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Madiambal Diagne, Vous Avez Dit : Bataillons D’ignares ?

Il est illusoire et tendancieux de vouloir faire porter la responsabilité à nos compatriotes sur les difficultés d’application des mesures édictées par le gouvernement contre la Covid-19. Nos compatriotes ont accepté au-delà du possible de suivre les recommandations de nos professionnels de la santé. Vouloir aujourd’hui, après que le chef de clan Macky Sall ait reconnu publiquement son impuissance à faire face et à protéger nos concitoyens, nous dire que : “ Tout le monde peut convenir que les difficultés constatées au Sénégal dans la mise en œuvre des mesures prophylactiques et d’hygiène contre le Covid-19 sont dues à l’obscurantisme “ n’est pas juste et ne reflète en aucune manière la réalité. Nos compatriotes ont fait preuve de maturité et de responsabilité en se pliant aux différentes mesures barrières pour se protéger non seulement contre le Coronavirus, mais éviter également d’être des relais de contamination pour le reste de la population.

Bien avant que le nombre de morts liés au Covid-19 ne commençât à augmenter, un sondage réalisé il y a peu de temps (pour votre information, Madiambal Diagne, l’ancien journaliste Abdou Latif Coulibaly, porte-parole de Macky Sall s’est basé sur les résultats du sondage pour balayer d’un revers de main les analystes qui estiment que la communication du gouvernement n’a pas eu d’impact significatif sur les populations en terme de prévention et de lutte contre la Covid 19. Ce n’est pas également pour donner raison au ministre Abdou Latif Coulibaly dans sa tentative de défendre le régime, mais c’est le seul outil d’analyse à notre disposition à ce jour) en dépit même d’une certaine marge d’erreur d’appréciation a démontré que plus 80 % de l’échantillon pris dans une zone à risque et de contamination (l’axe Mbacké – Touba, ça vous dit quelque chose) reconnaissent la gravité du coronavirus voire connaissent les règles préventives et sont déterminés à se protéger. Certes, il est vrai que des illuminés ont nié et continuent de nier même la réalité de cette pandémie aussi bien chez nous au Sénégal et ailleurs dans le monde.

Toutefois, il est déplorable pour un journaliste de se baser sur ces cas minoritaires afin de pouvoir  jeter  l’anathème, et qui par ailleurs ne repose sur aucune étude sérieuse, sur nos concitoyens qui sont  préoccupés par des soucis de survie tout simplement, si ce ne sont que des élucubrations d’un mercenaire qui refuse de pointer la responsabilité de Macky Sall et de son régime sur leurs tergiversations qui ne font que brouiller les pistes et désarmer la vigilance de nos concitoyens. Et si, cet obscurantisme est d’un autre ordre, il suffit juste d’avoir le courage et l’honnêteté intellectuelle de le décrire avec précision au lieu de le généraliser à l’ensemble de la population.

Nous savons tous, Madiambal Diagne que Macky Sall n’a pas joué franc jeu avec nos compatriotes contre la pandémie de la Covid-19. N’est-ce pas lui, qui a déclaré la guerre et réclamé les pleins pouvoirs pour combattre cet ennemi invisible ? Aujourd’hui, au cœur de la lutte contre la Covid-19, nous devons lui demander – au moment même où il reconnaît son incapacité en tant que chef de guerre à monter au front et préfère de loin filer la patate chaude aux soldats en leur disant droit dans les yeux : démerdez-vous et prenez vos responsabilités, je ne puis rien faire maintenant pour vous autres – des résultats en raison même des moyens colossaux mis à sa disposition.

Et ce n’est pas tout Madiambal Diagne. Si, les résultats obtenus à ce jour ne coïncident pas avec les attentes de Macky Sall dans la lutte contre la pandémie de la Covid-19, pourquoi dans son discours du 11 Mai 2020, il n’a évoqué nulle part l’avis du comité scientifique sur ses mesures d’allègement ? Partout dans le monde, aucun président n’a procédé à un pilotage aveugle comme c’est le cas de Macky Sall sans se référer aux recommandations des professionnels de la santé. Ces mesures d’allègement de Macky Sall semblent traduire un désaveu manifeste aux hommes et aux femmes qui sont au cœur de la lutte et qui ne cessent de demander aux autorités de ne pas desserrer l’étau aussi rapidement non seulement pour endiguer le fléau, mais également pour protéger des vies humaines. Aujourd’hui, le professeur Seydi et les autres doivent se sentir abandonnés par le pouvoir de Macky Sall qui a hâte de trouver son objet de prédilection : la politique politique au moment où l’autorité publique s’affaisse et se perde dans ces périodes d’incertitude et de d’insécurité sanitaire.

