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L’insoutenable LÉgÈretÉ De Sonko

L’insoutenable LÉgÈretÉ De Sonko

Bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée, dit le dicton

Les grands hommes ont leurs faiblesses et leurs dissonances. Staline était féru des sonates de la pianiste Maria Yudina, Hitler aimait caresser ses chiens et écouter Wagner, Himmler était attendri par son masseur Kersten, qui le soulageait de ses nombreuses douleurs. Sonko n’est donc pas seul.

Si Kersten se faisait payer ses services contre la libération de juifs, contre quoi la belle nymphe aurait-elle troqué les services de ses mains expertes ? Un peu d’argent, assurément. Dans un pays où des fortunes peuvent naitre comme par enchantement, sans jamais choquer personne, prendre de l’argent n’est rien, mais prendre la réputation d’autrui, c‘est bien autre chose : c’est voler sans l’excuse de s’enrichir. Cela est juste impardonnable. C’est faire de votre victime un pauvre à jamais, car vous le privez de la seule richesse qui vaille : la réputation.

Adji, cette pauvre paumée de la vie comme des milliers de jeunes filles sans qualification réelle, victime des circonstances de la vie, ne sait surement pas qu’en s’enrichissant d’un peu d’argent, elle appauvrissait Sonko de beaucoup de sa réputation. Quelle que soit l’issue de cette affaire le mal est déjà fait : les stigmates de la sainteté qu’on accordait au leader du Pastef auront du mal à se refermer.

Voilà comment un instant banal en soi – se faire masser dans un institut de beauté -, se révèle nullement banal dans ses conséquences possibles…

On savait bien qu’à un moment donné, Sonko sortirait de la vertu dont il s‘affublait. On ne peut partager les plaisirs des autres sans finir par en partager les soucis. Connaitre ses faiblesses est un privilège intime qui ne se dévoile pas, qui ne se partage pas. En politique les flèches ne sont pas mortelles, on s’en sort toujours. Les exemples abondent : Idy et Macky, adversaires d’hier, partenaires aujourd’hui. Espérons toutefois que, embrumé dans les doucereuses vapeurs de la cabine de massage, Sonko, n’ait confié à Adji le secret de la flèche à ergot du coq blanc qui l’anéantirait. 

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Dans sa communication, Sonko devait juste dire qu’il est allé dans ce salon de massage et s’en tenir à ça. Sa communication a péché en fournissant trop de détails. Il a eu du mal à terminer sa causerie, a paru bien souvent sur la défensive et parfois gêné aux entournures. À l’évidence, Sonko n’était pas dans un registre qui lui était familier. Il n’est pas aisé de faire ce qu’on n’a pas l’habitude de faire : se défendre quand on a toujours attaqué. Maintenant, il sait qu’il aura aussi à se défendre. La longueur de son discours et les nombreux détails fournis trahissaient en substance, la profondeur du traumatisme subit.

Ne dit-on pas que les hommes dignes de considération dont font partie ceux qui aspirent à diriger sont ceux qui considèrent que dans n’importe quelles circonstances, on les observe ou qu’on les observera. Ils sont de ceux qui savent que les parois écoutent, que les caméras filment et que les méchantes actions finiront toutes par être sues. Même lorsqu’ils sont seuls, ils devraient se comporter comme s’ils étaient en la présence de tout le monde, parce qu’ils savent que tout se saura. Telle doit être la posture des leaders pour s’éviter les désagréments évitables.

Lorsqu’on convoite des postes, quelques grands fussent-ils, l’exigence est de se montrer encore plus grand. En cela, Sonko a failli. La légèreté est un gros handicap si l’on veut diriger. Elle l’est encore plus quand il s’agit de diriger les destinées d’un pays.

De cette affaire on retiendra que Sonko s’est montré très humain, ce qui a discrédité le côté divin qu’on lui prêtait. Comment pouvait-il ignorer que la légèreté est le plus grand contrepoids de la réputation ? Il était attendu de lui plus de prudence. Il aurait dû pencher plus du côté de la gravité, là où on l’attendait que de celui de la légèreté là où on ne l’attendait pas. On était tous surpris de savoir qu’il fréquentait – bien qu’il en ait le droit – un salon de massage de quartier confiant son corps aux mains d’une jeune masseuse de 20 ans. Quelle imprudence ! Il confirme cette vieille maxime : “ce qui discrédite davantage un homme est finalement de montrer qu’il est homme. “

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Dans le camp d’en face, ce n’est guère mieux. On assiste à un remake des pieds nickelés. Toute cette affaire ressemblait à une grosse farce où l’amateurisme y côtoyait le grotesque. Violée à quatre reprises sous la menace d’armes dans une maisonnée remplie de monde. Voilà ce qu’a prétendu la victime. On hallucine. Visiblement une jeune femme qui n’a pas compris son rôle dans un scénario mal ficelé, et qui récite un script non écrit. Les contre-vérités abondent et on a du mal à saisir le fil du film.  Voilà ce qui arrive quand on place la politique au-dessus des principes, et que l’on veuille mettre l’avantage au-dessus de la justice. Un imbroglio digne d’un roman de série B.  On a même du mal à croire que cela soit pensé très haut tant c’est mal goupillé. Et pourtant, il aurait suffi d’entacher la crédibilité du leader de Pastef en mettant le doigt sur la dissonance entre ce qu’il prétend être et ce qu’il venait de commettre et s’en tenir là. Les dégâts seraient déjà considérables.

Comment tout cela se terminera-t-il ? en attendant, une Assemblée nationale est convoquée pour lever l’immunité parlementaire d’un député pour une affaire de mœurs dont on sent à mille lieues qu’elle est fabriquée de toutes pièces. L’appât Adji, obligée de se cacher, voit sa vie basculer, son intimité disséquée et jetée en pâture dans les journaux et réseaux sociaux. Sa vie ne sera plus la même. Elle sera honnie à coup sûr dans ce si petit Sénégal. Il lui restera l’option de refaire une autre vie ailleurs à l’étranger. À 21 ans, on a encore sa vie devant soi. Une seule chose dont on peut être sûr pour le moment :  quel que soit le scénario de sortie de cette crise, elle ne souhaitera pas la victoire de Sonko en 2024 !

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Dans cette ténébreuse affaire, les protagonistes de tous bords devraient être plus prudents et se rappeler que, tout comme la loi de la gravitation dans le monde physique, la loi du Seigneur dans le monde moral ne fléchit pour personne : tous ceux qui tireront l’épée périront par l’épée !

Dr. C. Tidiane Sow est coach en Communication politique.

tsow@seneplus.com







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