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La Vision De L’imam Khomeiny Sur L’islam Et La Democratie

La Vision De L’imam Khomeiny Sur L’islam Et La Democratie

Le 4 Juin de cette année marque le 32ème anniversaire du décès de l’Imam Khomeiny, fondateur de la révolution islamique en Iran qui est décédé le 14 juin 1989, dix ans après la victoire de la révolution islamique de 1979 en Iran. Dans la présente année où nous allons célébrer un demi siècle des relations diplomatiques entre l’Iran et le Sénégal, nous allons, en nous inspirant des idées de l’Imam Khomeiny, aborder l’une des valeurs communes et partagées entre les deux peuples Iranien et Sénégalais, à savoir la complémentarité de la démocratie avec le contexte social islamique et l’application locale des valeurs républicaines sur la base de leur enracinement culturel et islamique. Une telle approche a bien apporté, dans les deux pays concernés, l’alternance des élites politiques sur la base des élections libres et l’ouverture du système politique vers les nouveautés de la modernité. Cette combinaison de l’universalité et du particularisme que nous pouvons dénommer « l’universalité relative » démontre la compatibilité de l’Islam avec la démocratie dans le cadre de la « démocratie religieuse » doctrinée par l’Imam Khomeiny.

En fait, selon l’idée de « démocratie religieuse » élaborée par l’Imam Khomeiny, il y a une sorte d’entrelacement des méthodes démocratiques et des valeurs islamiques. La démocratie, en tant que méthode de gestion de la société et modèle politique fondé sur le vote des citoyens et en tant que méthode de règlement des différends politiques, est susceptible d’être compatible avec l’islam en tant que système de croyance, de valeur, et d’éthique à l’issue duquel un système démocratique religieux est créé.

A.L’IMAM KHOMEINY ET LES PRINCIPES DE LA DEMOCRATIE RELIGIEUSE

Le fondateur du concept de démocratie religieuse, le défunt Imam Khomeiny, a mis l’accent sur la compatibilité du républicanisme avec l’islam. Selon lui, la caractéristique la plus fondamentale de la démocratie religieuse est l’attachement à la religion et l’acceptation de la primauté des principes et des valeurs religieux, d’une part et la souveraineté nationale pour la prise de décisions politiques et sociales et le droit des peuples à l’autodétermination et à la participation active dans les affaires sociales et politiques du pays, de l’autre.

En plus, la démocratie religieuse exige la protection des droits des citoyens, des droits fondamentaux, le respect de l’Etat de droit et la garantie d’un dialogue libre. En fait, dans l’expérience de la Révolution islamique en Iran, l’islam et la démocratie politique s’entrelacent de telle sorte que les méthodes démocratiques se sont combinées avec les valeurs islamiques. En d’autres termes, la démocratie qui constitue un moyen d’assurer la participation politique du peuple, se réalise de multiples façons. De ce fait, il y a plusieurs démocraties et pas un seul type de démocratie; comme il existe plusieurs modernités et pas un seul modèle de modernité. Ainsi, on ne peut pas dire que la démocratie libérale est la seule expérience qui devrait être imposée à d’autres nations indépendamment de leur contexte historique, culturel ou social. Ceux qui pensent que la démocratie libérale est le seul moyen d’assurer le droit des peuples à l’autodétermination, ils ont réduit la modernité au modernisme, avec une approche réductionniste, afin d’imposer unilatéralement aux autres nations un modernisme occidental.

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Cette idéologie du modernisme est basée sur le matérialisme, le positivisme, l’individualisme, le sécularisme et l’utilitarisme. Par conséquent, la démocratie doit être compatible avec les structures culturelles, sociales et normatives de chaque société. La démocratie religieuse représente un modèle qui rallie la modernité et l’islam. Par conséquent, chaque société est libre d’adopter ses propres formes autochtones de démocratie en fonction de ses propres besoins et de ses circonstances particulières et d’adapter les valeurs autochtones aux valeurs modernes afin qu’elles ne conduisent pas à l’uniformisation par l’imposition de la démocratie occidentale ou par l’imitation du modèle occidental. En effet, la démocratie religieuse, répond à deux questions principales de «qui gouverne» et «comment gouverner». En ce qui concerne la question platonique de «qui gouverne», la démocratie religieuse exige un leader juste, droit et éthique disposant de la vertu, de la connaissance et de la capacité de gestion, qui offre la possibilité de la participation du peuple dans les affaires politiques et sociales ainsi que la possibilité pour les élites en tant que capital social de la nation de servir leur pays aux enceintes gouvernementales.

