Le Sénégal n’est pas un asile psychiatrique. La raison l’emporte sur la passion. La lucidité a pris le pas sur la surdité et la radicalité. Le processus électoral se poursuit. Le peuple sera le juge de paix le 31 juillet.
Le souffle du diable se dégonfle momentanément. Ça ne fera pas oublier tout de même le spectacle affligeant et la médiocrité de ces derniers temps. Les Sénégalais en sont lassés. Les points de presse soporifiques de l’opposition sont au niveau de la mièvrerie robotisée de la majorité. Les responsables politiques de tous bords ont de plus en plus l’envergure du lilliputien. Pire, ils ne sont plus capables de s’élever donnant parfois l’impression de ne pas aimer le Sénégal. Ceux qui sont aux affaires ont choisi l’ambiguïté et l’irrésolution à la clarté quant au débat rétrograde sur les mandats. NI OUI Ni NON. De leur côté, les opposants les plus farouches versent dans l’excès sans le moindre début d’une idée neuve. MORTAL KOMBAT. Nous ne voulons ni l’un ni l’autre.
Vilipendée et vouée aux gémonies à force de se discréditer, la société civile a appelé à l’apaisement et arraché des civilités à ceux qui ne savent plus être en odeur de sainteté. Sans clinquant ni artifices, les bonnes volontés ont réussi leurs bons offices. Les acteurs de la société civile ne sont pas que des rentiers de la tension. Ils font aussi du rameau d’olivier une ramure pour empêcher démesure et cassure. Les groupes de pression ont pesé de tout leur poids. Mais n’ont pas tout obtenu. Pas de bol avec les casseroles. Pour faire mal à certains tympans, le concert déconcertant a été réitéré avec moins de retentissement cette fois. Musique sans partition. De la cacophonie qui renvoie une image négative du Sénégal. Une confusion dans la confusion. Le folklore a tout de même l’avantage de dérider l’atmosphère sans augmenter la peur qui fait battre le cœur et modifie le flux sanguin.
Il reste à combattre sous toutes ses formes, la guerre civile verbale. Il faut privilégier cet art consistant à gérer les différends sans conflits et de manière civilisée. Le loup doit habiter avec la brebis. La confrontation est toujours une impasse dont la rançon est la jungle et l’anarchie. Il ne faut pas donner raison à cet ancien chef d’Etat français pour qui la démocratie est un luxe pour l’Afrique. Il nous a apostrophés. Son délire est peut-être négrophobe. Ses propos blessants. Mais ils comportent une part de vérité. À nous de répondre à cette interpellation en changeant de fusil d’épaule.
Les périls montent. L’incertitude grossit. La meilleure posture est celle de la fleur au fusil pour être apôtre de non-violence, des inconditionnels du dialogue, du respect et de la courtoisie républicaine.
« Fils prodigue de la République », Moustapha Niasse va enfin profiter d’une cure de repos. Faiseur de rois depuis 2000, son nom figurait en bonne place dans le testament politique de Léopold Senghor. Perclus au perchoir, il n’a pas échappé à son destin. Après la vie partisane, une mission quasi sacerdotale l’attend. Il a les outils pour se hisser au rang de régulateur qui parle à tout le monde dans un Sénégal de plus en plus éruptif. 2024 sera l’année de tous les dangers. Nous vivons dangereusement. L’océan est tapissé de cadavres de jeunes Africains.
Les damnés de la terre sont les damnés de la mer. Ils ne sentent plus le sol national sous la plante des pieds. L’incompétence de gouvernements de passage rongés par la corruption est la seule explication qui vaille face à la grande tragédie. Aucun voyage ne vaut une vie. Des mots qui sonnent creux devant tant de désespérance. Le ciel est chargé. La jeunesse vivante et vibrante ne voit nulle part poindre un rayon de soleil. Dépourvues du sens des priorités, les politiques publiques se montrent indigentes. Les décideurs politiques se découvrent impotents. Détresse sociale et misère humaine forment un mélange détonnant.