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G 5 Sahel, Souverainetes Confinees

«L’Angleterre n’a pas d’amis ou d’ennemis permanents, elle n‘a que des intérêts permanents.»

Ainsi parlait Lord Palmerston qui a été ministre de la Guerre, ministre des Affaires étrangères, ministre de l’Intérieur et en enfin Premier ministre de la Grande Bretagne.

Revisiter l’œuvre de Lord Palmerston est fort intéressant pour comprendre les relations ambiguës entre le Sénégal et les pays du G5 Sahel. Ces relations concernent à la fois notre politique extérieure, celle de notre défense et de notre sécurité intérieure, ces ministères régaliens qu’a eu à occuper Lord Palmerston avant d’aller au 10 Downing street.

Lord Palmerston (Premier ministre de 1855 à 1858) avait compris bien avant Winston Churchill (Premier ministre de 1939 à 1945) que l’Angleterre, avec ou sans alliés, devait se donner les moyens de défendre son île. Cette grande sagesse stratégique a sauvé l’île face à l’ouragan Napoléon, mais aussi et surtout face aux hordes nazies qui avaient soumis presque toute l’Europe comme l’empereur des Français.

Avec le sommet du G5 de Nouakchott, le débat sur l’absence du Sénégal dans le G5 va encore se poser. Ce débat n’a pas beaucoup d’intérêt. Conformément à la sagesse stratégique de Palmerston, la question qui s’impose est celle-ci : G5 Sahel ou pas, est-ce que notre pays s’est donné les moyens d’assurer sa sécurité ? Certains pays du G5 Sahel qui ont choisi de sous-traiter leur sécurité à la France et l’Onu vivaient un confinement de leur souveraineté bien avant que le coronavirus ait popularisé le mot.

En dehors du Tchad qui s’est donné les moyens de sa politique sécuritaire et de la Mauritanie que les jihadistes semblent contourner comme le Burkina au temps de Compaoré, les pays du G5 Sahel ne s’en sortent pas du tout sur le plan sécuritaire. La France mise sur les coups d’éclats (élimination de Droukdel) et les jihadistes misent sur le temps et la lassitude.

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C’est comme en Afghanistan où les Talibans ont fini par avoir les Américains à l’usure, en faisant du temps leur plus grand allié. Dans le Sahel, les jihadistes ont la même stratégie : miser sur l’usure et les alternances politiques qui sont inhérentes à toutes les démocraties. C’est pourquoi être du G5 ou pas n’a pas pour le Sénégal une importance stratégique. Au lieu de discuter du sexe des anges, veillons à nous donner ici et maintenant et dans le temps les moyens de sécuriser notre territoire !

Aussi bien la France que l’Onu et les bailleurs de fonds ne sont pas loin de la lassitude face l’insoluble question du Sahel qui est pour la France une question de politique extérieure, alors que c’est un problème de sécurité nationale pour le Sénégal qui n’a d’autre choix que d’aider le Mali à contenir les jihadistes. Donc au-delà d’aider le Mali, il est de notre intérêt que notre Armée soit présente au Mali pour contenir les jihadistes, qu’il est préférable de combattre à Mopti, Gao, plutôt qu’à Kidira ou à Kédougou. La France peut se retirer, mais on ne peut déplacer le Mali ou faire déménager le Sénégal.

C’est peut-être pour cela que Bismarck disait : «Un pays subit sa géographie, mais fait son histoire.» Géographiquement, nous sommes du Sahel, être ou ne pas être membre du G5 Sahel relève d’options politiques conjoncturelles, mais avoir le sens de l’histoire consiste à se donner les moyens de défendre son pays avec ou sans alliance. C’est cette sagesse qui nous a permis de gagner la guerre en Casamance et de sauver notre pays de la partition qui guette le Mali s’il continue de sous-traiter sa sécurité.

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