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Au plus, Madiambal Diagne, les autres pays de l’espace UEMOA, combattent la Covid -9 sans tambour ni trompette. Ils font leurs devoirs envers leurs concitoyens et c’est tout. C’est seulement au Sénégal que des scandales et des actes de mal gouvernance liés à la lutte contre la Covid prennent le dessus sur les questions sanitaires. Des marchés publics ont été attribués à des personnes proches du régime de Macky Sall dans l’opacité totale. Et personne ne vous a entendu dénoncer ce banditisme d’Etat au moment où nos concitoyens les plus démunis ne voient même l’aide alimentaire tant chantée par les griots du roi de la basse-cour de Benno bock Yakkar. Les images honteuses et indignes d’un Macky Sall en parade au port de Dakar et fier de son trophée de guerre (des tonnes de riz) contre le Coronavirus là où on attendait le  matériel de base indispensable en destination de nos professionnels de santé. La réalité du terrain rappelle inlassablement à Macky Sall son devoir d’équiper et de protéger le personnel de santé. Aujourd’hui, le virus circule et se propage dans nos structures sanitaires et hospitalières et au même moment le chef de guerre (terme utilisé par son patron Emmanuel Macron) Macky Sall abandonne ses troupes. Cherchez l’erreur Madiambal Diagne.

Et que dire également de la décision inique de Macky Sall du 17 avril 2020 d’attribuer des rémunérations exorbitantes à hauteur de 4,5 millions de francs CFA en plus d’autres avantages à tous les anciens présidents du CESE, une institution budgétivore et inutile pendant cette période de pandémie durant laquelle les sénégalais se sont investis massivement pour relever le défi de la lutte contre la Covid-19 et c’est au moment même où Macky Sall ne cesse de quémander l’annulation de la dette des pays pauvres. Que dites- vous, Madiambal Diagne de cette gabegie ? 

Et c’est également, seulement au Sénégal que des politiciens professionnels profitent de la détresse de nos compatriotes pour montrer leur générosité et parcourent les quartiers avec la présence de la presse et en compagnie de leurs militants en train de distribuer par ci et là des sacs de riz, du sucre, de l’huile, du savon. Une perfide récupération politicienne. La Côte d’Ivoire que vous citez dans votre texte “Macky a pris les risques du chef“ ne s’est pas illustrée dans ce voyeurisme avilissant.

Personne ne dit que le gouvernement ne doit pas s’adapter à la situation et relancer l’économie du pays. Toutefois, le problème est tout autre. Macky Sall et son gouvernement ont mis la charrue avant les bœufs. En effet, ils avaient le temps et une marge de manœuvre assez significative avant que le Coronavirus t’atteigne notre territoire pour prendre les devants pour protéger le pays à partir du moment où ils savaient pertinemment que le Sénégal n’avait pas des structures sanitaires équipées et performantes pour lutter efficacement contre la propagation d’un tel virus ni les moyens financiers pour faire face dans le long terme de ses conséquences désastreuses sur l’économie et le tissu social. En vérité, les résistances d’une minorité de  nos compatriotes dans un État normal et où la puissance publique est respectée, ne devaient point voir le jour pour que vous en faites votre cheval de bataille pour déplacer le curseur sur la responsabilité des uns et des autres et de vouloir faire porter le chapeau coûte que coûte aux plus vulnérables de nos compatriotes.

