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Rendre À CÉsar Ce Qui Appartient À CÉsar

Il m’est venu l’idée de saisir la balle au rebond, en rendant hommage à Monsieur Alioune Badara HANN, j’allais dire Maitre Alioune Badara HANN, ou plutôt « senseï » comme dénommé dans le jargon des arts martiaux, qui vient d’être honoré par sa famille sportive dans l’après – midi de ce dimanche 07 aout 2022, sis au dojo Dorama, dans le mythique quartier de Ouagou – Niayes. Ce Maitre de karaté, l’un des plus gradés de notre pays voire du continent africain, a été fêté par les pratiquants de ce noble art, qu’il a formés durant un demi-siècle. Oui ! Il s’agissait de rendre à César ce qui appartient à César. Dès lors que ce modeste homme, vivant à l’étage supérieur de l’humilité et de la discipline, a confondu sa vie avec la formation des hommes, de l’homme, via cette discipline sportive, dont le substrat relève de la formation physique, spirituelle et mentale de l’être humain. Né en 1946, ce comptable de formation porte bien son âge. « Ma sha Allah ».

Ce dimanche 07 aout 2022, Maitre Alioune Badara HANN a été honoré par les siens. La famille du karaté sénégalais, sa famille naturelle, ses poulains, toutes générations confondues, ses amis, connaissances, voisins et autres, ont, à l’unanimité, magnifié le parcours exceptionnel de cette icône des arts martiaux, qui a écrit son nom en lettres d’or dans l’histoire de cette discipline asiatique.

La fête fut très belle en ce sens que ses disciples, d’ici et d’ailleurs, n’ont point lésiné sur les moyens pour rendre à leur mentor l’honneur dû à son rang. Mais aussi, la présence des administratifs, des anciens présidents de la Fédération nationale de karaté, de la crème de la discipline, d’une pléiade d’anciens champions, conjuguée aux nombreux et élogieux témoignages à son endroit, émanant de ses frères biologiques, de ses frères du sport, de ses compagnons et j’en passe, a rehaussé le prestige de la cérémonie. Tant l’homme symbolise des qualités humaines rares, incarne nos valeurs cardinales, et porte en bandoulière une naturelle gentillesse propre aux altruistes.

La fête fut très belle

Les propos du président Maguette SOW, des Maitres Alioune Badara DIACK, Yatma LO, Alioune SARR, Bouna NDAO, du Président de la Fédération El Mokhtar DIOP, du médecin sportif Docteur Mbaye PAYE, de ses frères, du Maitre de cérémonie Souleymane BẬ DIALLO, et du président de la commission d’organisation de l’événement, Bernard DIENE, ont éclos le profil exemplaire et atypique de cette fierté du karaté sénégalais. Et cerise sur le gâteau, outre les présents à lui reçus et en sus de la démonstration de « katas » et de « kyons » des jeunes disciples du club, le paroxysme de la cérémonie fut une belle surprise ; je parle du véhicule 4 x 4 que ses disciples, de tout bord, lui ont généreusement offert. En effet, ce n’est que son mérite !

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Qu’il me soit permis de parler de sa personne, car, le connaissant, cet homme de nature singulière n’aime jamais parler de lui, à fortiori que l’autre le fasse de lui. Préférant toujours rester dans la mêlée, en bon disciple mouride, ce septuagénaire fait partie de cette pléiade d’illustres personnes, qui ont opté pour toujours afficher le profil bas, en toutes circonstances ; ce qui demeure, il faut l’avouer, le propre des grands hommes, je dis les meilleurs, les choisis, les champions. Pour autant, je m’autoriserai à écorcher un peu sa modestie, car, pour ma part, son œuvre devrait servir de leçon, en d’autres termes, elle occupe une place de choix dans l’histoire des arts martiaux de notre pays voire dans l’histoire du sport sénégalais. Qu’il le veuille ou pas, c’est ça la réalité !

156 ceintures noires formées de la naissance du club à nos jours

Logique est, par conséquent, la commémoration de la vie sportive du précurseur du Dorama Karaté Club, au vu du nombre exponentiel de « budokas » compétents et talentueux qu’il a engendrés, pour ne citer que les cent – cinquante – six ceintures noires à lui formées ; de la naissance dudit club à nos jours. Il faut le faire !

L’homme a commencé le karaté en 1966 au J.C.S. de la célèbre piscine LIDO, actuel hôtel SAVANA, avec Maitre Robert PICARE, un assistant technique français en service dans notre pays. Persévérant et endurant, A.B.H. a creusé ses sillons dans cet art, qui lui a valu de gravir les échelons jusqu’ à devenir enseignant, c’est-à-dire, étrenner le grade de Maitre dans cette noble discipline partie d’Asie. Il est ceinture noire septième dan de karaté, autant dire qu’il fait partie, si je ne m’abuse, du quarté ou du quinté des plus gradés dans notre pays.

En 1971, il met sur orbite le Dorama karaté club et sollicita sa reconnaissance officielle en 1973. C’est en 1979 qu’il reçut le récépissé du club qui, aujourd’hui, demeure une étoile dans les méandres du sport sénégalais, au regard de son palmarès. En 1969 déjà, il effectue un stage avec Maitre Hiro Moshizuki. Et last but not least, il est major de la première promotion d’entraineur de premier degré, en 1988.

Nommé dans le collège des entraineurs nationaux en 1987 par Maitre Fernand NUNEZ, Alioune Badara HANN allie sérieux, rigueur, générosité et abnégation dans cette voie où la triche est proscrite. C’est ainsi qu’il se distinguera par ses compétences avérées doublées de son sens de l’humain. Cet entraineur de l’équipe nationale de karaté du Sénégal, de 1988 à 1999, s’est illustré par cette constance et ce courage inné, – segment important de sa personnalité – par-delà les qualités citées supra au point de donner à notre pays ces combattants qui nous ont valus tant de satisfactions, aussi bien au niveau national qu’au niveau international.

