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Le Mauvais Œil De Dakar

Le Mauvais Œil De Dakar

L’histoire de la scoumoune Macky Sall

Sa gestuelle et son marchepied ont fait la légende de Nicolas Sarkozy. « Mes amis, voilà le soleil de Dakar ! », s’écria-t-il, quelques minutes avant son discours décomplexé, à l’université de Cheikh Anta Diop. Ce 17 juillet 2007, Nicolas Sarkozy était au zénith-Austerlitz de sa gloire. Il connaissait un peu l’Afrique et ses sempiternels immigrés, du fait de ses précédentes fonctions de ministre de l’Intérieur. A cette occasion, il tissa des liens d’amitié très forts avec son homologue Macky Sall qu’il ne perdra jamais de vue, malgré sa disgrâce wadiste. C’est naturellement que Macky Sall accédait au pouvoir en 2012.  

Sur fond de kora, Emmanuel Macron se déhanchait, dans un style Kennedy, sur une piste de danse présidentielle, clôturant avec allégresse la Conférence dakaroise de financement du Partenariat mondial pour l’éducation. Le président français, d’humeur insouciante et taquine, esquissa quelques pas malicieux pour se rapprocher de son hôte, Macky Sall. Ce dernier coupa court à toute discussion, s’éloigna de son invité prestigieux et virevolta avec son accompagnatrice. Le dessert (des tirailleurs), c’est aux français, mais la danse aux Sénégalais, ricanait-il en son for intérieur ! C’était onze ans après le discours de Sarkozy. La relation franco-sénégalaise brillait alors au firmament. Le prisonnier khalifa croupissait à Reubeus ; l’exilé Karim ruminait son protocole à Doha. La voie présidentielle de 2019 était grande ouverte à la satisfaction des deux danseurs d’un instant.

Dans la demeure de l’ancien gouverneur général de l’AOF, début mars de cette année : « Zzzzz », suivi d’un timide « Toc, toc, toc ». « Qui va-là ? » questionna le ronfleur d’une voix tonitruante. Aussitôt une réponse se fit entendre : « C’est Mahmouth Saleh ». « C’est quoi ce vacarme ? Enfin, mon TER, marron-beige, marche ? Ou est-ce une révolte de mes zombies-Covid ?». « Non sire, euh, président, c’est Sonko », objecta le chef de cabinet en chorégraphiant des courbettes sans pareil, au point de vous étourdir.

La France ne sait plus lire l’Afrique. N’est pas Champollion qui veut, malgré notre fabrique bordelaise (et autres) de pseudos africanistes ! La note confidentielle (discrétion à la Rainbow Warrior), intitulée « L’effet Pangolin », saluait la solidité des institutions sénégalaises, pour éviter la colère du peuple. Cependant, l’effet Pangolin a bien eu lieu au Sénégal ! Et en prime, le premier pays africain à être touché ! Le mutisme des autorités françaises en dit long sur leur torpeur.

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Quel contraste entre le discours décontracté de président « d’jeunes » à Ouagadougou et l’ultimatum de Pau aux accents vieillots gaullistes, qui nous rappelle l’épisode des porteurs des pancartes (tu quittes ou tu ne quittes pas !) ! Quel contraste entre la cérémonie affectueuse de remise du sabre dEl Hadj Omar Tall et les récents saccages des entreprises françaises à Dakar ? Le coup « anti-français » à Dakar est dur, il sape le moral de la France-Afrique. Cela se passe dans le pays le plus fidèle d’Afrique de l’Ouest où Senghor avait choisi en 1962 la France, et la France avait choisi Senghor. Pour 2024, les choses se corsent comme un mauvais pudding ! La jurisprudence Ouattara avait laissé espérer un troisième mandat à Macky Sall. A la cellule africaine de l’Elysée, les cellules grises vont être mises à rude épreuve pour les futurs plans de bataille (Front républicain, émergence d’une nouvelle personnalité, dauphinat, pacte avec le « diable » Sonko…) !

