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De Quel Mal FranÇais Le Rejet D’assa TraorÉ Est-il Le Nom ?

L’émoi est grand et la République tremble sur ses bases: Time Magazine a osé choisir Assa Traoré parmi ses «Guardians» 2020. Non contents d’avoir fait l’aveu de leur connivence avec l’islamisme, les médias anglophones remettent de l’huile sur l’autre brasier qui menace de ravager la France: l’antiracisme.

Après les manifestations de juin 2020 contre les violences policières, les hashtags #StopTraore, #GangTraore, #StopAuxTraore sont devenus les serpents des mers usées de Twitter: pas un jour ne passe sans qu’un quidam épris de justice et de transparence, n’écoutant que son courage, rappelle le casier judiciaire des frères Traoré.

Mais, depuis vendredi et l’annonce par Time Magazine de ses personnalités de l’année, on est passé à la vitesse supérieure. C’est le tocsin qui sonne.

Critiques en rafales

Time Magazine, dites-vous? Selon Jean Messiha, «un torchon qui a nommé Hitler homme de l’année 1933, Joseph Staline homme de l’année 1943 et l’ayatollah Khomeyni homme de l’année 1979». Ledit «torchon de la gauche américaine», ajoute l’éditorialiste-poète, «devrait être recyclé en papier toilette dans nos prisons remplies de diversité!»

Selon Guillaume Bigot, un vecteur de «l’impérialisme américain», dont Assa Traoré serait «la chienne de garde». Selon Gilles-William Goldnadel, un mélange de «Le Monde et Libé en pire», qui «en dit long sur l’état de la presse américaine» et permet de comprendre «le traitement de Trump durant quatre ans».

N’en jetez plus: comme les campus, les rédactions des grands quotidiens et hebdomadaires américains sont désormais le lieu d’une révolution conformiste, woke, dont le but ultime est de soumettre les peuples du monde entier à la «tyrannie du politiquement correct» et la «dictature des minorités». Soros, es-tu là?

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En France, le nouvel antiracisme est leur cheval de Troie et leur cinquième colonne; l’intersectionnalité et les études décoloniales leurs armes de destruction universitaire. Assa Traoré, elle, est «l’icône» qui cherche à imposer ce «récit américain, en imitant Angela Davis».

L’acharnement personnel dont elle fait l’objet, la paranoïa et le soupçon qu’elle suscite au même titre que Rokhaya Diallo, saluée de son côté par Politico, ont quelque chose de pathologique. De quel malaise sont-ils la manifestation?

«L’ordre blanc»

Assa Traoré demande justice pour Adama, son frère, mort à la gendarmerie de Persan le 19 juillet 2016 après son interpellation à Beaumont-sur-Oise. Quatre ans plus tard, après une série d’expertises et de contre-expertises médicales, le stop-and-go de l’instruction, la lumière n’a toujours pas été faite par les autorités sur ce qui s’est passé ce jour-là. En août 2020, deux des trois magistrats chargés de l’affaire ont été mutés et le troisième a été dessaisi du dossier.

Au centre de celui-ci, il y a la technique du plaquage ventral, reconnu par l’un des gendarmes avant que leurs avocats réfutent l’utilisation du terme. Selon la contre-expertise diligentée par la famille en juin 2020, cette forme d’immobilisation serait à l’origine de la mort par asphyxie d’Adama Traoré.

«J’ai du mal à respirer»: c’est, d’après les premières déclarations des gendarmes aux enquêteurs, ce que la victime leur a dit avant de faire un malaise sur le trajet de la gendarmerie de Persan. C’est aussi un slogan du mouvement Black Lives Matter depuis la mort d’Eric Garner, en 2014: «I can’t breathe». Et, plus personne ne l’ignore depuis le 25 mai 2020, ces mots sont parmi les derniers prononcés par George Floyd, le dos écrasé sous le genou du policier Derek Chauvin.

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Ce que la France ne pardonne pas à Assa Traoré, ce n’est pas de pleurer son frère, mais d’affirmer que sa mort est le résultat inéluctable d’une mécanique, les violences policières contre les minorités, que nous avons appris à identifier comme américaine; c’est d’appliquer hors-sol la critique d’un système, l’ordre blanc, dont nous nous estimons préservés par les lois et les valeurs de la République.

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