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Le MÂle Des PÉtitionnaires

Redressement. Le mot est à la mode ces derniers temps. Comme la maladie des pêcheurs, il y a deux semaines. Comme l’immigration clandestine durant tout le mois de novembre. Comme le coronavirus depuis le début de l’année. Comme très souvent, on finira par oublier, plus préoccupés que nous sommes par les conséquences que par la recherche de solutions aux problématiques qui se posent à nous itérativement. Au Sénégal, les sujets d’actualité se bousculent à la vitesse de nos mémoires oublieuses. À chaque semaine, SON sujet à la Une des journaux. La semaine suivante, on passe à autre chose.

Mais, curieusement, la semaine passée, un débat est subitement revenu au-devant de l’actualité au moment où on s’y attendait le moins parce que les faits y relatifs datent de 2012. On a beau chercher le fait nouveau qui a pu faire remonter ce sujet à la surface, on n’a rien trouvé. Il s’agit de l’affaire de viol concernant Cheikh Yérim Seck. Ah le pauvre ! Le célèbre analyste politique n’avait pas vu venir celle-là. Le coup est porté par celles que mon perspicace doyen Sidy Diop a appelées, dans son billet d’hier, « féministes à col blanc » appuyées par quelques « goorou mbotaay ».

Pour ces adeptes de la religion du féminisme, l’ancien journaliste à « Jeune Afrique » n’a pas sa place à la télé pour avoir été condamné pour viol. Au-delà de Cheikh Yérim Seck qu’elles ne veulent donc plus voir être invité dans les débats télévisés, on a l’impression que les rédactrices de cette tribune caustique font le procès des hommes. Par plusieurs fois, le texte utilise le terme « mâle » pour parler des hommes. Le choix de ce mot est loin d’être fortuit, c’est fait à dessein pour insister sur le caractère « bestial » des hommes incapables de réfréner leur trop-plein de libido, qui cultivent « le privilège du mâle », qui « entretiennent à longueur de journée des stéréotypes genrées (sic) », le tout par « solidarité phallique » sur fond de « masculinité toxique ». Je n’ai pas inventé les mots mis entre guillemets, ils sont contenus dans la tribune des féministes pétitionnaires. Si ce n’est pas de la misandrie, ça y ressemble fort.

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Qu’on se comprenne bien, il ne s’agit pas ici de défendre l’acte de Cheikh Yérim Seck pour lequel il a été arrêté, jugé et condamné ou d’encourager le viol. Aucun être sensé ne peut cautionner cette barbarie qu’est le viol. C’est abject et sa commission mérite des sanctions exemplaires. Mais du moment que la justice a fait son travail (aussi imparfait soit-il), doit-on, au nom de ne je ne sais quelle philosophie moralisante, infliger à ce chroniqueur une double peine ? Contrairement à ce qui est écrit dans la tribune, il n’a pas été gracié, il a plutôt bénéficié d’une libération conditionnelle après 16 mois passés derrière les barreaux.

Dans cette sortie au vitriol des féministes pétitionnaires, les hommes de médias n’ont pas été épargnés. Elles les accusent d’avoir sciemment « orchestré » et « programmé » la réhabilitation de Cheikh Yérim Seck, d’être « complaisant avec un violeur ». Un « casier judiciaire chargé » ne peut être constitutif d’un motif de blacklisting. Aux yeux de la loi, Cheikh Yérim Seck a payé sa dette, rien ne s’oppose à ce qu’il poursuive son travail. Et il se trouve que la nature de son travail l’amène souvent à s’exposer médiatiquement. Il ne faut prendre cela comme un pied de nez fait aux femmes. Ce n’est pas comme si les maisons de presse sénégalaises s’étaient réunies pour mettre au point un plan de « réhabilitation » du sieur Seck. Que nenni. Si son avis est sollicité sur une pléthore de sujets notamment politiques, il faut le reconnaître, c’est parce que l’homme en connaît un bon bout et ses analyses sont souvent justes. Depuis sa sortie de prison en janvier 2014, Cheikh Yérim Seck est régulièrement invité sur les plateaux de télévision et jamais les auteures de cette tribune n’avaient trouvé à redire. Alors pourquoi seulement maintenant ? Qu’est-ce qui a changé entretemps pour que le fondateur de Yerimpost soit devenu, à leurs yeux, indigne de paraître à la télé ? Jouer les gardiennes de la morale ou aux redresseuses de tort (uosité) suppose qu’on soit soi-même exempt de tous reproches. Qui peut jurer qu’il n’a jamais péché ? Âme pécheresse, je me défends de lever la main.

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