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L’histoire retient, entre autres, que les sept majeurs du Dorama sont tous champions dans leurs catégories, en open et six fois par équipe. C’est pour dire que Maitre Alioune Badara HANN a donné au Sénégal des champions d’Afrique de la trempe de Bernard DIENE ; Souleymane BA DIALLO ; El Mokhtar DIOP qui n’est personne d’autre que l’actuel président de la Fédération Sénégalaise de Karaté ; Cheikh THIARÉ ; Mor Thiam SEYE et cerise sur le gâteau, le champion du monde, Mamadou Ali NDIAYE. Ces champions qui, parmi tant d’autres, se sont illustrés à travers des générations, ont porté l’étendard du club et celui de l’équipe nationale du Sénégal. Je dis ces stars qui ont fait retentir l’hymne national du Sénégal partout où le devoir de la compétition les a convoquées. Au demeurant, Maitre Alioune Badara HANN est un grand Champion.

Le Champion qui a formé les champions. Parler de lui équivaut à parler d’un état d’esprit, d’une philosophie, celle des arts martiaux. C’est – si j’ose m’exprimer ainsi – parler de Sagesse, car l’homme est un Sage. Au-delà de la Sagesse du septuagénaire, requis sous l’angle de l’âge et de l’expérience, je parle de cette Sagesse dont j’eus le cœur net pour l’avoir moult fois côtoyé, dans les années 80 via ses leçons de morale administrées, sitôt que le cours de karaté prît fin. Étant licencié de DUC – Karaté, j’eus la chance d’en avoir bénéficié pour avoir mis à profit mes jours de repos coïncidant avec ses jours d’entrainement, dans le temple sportif du Dorama.

Toutefois, au-delà du modèle qu’il est, naturellement, il devrait servir de modèle au Sénégalais lambda. Je pense à ce type de sénégalais prompt à changer, honteusement, de comportement si peu que lui soit attribué une nomination à un poste de responsabilité, ou une simple promotion sociale, professionnelle, politique et j’en passe, encline à se prendre pour le centre du monde, à se croire supérieur à l’autre, ce qui n’est rien d’autre que l’expression de complexes, d’un déficit de parcours, de confiance, de compétence, de culture et de Foi en Dieu ; je parle de jalousie mal dissimulée ou d’ignorance, comme c’est le cas , de nos jours, chez nombre d’hommes politiques , malheureusement.

Pour dire vrai, nul ne peut évoquer les humanités de senseï Alioune Badara HANN sans mettre le focus sur un nom, celui de Bernard DIENE, celui – là, qui n’est personne d’autre que la première ceinture noire formée par lui, en 1972, déjà. Le jeune Bernard venait d’avoir 19 ans. Un croyant, un homme calme, pondéré, lucide, rigoureux et affable. Champion du Sénégal, champion d’Afrique, il sacrifiera à la tradition, en devenant Maitre du dojo de la Base aérienne de Ouakam, puis d’un autre aux Parcelles Assainies de Dakar. Cet homme mérite amplement le pseudonyme de « fils ainé » de la famille Dorama à lui affublé dans les méandres du club. Comme cité supra, il aura été au cœur du dispositif ayant travaillé à la réussite de cette fête.

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Il ne serait pas, tout de même, superflu de rappeler que l’homme a plusieurs cordes à son arc, puisqu‘ il a été footballeur. Et dans ce sport, il a joué à l’Union Sportive de Gorée, en 1965, où il porta le brassard de capitaine. Il a aussi parta gé terrain de football avec mon grand – frère Amadou Diama TOUNKARA dit Zator. Cependant durant ses années de pratique du karaté au J. C. D ., concomitamment, il faisait du judoau dojo de la Gendarmerie dont un de ses condisciples fut Habib GUEYE, un ancien garde du corps du président Abdou DIOUF.

Sur ce, je ne saurais guère m’empêcher de congratuler les initiateurs de cette cérémonie en ce sens que rien ne vaut de fêter les grands hommes, de leur vivant. La normalité voudrait qu’il en soit ainsi. Cette chance, il faut le dire, a souri à ce père de famille attentionné qui ne se fait jamais prier pour s’occuper de la grande famille HANN. Encore une fois, je me suis permis cette digression, à son insu, parce que, quelque part, étant aussi, fils de Ouagou Niayes du fait de la grande maison paternelle des TOUNKARA sortie des limbes en 1957, sise à la cité saint – louisienne, et comme j’ai eu à en attester durant mon témoignage oral. J’associe à ces félicitations mon ami Mamadou HANN, son jeune frère et non moins Maitre du dojo de la S.E.N.E.L.E.C., sis au Cap des biches.

De Maitre Alioune Badara HANN, je retiens que simplicité, humilité, humanisme, rigueur, compétence et courage demeurent des vocables, des traits de caractères, je dirai le dénominateur commun, substrat sur lequel se promènent les silhouettes des grands hommes. De lui, je retiens, encore, que courtoisie, discipline et respect de l’autre sont aussi des attributs inhérents aux croyants qui se subliment dans la vie de tous les jours, dans la voie du progrès.

C’est pour dire que les lauriers à lui tressés, en ce jour de commémoration, ne sont que la narration exacte de toute une évolution, d’une vie, sous l’angle de l’observatoire de proches et non du bout de leur lorgnette ! Félicitations au Dorama ! Félicitations Maitre !

Longue vie, Senseï Alioune Badara HANN ! Que Dieu vous bénisse ! « HOUSS »







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