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Une RÉvolution, Sire !

Une RÉvolution, Sire !

En Mai 1968, en pleine révolte des étudiants français, l’hebdomadaire satirique « Canard enchaîné », interpellant le général de Gaulle, avait fait cette manchette restée dans l’Histoire : « Un monôme ? Non sire, une Révolution ! »

Un monôme, pour ceux qui ne le sauraient pas, c’est une innocente procession d’étudiants au cours de laquelle ils avancent en file les bras posés sur les épaules des camarades qui les précèdent. Or, le Mai-68 français, tout le monde l’a compris après, était beaucoup plus qu’un simple mouvement d’humeur d’étudiants. Eh bien parodiant le célèbre titre du « Canard », on peut dire, s’agissant du coup de tonnerre dans un ciel sans nuages qui s’est produit hier dans notre pays, qu’il est incontestablement annonciateur d’une révolution ! Oui, rien de moins. Tout le monde s’attendait certes à un remaniement ministériel, ce qui est somme toute un exercice normal dans la vie de tout pays, les chefs d’Etat étant comme des entraîneurs de football obligés de temps à autre à changer de joueurs pour rendre leur équipe plus performante.

Seulement voilà, ce qu’a fait le président de la République dépasse, et de très loin, un réaménagement technique d’un attelage gouvernemental pour constituer une bourrasque institutionnelle en ce que non seulement il est permis de s’attendre au départ de plusieurs ministres, dont certains poids lourds à qui sont prêtées des ambitions présidentielles — horresco referens ! — mais encore il a profité de l’occasion pour faire d’un coup de sabre plusieurs décapitations ! Ce dernier mot étant particulièrement inapproprié dans les circonstances que tout le monde sait mais enfin, comme Robespierre, grand révolutionnaire français, Macky va effectivement faire tomber des têtes. Il a d’ailleurs déjà commencé puisque celles de la présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese), Mme Aminata Touré dite Mimi, du ministre d’Etat secrétaire général de la présidence de la République, Mahammad Boun Abdallah Dionne, du prédécesseur de ce dernier à cette fonction, le sournois Maxime Jean-Simon Ndiaye, toutes ces têtes sont déjà passées sur le billot. Et ce n’est qu’un début sans doute. Nul ne sait ce qu’un président de la République a dans sa tête, mais, pour ce coup-ci, il est permis de prédire un très vaste chamboulement à tous les niveaux de l’Etat, un jeu de chaises musicales sans précédent sous le magistère du président Macky Sall.

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Une éminente autorité qui a eu à assumer de très hautes responsabilités avait eu à me dire en 2017 ces mots en passe de devenir prémonitoires rétrospectivement : « Mais M. Ndiaye, vous êtes extrêmement critique à l’endroit du président Macky Sall à ce que je vois ! Je ne vous demande qu’une seule chose : soutenez-le, accordez-lui le bénéfice du doute et de la bonne foi et donnez-lui le temps. S’il est réélu en 2019, je vous jure que vous verrez un autre président Macky Sall car il est conscient de tous les problèmes que vous dénoncez… » Plus d’un an après la réélection de l’actuel président de la République, je commençais à me dire que mon éminent interlocuteur avait eu tout faux, finalement. Mais depuis hier et les décisions prises sans trembler par le président de la République — qui sont, encore une fois, annonciatrices d’une véritable Révolution —, je me dis que, au fond, l’éminente autorité en question avait peut-être vu juste. Et que, peut-être, l’autre Macky qu’il annonçait est enfin là. On lui prête en tout cas l’intention de virer tous ceux qui ont des agendas cachés pour 2024, mais pas seulement, puisque les ministres incompétents et ripoux — et Dieu sait qu’il y en avait dans le gouvernement qui vient d’être remercié — devraient également prendre la porte. Virer les incompétents, les ambitieux façon Iznogoud et les ripoux ? « Vaste perspective ! », aurait dit le général de Gaulle.

L’objectif du Président serait non seulement de mettre en place un gouvernement formé de femmes et d’hommes efficaces et compétents — des technocrates, quoi — qui ne lorgneraient pas son fauteuil afin de prendre à bras-le-corps les immenses problèmes qui assaillent notre pays, mais encore de baliser la voie vers 2024.

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 Pour le dauphin qu’il aura choisi pour lui succéder… Mais enfin, attendons qu’il abatte ses cartes avant de pouvoir nous prononcer sans grand risque d’être démenti par les faits ! Une chose est sûre : le Sénégal tout entier retient son souffle…







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