Odessa, hub portuaire stratégique situé sur la mer Noire, constitue le principal point du transit maritime des Ukrainiens. Si l’offensive russe pour le contrôle de ce port est réussi; ce sera une prise de choix pour les Russes, qui y gagneront un intérêt économique et stratégique décisif.
En plus de blé, du maïs et de l’orge ukrainiens; le port d’Odessa dans ce territoire de l’ex URSS est une route incontournable pour les exportations de fertilisants c’est – à – dire l’engrais utilisé pour doper les cultures de toutes sortes afin de satisfaire la demande mondiale en riz, en oléagineux comme l’arachide pour des pays comme le Sénégal et en soja pour l’argentine.
Aussi de grands producteurs de maïs comme le Brésil, tout comme l’Union européenne ne peuvent se passer des engrais minéraux russes et ukrainiens. Ukrainiens et Russes sont devenus grâce à leurs énormes réserves de gaz producteurs et exportateurs de l’engrais vital pour l’agriculture moderne très intensive en intrants minéraux et synthétiques comme l’Urée et le DAP (Di-Ammonique Phosphate). Le Sénégal pour les besoins d’une campagne agricole aux meilleures conditions avec bien sur une pluviométrie adéquate utilise pas de moins de 120 000 Tonnes d’engrais divers dont l’urée ; le DAP et le NPK. Malheureusement l’invasion de l’Ukraine par la Russie a fait flamber les prix sans compter les difficultés d’approvisionnement depuis la survenue de la covid 19. Les prix de l’urée et du DAP ont été multipliés par trois depuis le début de l’année 2022, alors même que les prix avaient doublé en 2021.
L’urée vaut désormais 777 €/t (livraison mars) et le DAP 895 €/t. Et ce n’est probablement pas fini: les sanctions économiques prises à l’égard de la Russie et de la Biélorussie vont priver l’agriculture mondiale de volumes d’engrais considérables, qui font craindre de profonds bouleversements. « La Russie réalise 20% du commerce de produits intermédiaires d’engrais (ammoniac, roche de phosphate, soufre) et 18 % des échanges d’engrais finis ». La facture d’engrais pour la campagne 2022 ici au Sénégal sera très salée. Les Industries Chimiques du Sénégal auraient pu constituer un palliatif de choix pour l’autosuffisance locale en intrants phosphatés dans nos objectifs de maintenir la cadence des rendements agricoles ; cependant l’ex fleuron de l’industrie lourde locale peine à retrouver son lustre d’antan.
Alors que le plan Sénégal Emergent promet une transformation structurelle de l’économie ; les ICS continuent dans l’extraction des phosphates et leur transformation en intrants semi- finis pour les paysans indiens alors que la demande locale d’engrais reste insatisfaite. L’approvisionnement en intrants agricoles subit toujours les vicissitudes des allocations budgétaires du ministère de l’Agriculture et du l’équipement rural (MAER) et bien sûr des cours mondiaux des fertilisants que la guerre russo-ukrainienne a durement impacté. Dans ces conditions un approvisionnement correct en intrants pour notre pays pourrait avoisiner au cours actuels des engrais pas moins de 120 milliards de Fcfa pour l’actuelle campagne.
Le dossier des ICS et les énormes sacrifices consentis par l’État pour sa relance posent la question de la privatisation dans des secteurs – clés comme celui du primaire. Par ailleurs, où en sommes-nous avec la SONACOS dans la transformation de nos tourteaux en huile raffinée surtout face à l’envolée des cours de ce produit au niveau mondial. Voici les vraies réponses à la réduction des prix ici au Sénégal pour soulager le consommateur sénégalais. Avec un TER de plus de 700 milliards, un stade de près de 200 milliards ; l’allocation des 70 milliards à la campagne agricole de 2022 ne rassure pas sur un nouvel ordre des priorités qui s’impose à nos pays face à un nouvel ordre alimentaire que la géopolitique mondiale nous impose.