Il faudra de l’audace et beaucoup de courage pour permettre à l’Afrique, et tout particulièrement les pays disposant d’importants gisements de gaz, d’exploiter le plein potentiel de leurs ressources et d’en tirer le meilleur des profits pour leurs populations. C’est l’un des enseignements qu’on peut retenir des différents travaux se tenant dans le cadre de la Conférence Msgbc oil, gas & power, qui a pour thème : «Le futur du gaz naturel : investissements stratégiques et réglementations.»
Cette rencontre des acteurs de l’industrie des hydrocarbures vise à mettre en valeur le potentiel énergétique des pays que sont la Mauritanie, le Sénégal, la Gambie, la Guinée-Bissau et la Guinée Conakry. Elle donne à des voix nouvelles, dans une industrie complexe, les moyens de se faire entendre et surtout d’explorer des paradigmes nouveaux. L’exploitation des hydrocarbures du continent africain est un enjeu pour lequel un paradigme nouveau est à proposer afin de ne pas annihiler la marche d’une puissante source de progrès. On peut dire que sur la question de la transition énergétique, la position de Macky Sall, sur une Afrique qui assume ses ressources et l’usage qu’elle comptera en faire, fera date.
L’Afrique est l’une des régions au monde où les plus grandes découvertes en gaz ont été faites dans cette dernière décennie. Les cas du Sénégal et de la Mauritanie, du Mozambique et tout récemment de la Namibie, avec des découvertes de gisements positionnant ces pays dans la carte des acteurs énergétiques qu’il faudra prendre en compte dans un avenir proche, sont assez évocateurs sur la dynamique de croissance qui peut être menée avec une bonne exploitation du potentiel gazier. Le président de la Chambre africaine de l’énergie, NJ Ayuk, est catégorique quand il dit que «le gaz va façonner l’Afrique. Nous voyons déjà le marché changer mois après mois, à mesure que les gouvernements et d’autres acteurs s’unissent pour faire avancer le gaz aux niveaux régional et mondial».
Le potentiel gazier africain sera une source de développement si les décideurs africains s’engagent, avec leurs partenaires, à en faire leur vecteur de développement. Il est heureux dans ce sens de voir que la voix de l’Afrique, teintée d’audace et de courage, a pu être portée par le Président Macky Sall. Il est incompréhensible qu’au moment où l’Afrique envisageait à plein gaz sa marche rapide vers le progrès, la Cop 26 de Glasgow esquisse un agenda d’une sortie des énergies fossiles en suggérant l’arrêt de tout financement extérieur d’énergies fossiles, même celles non polluantes comme le gaz. Un tel agenda, s’il aboutissait, annihilerait les chances immenses d’essor industriel, économique et technique de notre continent, tout en réservant aux nations promotrices d’une telle initiative, le droit de continuer l’exploitation de leurs ressources sur le sol.
Le Président Macky Sall a eu raison, avec ses pairs, de dénoncer ce compromis tout en clamant fièrement la nécessité, pour l’Afrique, d’assumer l’exploitation de ses ressources. «Pour une transition énergétique, il faut d’abord avoir de l’énergie. La transition énergétique, c’est pour ceux qui ont de l’énergie», soutient Macky Sall. Propos ne pourrait être plus juste, d’autant plus que ceux qui font la morale sur l’exploitation des hydrocarbures, ne se sont pas gênés à piller la nature et à tout puiser des sous-sols pour assurer un certain confort à leurs nations. Il serait bien qu’on les invite à lire la belle fresque qu’est l’ouvrage de Matthieu Auzanneau, Or noir : la grande histoire du pétrole, pour se rendre compte que la terre a saigné pour que des économies carburent à plein régime.
L’Afrique a son développement comme urgence et celui-ci ne peut se faire sans éradiquer la pauvreté énergétique de nos populations. Un continent avec 600 millions de personnes dépourvues de source d’électricité, ne peut renoncer à l’utilisation de son gaz pour donner de l’électricité en quantité et en qualité. La voix d’un Macky Sall, criant que l’urgence à ses yeux est de donner de l’électricité à tous les Sénégalais dans le noir avec les ressources de son sous-sol, fait écho du Cap au Caire. Il serait plus qu’absurde pour des nations assises sur des puits pétro-gaziers, de s’empêcher d’exploiter leurs ressources pour protéger une nature dont ils sont ceux qui polluent le moins. Pour preuve, l’Afrique représente près de 4% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, bien qu’elle encaisse les effets néfastes de la pollution d’ailleurs.
Face à l’agenda de Glasgow, des hommes ont refusé et dit non. Ce «non» sera davantage audible et crié en chœur à la Cop 27 de Sharm El Sheikh. Il faudra cette audace et ce courage pour l’Afrique et une exploitation viable de ses hydrocarbures, pour améliorer le sort de ses populations. On flambera l’indignation des environnementalistes «soucieux» de l’Afrique à la tête du puits.