de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie ( ANSD) pour connaitre le nombre de ménages. La suite serait de collaborer avec la Sonatel pour effectuer des transferts d’argent via Orange money ou autres services. Ce qui nous éviterait tout ce charivari autour de cette nébuleuse affaire de distribution d’aide alimentaire et aurait pu permettre à l’État de ne pas être chargé comme un baudet.

 

Ablaye Modou Ndiaye

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