Que s’est-il bien passé depuis les lunes de miel entre Macky-Nicolas, et Macky-Emmanuel ? Le mauvais œil ! Pourquoi pas, je suis sérieux. Nous sommes entrés dans une relation franco-sénégalaise où les malheurs se succéderont. Retenez bien ma prédiction ! Les présidents Sarkozy et Macron ont respectivement profané la mémoire de Cheikh Anta Diop et les droits de défense des deux K. Ils vont en payer un lourd tribut car, entre-temps, ils ont oublié, ignorant les us et coutumes du Sénégal, de se protéger contre le mauvais œil ! Tant pis, c’est trop tard pour eux. Nicolas Sarkozy erre de procès en procès, de condamnation en condamnation, de malchance en malchance. Quant à Emmanuel Macron, son hyper activité en direction de l’Afrique et sa nouvelle politique soft power n’y changeront rien. La jeunesse africaine « populaire » (pas celle de son Comité Présidentiel pour l’Afrique), qu’il avait ciblée, dans son rapport paternel, lui tourne le dos. La rue sénégalaise a parlé, elle a tranché.

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« Le mauvais œil est vérité », selon la religion musulmane ; il faut éviter de le narguer par sa toute-puissance. Je vais vous partager une histoire sur Nicolas Sarkozy, concernant la morale et la politique. Cette semaine, s’est ouvert le procès Bygmalion, sur les comptes de la campagne de 2012 de Nicolas Sarkozy, alors opposé à François Hollande. Il est poursuivi pour financement illégal de campagne électorale. Il lui est reproché, entre autres, d’être derrière un système de fausses factures, pour ne pas dépasser le montant maximal des dépenses autorisées.

Je vous invite à remonter le temps : en 2007, au moment de la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy, en plus d’être ministre de l’Intérieur, était aussi président du Conseil général des Hauts-de-Seine. Il refusa de prendre la présidence de la SEM Coopération 92 (qui revenait de droit au nouveau président). Cette société, créée par son prédécesseur Charles Pasqua, souffrait d’une mauvaise réputation de blanchiment d’argent en lien avec l’Afrique. En effet, ce continent aurait pu écorner l’image du candidat Sarkozy. Il ne fallait pas tendre, à sa concurrente Ségolène Royale, la native de Dakar, le bâton pour se faire battre.

Des anciens champions du monde avaient créé l’Institut de Diambars, une école de football au Sénégal. Ils sollicitaient Nicolas Sarkozy pour le financement de deux terrains synthétiques. Chargé d’instruire le dossier, j’ai rendu un avis négatif. Pourtant, pour la toute première fois, il ne fut pas suivi. Dans les couloirs de mon lieu de travail, la rumeur courrait que Nicolas Sarkozy souhaitait obtenir une photo, en page de couverture du quotidien L’équipe, des footballeurs français d’origine africaine avec lui. En pleine campagne présidentielle, quel trophée ! Même si la photo coûtait chère (200.000 à 300.000 euros, de mémoire).

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La photo en question n’a jamais eu lieu, la subvention fût cependant versée, et injustifiée au regard des critères de la coopération décentralisée. Cette subvention a-t-elle été comptabilisée dans les dépenses de campagne du président Sarkozy au motif que celle-ci visait à influencer le vote des joueurs de l’équipe de France (anciens et nouveaux), eux-mêmes très influents, et celui du monde sportif en général (professionnels et amateurs) ? Cela en fait de potentiels électeurs ! Evidemment non !

La morale et la politique, c’est précisément ce que le mauvais œil regarde et juge. Macky Sall a manqué de morale, le mauvais œil du peuple l’a sanctionné. Les amis de Macky Sall, Nicolas et Emmanuel, ont manqué de morale à l’égard du Sénégal, le mauvais œil des jeunes les a bannis. De surcroît, Nicolas pensait refaire le coup des « 100 jours » de Napoléon 1er : la justice française a brisé ses rêves ! Qu’adviendra-t-il d’Emmanuel dans les prochains mois ? Le FMI, pour la France, a fait de sombres prédictions : à l’horizon, des émeutes post-covid-19 sont à envisager ! Le cercle des amis des présidents français ne sont pas non plus épargnés par le mauvais œil, à l’exemple de Vincent Bolloré et son plaider-coupable (rejeté par la justice française).

Et si c’était Macky Sall, la source de ce mauvais œil ? La scoumoune de la relation franco-sénégalaise ? Ne faudrait-il pas alors changer son fusil d’épaule pour attirer une nouvelle baraka dans cette relation historique ?

Ces derniers jours, Aliou Sall faisait la morale sur la destruction des biens publics faisant suite aux manifestations. Il oublie « Nos 400 000 FCFA » ! C’est alors que je comprends mieux les propos d’Albert Camus : « Nous sommes décidés à supprimer la politique pour la remplacer par la morale. C’est ce que nous appelons une révolution. »

edesfourneaux@seneplus.com







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