Curieuse terre que celle du pays de la Téranga où l’on parle plus qu’on ne travaille en même, que l’on se plaint à longueur de journée que la vie est dure ! Depuis quelques semaines, le pays est pris dans un tourbillon de débats insipides, dangereux et suicidaires pour la cohésion sociale. Avec la complicité de plateaux et autres tribunes de presse, on en arrive même à nous imposer un verbiage qui n’a aucune prise sur les réalités quotidiennes des populations. On donne la parole à tout bout de champ et laisse dire n’importe quoi sur n’importe qui. De plus en plus, il est toléré et laissé prospérer des sources potentielles de conflits sociaux. Le visage du Sénégal est devenu hideux, une vitrine de la tolérance et de stabilité sociale craquelée. De quoi s’agit –il exactement ? Si l’on est quelque peu habitué aux diatribes politiciennes prenant en otage une opinion publique en pleine formation, les débats de caniveaux servis ces derniers jours, nous distraient davantage des urgences de l’heure. Entre déballages d’anciens agents de l’Etat sur fond de règlement de comptes, passes d’armes sous la ceinture d’adversaires ou concurrents politiques et chantages professionnels, tout y passe. Ceci, au moment où le Sénégal vit les affres d’une crise multidimensionnelle (sanitaire, économique et sociale). En effet, les difficultés de l’heure (surendettement, croissance extravertie, contrecoups de la Covid-19 etc) qui plombent l’économie, envoyant des milliers de travailleurs au chômage et étouffant aussi bien les ménages que les entreprises dans une ambiance de renchérissement du coût de la vie, devraient inciter à plus de pro activité. En lieu et place de bavardages inutiles et stériles, on devrait plutôt assister à une remise en question des comportements en cette veille de fin de carême, et de démarrage du Ramadan. La relance de l’économie est certainement à ce prix-là .
Abou Kane