En réalité, Madiambal Diagne, l’Etat du Sénégal a failli depuis très longtemps à ses devoirs. Ainsi, à partir du moment où son chef Macky Sall et son clan ne montrent pas la voie de la droiture et de la justice dans l’administration des affaires du pays, il ne faut pas s’étonner voire s’offusquer que les administrés se ne retrouvent plus dans la manière dont la nation est gérée et posent des actes de défiance envers l’autorité.  Et puis, Madiambal Diagne, qui incarne l’autorité aujourd’hui au Sénégal ? Tout le mal voire la chienlit qui prévaut au Sénégal est le résultat de la défaillance de l’autorité publique. Nos concitoyens sont déçus et révoltés de constater avec regret que la plupart de nos autorités publiques traînent des casseroles ou sont soupçonnées purement et simplement de détournements de deniers publics. Voilà la triste réalité. Si, nos autorités étaient des gens justes et honnêtes dans l’administration des affaires de la cité, il n’y aurait point cette méfiance exacerbée ni de rejet de la part de nos compatriotes à leur encontre.

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Personne, Madiambal Diagne, ne peut vous reprocher de dire votre point de vue voire même de défendre la cause du chef de clan, Macky Sall, dans ces moments de turbulences ou son autorité vacille, mais là vous poussez le bouchon de la  provocation voire de la stigmatisation trop loin. Que pensez alors de vos propos pleins de mépris et de condescendance ? “. L’attitude des populations durant cet épisode doit convaincre davantage de faire de l’éducation une nécessité impérieuse. Il semble donc utile de rouvrir les écoles et permettre aux enfants de retourner en classe pour ne pas continuer de grossir les bataillons d’ignares “.

Là, on sent une colère qui monte et un homme qui en veut à une certaine catégorie de citoyens sénégalais qui n’ont pas eu la possibilité de fréquenter les bancs de l’école de Jules Ferry et d’autres qui n’en éprouvent pas le besoin parce qu’ils ont trouvé autre chose qui leur suffit largement pour mener dignement leur vie sur terre. Une charge explosive qui jaillit dans le tréfonds du journaliste Madiambal Diagne jusqu’à les traiter d’ignares. Une provocation ou un ballon d’essai lancé à Macky Sall et sa cour de prendre en considération une certaine menace latente qui sévit dans la société et portée par ceux-là même qui ne fréquentent pas l’école du colonisateur. Et vous avez dit, Madiambal Diagne : grossir les bataillons d’ignares et que nous dit le dictionnaire Larousse de votre trouvaille du jour. Un ignare, c’est quelqu’un qui est scandaleusement ignorant et qui sans culture ni instruction. Et par extension, un ignorant, c’est quelqu’un qui ne sait rien, qui manque d’instruction,  de culture générale ou de connaissances élémentaires.

Le raccourci est vite fait. Qu’est-ce que la réouverture de l’école a à voir avec l’attitude de défiance de nos populations ? Rien. Ce n’est pas parce que beaucoup de nos concitoyens n’ont pas franchi les portes de l’école de la République qu’ils n’ont pas reçu une éducation. L’éducation de nos enfants ne passe forcément par l’école de Jules Ferry que nous avons héritée du colonisateur français. La socialisation de nos enfants n’est pas seulement du ressort de l’école et de ses enseignements. La famille et les relations sociales voire culturelles occupent une place de choix qu’il ne faut pas minimiser voire rabaisser dans la formation de l’identité de l’individu. Nos compatriotes qui n’ont pas franchi l’école de la République, ont par ailleurs reçu une autre éducation basée sur la religion ou autre et qui ne leur empêche nullement de se comporter en hommes ou femmes exemplaires et bénéfiques à tous points de vue à la société.  Au plus, ces hommes et ces femmes puisent leurs connaissances du milieu socio-culturel sénégalais. Ils connaissent en profondeur les us et coutumes qui permettent de mener ou de prendre à une bonne vie loin des compromissions,  des reniements, des exactions ou autres entorses préjudiciables sur le bien commun. Bref, une simple vie humaine loin des apparats. L’éducation par le biais de l’école française n’est pas la seule viable pour former d’honnêtes citoyens. On ne peut plus continuer à privilégier uniquement l’école de la République comme étant la seule voie de la réussite ou du développement économique. Pourtant, de très nombreux exemples de citoyens qui ont même du mal à écrire correctement leur nom en français, sont des modèles de réussite et qui n’éprouvent aucune gêne voire aucune honte sur leur trajectoire ou ascension sociale singulière. Ou est-ce que cet obscurantisme dont vous fustigez les effets sur certains de nos compatriotes n’est-il pas la matérialisation de notre modèle de société qui vous rebute tant ?

