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Quand Un Loup Hurle DÉmocratie, C’est L’agneau Qu’il Leurre

L’on a une classe politique qui au cri « démocratie ! démocratie ! » s’oppose et, au nom de ce concept gage de paix sociale, se donne paradoxalement le droit d’exercer la violence à l’encontre de frères rivaux, rabaissés au rang d’ennemis. Tout cela aux fins de s’aliéner les agneaux (en l’occurrence les forces vives de la nation, la jeunesse, les électeurs) et les mener dans la gueule des loups (les politiciens qu’ils sont). Gare ! La motivation de la plupart des hommes politiques est leur propre intérêt matériel et non ce qu’ils brandissent comme slogan fallacieux.

Comment comprendre sinon que le Sénégal, pionnier de l’État de droit démocratique en Afrique en soit aujourd’hui à reproduire à chaque échéance électorale les mêmes conflits maintes fois renégociés, alors que notre Code électoral a permis deux alternances par le verdict des urnes. Ce n’est point faute d’intelligence des protagonistes politiques mais tout simplement parce qu’aux moments de ces négociations, ils sont sous l’emprise de la même motivation : leur propre intérêt et non l’intérêt général. Tous les politiques, ilne faut pas s’y méprendre ! Les opposants d’aujourd’hui veulent le pouvoir pour se servir de la même permissivité d’un État régalien qui pour rien au monde pour eux, ne doit perdre de son lustre.

Il faudrait penser à instituer les principes du sacerdoce pour toutes les fonctions politiques : beaucoup de dévouement pour un salaire modeste et une rigueur dans les procédures dirimante à l’enrichissement illicite. Renforcer notre dispositif législatif et les procédures d’application des peines à l’effet d’une parfaite efficacité à l’encontre des forfaitures.

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La démocratie est plurielle, évolutive et flexible

L’on se plaît à nous asséner abusivement la démocratie comme une panacée sociale avec comme référence les États-Unis d’Amérique ou la France. Pourtant nous n’avons rien à envier à ces pays au regard de l’Histoire, car ils ne sont pas nés avec de solides normes démocratiques. S’agissant des États-Unis il me plait de relever des faits politiques marquants de leur histoire qui donnent à relativiser les condamnations de notre jeune démocratie :

– savez-vous qu’en 1798 pour mettre fin à un climat politique invivable, fait d’hostilité et de méfiance extrêmes entre fédéralistes et républicains, les premiers avaient eu recours à la « Sedition Act » : une loi pour soi-disant criminaliser les diffamations à l’encontre du gouvernement, mais qui du fait de son ambiguïté avait virtuellement inclus toutes critiques extrêmes du gouvernement, de sorte à entraîner une grande retenue des commentateurs politiques, activistes et même journalistes. De nombreux historiens contemporains sont convaincus que cela a été très bénéfique et permis de stabiliser durablement le climat politique. 

Plus tard en 1864 il s’est passé au terme d’un débat long et crucial à propos de l’abolition de l’esclavage, une élection à laquelle un tiers des États qui composaient l’Amérique n’avaient pas participé. Abraham Lincoln au pouvoir à l’époque, s’était retrouvé avec 22 des 50 sièges du Sénat et un quart des sièges du parlement vacants. Cela ne l’avait pas empêché de gouverner tranquillement. Il avait tout simplement suspendu la “Habeas Corpus Act”, cette loi fondamentale qui garantit la liberté individuelle des citoyens en remédiant aux dangers des arrestations et détentions arbitraires. Il s’était alors mis à prendre des ordres exécutoires pour la marche du pays comme il l’entendait. C’est d’ailleurs à l’un de ces ordres exécutoires que l’on doit la fameuse loi de l’abolition de l’esclavage aux USA

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-Franklin Roosevelt, élu dans les années les plus sombres de la grande dépression, avait à la grande surprise des Américains, dit dans son allocution inaugurale au matin du 4 mars 1933 : « … pour faire face à cette crise domestique grave, je vais demander au Congrès de m’accorder les pouvoirs exécutifs les plus étendus, pareils à ceux donnés pour braver une guerre… ».

Ce bref rappel d’événements qui ont marqué la démocratie américaine confirme que la démocratie est évolutive, mais également nous renseigne sur la flexibilité possible en cas de péril. Il y a des circonstances cruciales où l’urgence commande de rétablir l’ordre et la discipline, le respect mutuel et celui des institutions ; auxquels cas peuvent prévaloir les mêmes armes de défense de la République qu’en situation d’agression par un ennemi venant de l’extérieur.

Pour ce qui est de la France, je me contenterai ici de ne relever qu’un seul acte récent qui réaffirme la responsabilité de l’État face aux dégâts que causent les manifestations publiques : c’est la décision prise le 23 juin par le tribunal administratif de Rouen, qui a reconnu le préjudice financier subi par la société des autoroutes du Nord et de l’Est de la France lors des manifestations des gilets jaunes et condamné l’État à verser respectivement 557 300 et 27 687 euros à deux sociétés d’autoroutes, juste parce que des automobilistes n’avaient pu accéder aux péages et payer leurs tickets, du fait des blocages de manifestants. N’est-ce pas là une claire mise au point pour ceux qui prônent captieusement la liberté totale de manifester où et quand l’on veut au nez de l’État ?

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Normes et règles non écrites, réels gages de la démocratie

Ce que l’Amérique, après être passé par une guerre civile qui lui a coûté des centaines de milliers de morts et causé de graves traumatismes avait fini par apprendre, était que les lois ne suffisaient pas pour vivre une démocratie pacifique. Au-delà, il était nécessaire de bannir la rhétorique agressive en politique et convenir de normes non écrites de mutuelle tolérance en lieu et place de l’animosité partisane et l’opposition permanente. Une résolution salutaire devenue une solide culture politique.

Crier haro sur les dérives verbales, les invectives et insultes, est ce qu’il nous faut si on veut substituer notre situation délétère à une stabilité sociale durable. Des hommes politiques raisonnables, quel que soit leur camp, qui respectent leurs pairs, respectent les institutions, l’administration publique, les magistrats, les militaires, policiers et gendarmes et qui ont l’impérieux soucis de l’équilibre des pouvoirs de la République dans toutes les décisions qu’ils prennent. C’est de cela dont on a besoin là et tout de suite ; d’hommes et de femmes au comportement éthico-religieux indubitable, capables d’amorcer ce virage et non de pyromanes qui agitent en permanence un déluge de feu et de sang à leur bon gré.

iniang@







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