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Des Vaccins Pour Tous Les Africains DÈs Maintenant !

La pandémie de Covid 19 a causé une souffrance et des perturbations inédites dans le monde entier. Alors que nous entrons dans la troisième année de cette pandémie, la déclaration que répète l’Organisation mondiale de la santé depuis le début « personne n’est en sécurité tant que nous ne le sommes pas tous » est une vérité plus que jamais évidente.

En tant qu’ancienne ministre de la santé du Ghana et en tant que femme qui a consacré sa vie à l’amélioration de la santé et du bien-être des populations à travers le monde, je suis profondément convaincue qu’il est grand temps que l’attention se porte sur ce que les pays à faible revenu (PFR) peuvent et doivent faire pour eux-mêmes en ce qui concerne la résolution de la crise actuelle du Covid et la garantie que nous sommes protégés contre la survenue de futures pandémies.

Les PFR, en particulier ceux d’Afrique, ont trop souvent été dépeints comme des enfants malchanceux, mais ce stéréotype néfaste est heureusement faux. Des critiques justifiées ont été formulées à l’encontre de la thésaurisation de vaccins par les pays riches et du manque de transparence quant à la date exacte à laquelle ces mêmes pays respecteront leurs promesses de livraison de vaccins aux pays à faible revenu. Même lorsqu’ils ont donné des vaccins, certains de ces pays ont fourni des produits très proches de leur date d’expiration d’où un délai très court pour la distribution, ce qui oblige des pays africains à jeter des millions de doses.

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Les entreprises pharmaceutiques, en particulier Moderna et Pfizer, ont également fait l’objet de critiques concernant leur réticence à partager même à titre d’urgence temporaire, les recettes de leurs vaccins contre le covid-19. Le déficit de responsabilité et de transparence au sein des gouvernements et des agences internationales que l’on observait déjà avant la pandémie s’est aggravé pendant cette crise sanitaire. Nous, citoyens des PFR, devons faire savoir clairement que nous sommes prêts à prendre les choses en main.

Prenons l’exemple de l’Afrique : la ligne directrice pour contrôler le Covid-19 se trouve déjà dans une déclaration signée par tous les gouvernements de la région en avril 2001 à Abuja, au Nigeria, il y a deux décennies. Dans cette déclaration, les gouvernements africains se sont engagés à allouer 15 % de leurs budgets nationaux à la santé. Or, jusqu’à présent, presque aucun ne l’a fait. C’est une situation qui peut et doit être corrigée immédiatement. C’est une question de priorités et une condition préalable à la gestion des crises sanitaires à l’avenir.

L’infrastructure de base pour la production de produits pharmaceutiques est déjà en place dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, notamment en Afrique du Sud, au Sénégal et en Égypte. Elle doit être financée et renforcée pour inclure la recherche et le développement, afin que les scientifiques africains puissent revenir et trouver des emplois intéressants et que la région toute entière puisse être sevrée de sa dépendance totale à l’égard des innovations réalisées dans d’autres parties du monde.

Les capacités de production locales existantes doivent également être renforcées pour la fabrication d’outils médicaux essentiels tels que les seringues, les aiguilles et autres produits. Des investissements conjoints des gouvernements africains et des entreprises pharmaceutiques privées, avec le soutien, si nécessaire, de tiers tels que des organismes philanthropiques ou des agences internationales comme la Banque mondiale, peuvent permettre d’y arriver. Je suis optimiste quant à la réalisation de cette évolution.

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En outre, l’OMS a annoncé, lors du sommet UE-UA de février 2022 à Bruxelles, que six pays d’Afrique subsaharienne recevront la technologie et le soutien nécessaires pour produire des vaccins à ARNm. Les gouvernements africains doivent mettre davantage l’accent sur le renforcement des ressources humaines au sens large. Cette pénurie de ressources existe non seulement en Afrique mais dans le monde entier.

Nos universités et nos écoles de médecine doivent faire l’objet d’investissements plus importants et nos professionnels de la santé doivent bénéficier de meilleures opportunités et mesures incitatives pour maintenir leurs compétences à jour et obtenir des promotions basées sur le mérite. Une grande partie de ces mesures pourraient être prises par les nations africaines elles-mêmes si elles leur accordaient une plus grande priorité. Là aussi, les gouvernements peuvent travailler en partenariat avec les donateurs et le secteur privé. Il est difficile de dire à ce stade quelle sera l’ampleur du problème de l’hésitation vaccinale en Afrique subsaharienne.

En raison de l’extrême rareté du vaccin, très peu de personnes ont eu l’occasion de recevoir une dose. Nous pensons que ce problème est moins politique dans notre région qu’il ne l’est dans les pays riches. Nous sommes optimistes et pensons que des campagnes de santé publique bien menées peuvent être mises en place avec des messagers de confiance qui peuvent répondre aux questions, combattre la désinformation et encourager l’adoption du vaccin, comme cela a été fait au Rwanda.

Le même travail acharné et le même professionnalisme qui ont permis de lutter contre Ebola ou Zika et de réaliser d’énormes progrès contre la polio et la rougeole peuvent être appliqués au Covid – 19. Il existe déjà des développements prometteurs, comme la production future de vaccins Covid au Rwanda, au Sénégal et en Afrique du Sud. Beaucoup de bonnes choses ont été accomplies lorsque nous, dans les PFR, y avons mis de la volonté. Si nous ne le faisons pas, qui le fera ?

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 Dr. Eunice Brookman-Amissah 

Ambassadeur

Ancienne ministre de la Santé du Ghana

 







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