On l’aime ou on ne l’aime pas, mais il ne laisse pas indifférent. De par ces faits et gestes envers les paternalistes dirigeants de l’Occident, notamment de l’Héxagone, grand donneur de leçons, il inspire le respect et la fierté.
Paul Kagamé –puisque c’est de lui qu’il s’agit- vient encore une fois d’administrer une claque au Chef de l’Etat français, Emmanuel Macron qui effectuait jeudi dernier, un déplacement à Kigali, la capitale rwandaise. Sous prétexte de participation à une rencontre internationale en Afrique du Sud, Macron qui multiplie les bonnes intentions de son pays à réchauffer ses relations avec Kigali depuis la triste parenthèse du génocide, était l’hôte du pays des milles collines. Au-delà de la demande solennelle de pardon au peuple rwandais – qui n’efface pas l’oubli du génocide- pour la « responsabilité affligeante » de la France à l’une des plus grandes tragédies humaines de l’Histoire, c’est un fait d’ordre protocolaire qui a le plus marqué les esprits en Afrique. Un fait qui consacrerait-il le crépuscule de la Françafrique, ce cordon ombilical qui garantit une opa de la puissance étrangère sur ses anciennes colonies ? En tout cas, en rendant la monnaie de sa pièce au président français, quelques jours après la tenue du sommet de Paris sur le financement des économies africaines, l’homme fort de Kigali, a encore une fois démontré .En effet, Macron a aussi été accueilli, à son arrivée sur le sol rwandais par un ministre dépêché par le Président Kagamé alors que visiblement rien n’empêchait ce dernier d’effectuer le déplacement de l’aéroport.
Loin des accueils colorés mobilisant les autorités politiques, administratives voire coutumières auxquels les dirigeants français avaient « droit » lors de leurs visites dans les ex-colonies, un seul ministre a suffi pour souhaiter la bienvenue sur le sol rwandais, au président français. Enfonçant le clou, Kagamé se contenta d’attendre son homologue quelques instants plus tard à sa résidence où eurent lieu les premiers échanges entre les deux hommes. Posture hardie ? Peut-être bien mais une chose demeure sûre : la réciprocité infligée à son homologue par « l’enfant terrible » de Kigali, a fini de démontrer qu’il était aussi possible aux présidents africains de traiter d’égal à égal avec les puissances occidentales. Cet épisode marque également pour certains observateurs politiques, l’avènement d’une ère qui inaugure la déliquescence de la Françafrique et de ses réseaux d’ingérence.
Abou KANE