Concernant la question machiavélique de «comment gouverner», il devrait y avoir un système politique qui puisse assurer la perfection de l’homme à la fois temporellement et spirituellement, et qui offre l’opportunité d’une prospérité matérielle et immatérielle. Il devrait s’efforcer d’instaurer la justice, et serait en faveur des pauvres et des opprimés. Il devrait être indépendant des grandes puissances. Par conséquent, la paix, l’égalité, la tolérance, l’éthique, la moralité et la spiritualité sont l’orientation de la démocratie religieuse. En d’autres termes, il assure les vertus sociales et individuelles.

Dans la société islamique, il n’y a pas de dualité entre l’éthique et la politique car les deux doivent assurer la prospérité et la dignité de l’homme ainsi que sa capacité à choisir son propre destin. Dans une telle société, la politique est la continuation de l’éthique et l’éthique forme l’infrastructure de la politique. En effet, la caractéristique la plus fondamentale de la démocratie religieuse est l’attachement à la religion et l’acceptation de l’autorité des principes et valeurs religieux. En d’autres termes, la souveraineté des peuples est acceptée à la lumière de la souveraineté divine. Le droit du peuple de participer aux affaires sociales et politiques est défini en concordance avec le droit à l’obéissance de Dieu, bien que le peuple jouisse du droit à la prise de décision dans les affaires politiques.

Outre la préparation des bases d’exigences telles que le vote et le respect de l’avis de la majorité et du résultat des élections, la mise en œuvre de la démocratie religieuse exige la protection des droits fondamentaux des citoyens, le respect de l’état de droit et la garantie d’un dialogue libre; simultanément à la matérialisation des idéaux tels que la justice, la coopération, la fraternité et la prospérité. De surcroît, la démocratie religieuse est basée sur la rationalité multidimensionnelle. En d’autres termes, l’étendue de la rationalité dans la démocratie religieuse est beaucoup plus vaste que la démocratie libérale.

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En effet, cette dernière est uniquement basée sur la rationalité instrumentale à savoir l’analyse des coûts et des bénéfices, alors que la démocratie religieuse entend élargir le champ de rationalité en la catégorisant en trois niveaux de rationalité épistémologique, éthique et instrumentale. La rationalité épistémologique signifie la régulation de la relation entre l’être humain et le cosmos ainsi qu’avec le Créateur du monde et en tenant compte du début et de la fin des temps. La rationalité éthique fait référence à l’utilisation de moyens éthiques dans le comportement humain pour atteindre les objectifs attendus. La rationalité instrumentale est basée sur des calculs matériels pour atteindre la prospérité de manière plus raisonnable et justifiée. En tant que fondateur de la République islamique d’Iran, l’imam Khomeiny s’efforçait de rationaliser la politique aux trois niveaux épistémologique, normative et instrumental.

B) L’IMAM KHOMEINY, LA DEMOCRATIE RELIGIEUSE ET LE REVEIL ISLAMIQUE

La vision du défunt imam Khomeiny basée sur la démocratie religieuse constituait un tournant dans l’histoire du réveil islamique de telle sorte qu’en remplaçant le modèle de gouvernance laïque occidental par un système politique démocratique et islamique, une vague de quête pour l’Islam s’est formée dans la région du Moyen-Orient et les puissances occidentales ont dû faire face à de sérieux défis dans cette région. Compte tenu de l’expérience réussie de la Révolution islamique d’Iran, qui a pu combiner l’islam et la démocratie de telle sorte que les méthodes démocratiques se sont mêlées aux valeurs islamiques, certains pays du Moyen-Orient, dans leurs tentatives de démocratie, se sont inspirés de la révolution islamique d’Iran, de telle sorte que les mouvements islamiques dans leur éveil islamique ont tenu fermement aux méthodes démocratiques telles que les élections parlementaires.