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Votre discours, un ramassis de quolibets, d’approximation voulant réduire nos compatriotes issus d’autres systèmes d’enseignements autres que celui de l’école de Jules Ferry à des ignares ne repose sur rien si ce n’est que du mépris voire de la colère d’un homme frustré et qui a du mal à supporter la diversité du peuple. Par contre, il est impératif de conjuguer nos efforts afin de ne pas laisser nos compatriotes en dehors de ce que vous appelez la République. Un devoir d’exemplarité s’impose à nos autorités publiques pour montrer la voie de l’amour de la Patrie, du Sénégal tout court en dehors de toutes considérations. Nos concitoyens qui ne trouvent grâce à vos yeux, ont besoin de modèle de rectitude et de rien d’autre. S’ils ont du mal à suivre les injonctions voire recommandations de Macky Sall, c’est uniquement parce qu’ils ne le trouvent pas assez investi d’une autorité suffisante voire un sens de l’honneur et de responsabilité pour tracer la voie. Il va falloir s’y faire et accepter l’idée même que ces gens que vous méprisez au passage, ont tourné le dos depuis longtemps à nos politiciens professionnels et à leurs manœuvres perfides sur le dos du peuple et ont fait acte d’allégeance à des élites religieuses même si certaines d’entre elles ont renoncé à leur rôle et sont à la recherche de privilèges. Et, c’est là où l’école de la République a en partie échoué de n’avoir pas su former de vrais citoyens qui aiment profondément le pays et ses composantes, sa diversité et prêtes voire déterminés à donner le meilleur d’eux pour la réalisation d’une société juste et compatissante envers les plus faibles. Et qu’est-ce qu’on observe sous nos yeux depuis l’indépendance, si ce n’est une certaine élite intellectuelle sortie directement de l’école de la République qui pille et vole de manière frénétique nos maigres ressources publiques.

En outre, Madiambal Diagne, il n’est pas juste d’affirmer de manière péremptoire que : La situation d’ignorance des populations et l’irresponsabilité de nombreuses élites religieuses et sociales constituent un véritable handicap pour le développement socio – économique du pays *. Et qu’est-ce qui vous empêche en vérité de citer les élites politiques et étatiques qui ont la responsabilité de diriger les affaires de la nation et ce sans aucune faiblesse coupable. Par ailleurs, qu’est-ce qui tord le bras à l’Etat et à ses démembrements d’empêcher tout ce conglomérat d’élites de porter préjudice au développement du pays ? Ce ne peut être que la peur ou une fuite de responsabilité. C’est hallucinant d’accuser et/ou de faire porter la seule responsabilité aux seules élites religieuses et sociales sur le retard économique du pays.

En vérité, nous sommes tous responsables d’avoir cédé à la facilité pour grimper très vite l’échelle sociale en piétinant allègrement et en connaissance de cause des principes éthiques qui assurent le bien être à l’ensemble du corps social sénégalais et non à une seule minorités d’individus et ce à tous les niveaux de la stratification sociale voire d’avoir simplement renoncé à dire et â défendre la vérité par une crainte révérencielle des brimades et autres exactions immondes de nos autorités publiques. Pourtant, l’Etat du Sénégal, vu l’autorité et la puissance publique dont il est investi par les lois et règlements de la République, est l’unique responsable de la chienlit qui prévaut dans notre cher pays le Sénégal où les faussaires, les pilleurs de nos deniers publics, les saltimbanques sont portés au rang de héros et de modèles de réussite sociale. Nier ce fait relève de la peur voire d’une certaine lâcheté de dire tout simplement la vérité.

Le courage et l’honnêteté intellectuelle, Madiambal Diagne, sont les seules cartes en main dont disposent un journaliste et il a le devoir de les utiliser en toute responsabilité en vue de permettre à nos concitoyens d’appréhender le réel en toute objectivité, à défaut il doit changer de statut et se comporter comme un laudateur zélé à la recherche de prébendes ou de se convertir en politicien professionnel pour toujours mystifier les populations pour l’intérêt de forces occultes afin de mieux asservir le peuple.







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