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De Senghor À Nous

Il nous faudra bien reparler de Senghor, notre grammairien et premier président de la République. C’était un intellectuel achevé, grand homme de culture. Il est entré en politique, cette mare aux crocodiles où il a donné et également reçu des coups d’une violence inouïe.

L’homme qui voulait faire dialoguer les civilisations, le poète qui nous faisait rêver et transpirer avec femme noire, femme nue, le chantre de la négritude et père de l’Etat qu’il a inspiré, façonné et servi avec des mains de fer dans des gants de velours. L’homme nous a donc légués un rare Etat en Afrique, organisé, respecté, adulé et jalousé à la fois, avec des représentants de haut vol dans tous les cénacles et grandes villes de la planète.

Durant tout son magistère, la culture était au diapason et les artistes au balcon. Il a eu la merveilleuse idée de créer le Concours général qui nous a jusqu’à présent donné de grandes satisfactions. Il a créé et surveillé la rédaction du Soleil et même veillé sur la bonne diction des gens à la radio comme un pion qu’il n’avait cessé d’être.

 Sa culture déteignait sur ses opposants qui se faisaient le point d’honneur d’être à sa hauteur pour le toiser et le défier. Bref sous Senghor le Sénégal était la Grèce de l’Afrique. Même si tout n’était pas rose, loin de là, chacun connaissait sa place et se battait pour assouvir ses ambitions. Jusqu’à l’an 2000 avec la première alternance. Abdoulaye Wade a certes construit pour la première fois dans ce pays des infrastructures dignes de ce nom mais il a aussi beaucoup déconstruit. Il a largement ouvert les vannes de l’Etat à tous les Sénégalais instruits et non instruits et malheureusement sans aucune organisation ni supervision sérieuse.

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Jamais l’informel n’a connu ses moments de gloire que sous Wade. Et c’est après l’alternance que l’on a commencé à nous habituer à ces candidatures loufoques à la présidence de la République. Et c’est dans le règne des Libéraux que la sacralité du Palais a perdu de sa superbe. Gamin, nous guettions le Soleil du lendemain du Conseil des ministres pour nous imbiber et nous délecter du cursus des nouveaux désignés. Aujourd’hui, avec l’enseignement supérieur ouvert à tous les vents, l’obtention d’un Master est si aisée pour quelqu’un de riche mais qui accorde difficilement les sujets, verbes et compléments.

Le français est encore la langue officielle de ce pays mais elle tend irrémédiablement à céder le pas au Wolof. Remplacer le français par nos langues locales c’est bien possible mais quelle vaste entreprise ! Quand est-ce que devrions –nous nous rendre compte que ce pays n’appartient pas aux politiciens ?







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