Par conséquent, l’expérience de la révolution islamique témoigne que le système démocratique religieux a favorisé les bases de l’interconnexion de la religion avec la politique, la spiritualité et l’éthique avec la gouvernance, l’équilibre entre les droits et les devoirs et l’équilibre entre la justice, la sécurité et la liberté. Ce réveil islamique constituait une réponse à la dégradation sociale et représentait une lutte contre la pauvreté, la corruption, la discrimination et la tyrannie. Cette vague d’éveil islamique visait également des objectifs tels que la négation du despotisme, la restauration de l’identité nationale, l’estime de soi, la confiance en soi, l’honneur, la justice, le progrès global, un développement axé sur la justice, l’autonomie, l’indépendance et la souveraineté nationale. L’Imam Khomeinya également mis l’accent sur le rôle de la religion dans l’établissement de la paix, de la liberté et de la démocratie, tout en insistant simultanément sur la dignité humaine, et les valeurs éthiques.

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En outre, en jetant la lumière sur les principes de la démocratie religieuse, il a ouvert la voie à la restauration glorieuse de la civilisation islamique, a répandu à l’esprit du réveil au sein des nations islamiques, a souligné la nécessité dela lutte contre les tentatives colonialistes de sécularisation des sociétés musulmanes contre leur contexte religieux et historique, a dénoncé l’imposition de valeurs culturelles occidentales et leur importation dans les sociétés Musulmanes et s’est opposé aux plans et programmes colonialistes visant l’aliénation culturelle des identités islamiques. En même temps, il soutenait que des efforts devraient être faits pour un développement indigène basé sur les normes autochtones et la volonté des masses. L’Imam Khomeiny a ainsi essayé d’élucider l’importance de la lutte contre le despotisme interne simultanément à la résistance contre le colonialisme externe et, et de fonder son mouvement sur la revivification des principes et valeurs islamiques.

En effet, cette vague d’éveil islamique constituait une réponse négative à la tendance universaliste américaineet occidentale dans la région multiculturelle d’Asie de l’ouest ainsi qu’une réponse aux efforts déployés par les puissances néocoloniales pour provoquer une uniformité culturelle et une transformation culturelle d’en haut dans les sociétés islamiques. Il a ainsi démontré la nature exploiteuse des puissances impérialistes, condamnant les États-Unis qui soutenaient les atrocités commises par le régime Israélien dans les territoires palestiniens occupés et appelant les érudits musulmans, les penseurs et le peuple du monde islamique à se soulever contre ce régime usurpateur, pour contrarier lesionisme mondiale, afin d’instaurer la paix, le progrès et le développement dans le monde musulman.

REMARQUES FINALES

En conclusion, on peut réaffirmer que l’Imam Khomeiny soutenait l’interconnexion de la religion avec la démocratie en tenant compte du fait que les valeurs universelles telles que l’égalité, la justice et la tolérance se combinent avec les facteurs contextuels et les normes sociales de chaque société. L’expérience de la révolution islamique en Iran démontre qu’un système démocratique religieux peut bien combiner l’universalité et le particularisme.

Ainsi, le model de la démocratie religieuse a la potentialité de se développer au fil du temps et de s’adapter aux situations changeantes; parce que l’Islam a une approche profonde de l’harmonie avec le temps. En d’autres termes, les changements dans la productivité sociale peuvent faire évoluer les systèmes démocratiques religieux pour qu’ils soient plus spécifiques pour assurer la prospérité dans diverse sociétés. Ce constat démontre l’efficacité et la flexibilité de la démocratie religieuse, qui prend en compte les circonstances sociales de la communauté musulmane.

Mohammad Reza DEHSHIRI

Ambassadeur de la République Islamique d’Iran au Sénégal







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