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La Culture Est Au DÉbut Et À La Fin De Tout DÉveloppement, LÉopold SÉdar Senghor

La Culture Est Au DÉbut Et À La Fin De Tout DÉveloppement, LÉopold SÉdar Senghor

Selon l’UNESCO, les recherches effectuées dans différents pays ont démontré que l’implication des femmes dans l’économie augmente considérablement le niveau économique et social d’un pays. De manière générale les femmes jouent un rôle dans la transmission culturelle, dans la culture en temps de crise comme en temps de paix. Le secteur des Industries Culturelles et Créatives qui compte une population féminine importante peut aussi favoriser l’autonomisation des femmes. En tant que femmes entrepreneures culturelles, nous pouvons jouer un rôle de catalyseur.

À travers nos productions respectives, nous racontons notre propre histoire, promouvons notre « senegalese way of life », dessinons notre futur, et exportons l’ensemble à travers le monde. Nous créons, innovons durablement dans ce secteur que nous avons choisi, nous appuyant sur les multiples talents locaux.

En effet, la Culture doit s’extraire des problèmes économiques, politiques et sociaux internes qui obligent certains pays à se replier sur eux-mêmes ou à limiter leur développement culturel, laissant à d’autres la latitude pour imposer leur vision du monde, leurs valeurs et d’en tirer de surcroît les bénéfices économiques

Or, chaque région, chaque peuple du Sénégal recèle une richesse culturelle inépuisable, atout majeur pour le pays. L’ensemble constitue la diversité de notre patrimoine que nous essayons de promouvoir sous les diverses formes que prennent les Industries Culturelles et Créatives.

« Les industries culturelles et créatives sont définies, par l’UNESCO comme étant les secteurs d’activité ayant comme objet principal la création, le développement, la production, la reproduction, la promotion, la diffusion ou la commercialisation de biens, de services et activités qui ont un contenu culturel, artistique et/ou patrimonial. La notion d’industries culturelles concerne plutôt l’héritage culturel et les formes traditionnelles de la création, tandis que celle d’industries créatives sous-entend la pratique des arts appliqués, les innovations et les bénéfices, la création des emplois par le biais de la création de la propriété intellectuelle. »

Derrière chaque diffusion de série, chaque concert, chaque festival, chaque livre, chaque pièce de théâtre, chaque spectacle de danse, chaque émission TV, chaque défilé de mode, chaque exposition d’art, en somme derrière chaque projet culturel, il existe un ensemble de métiers insoupçonnables constituant autant de filières et de sous filières représentant un processus économique et social contribuant au développement d’un pays. C’est l’écosystème des Industries Culturelles et Créatives qui a fait la preuve à travers le monde, de son potentiel en matière de progrès social, d’emplois directs et indirects et de cohésion sociale.

Cohésion sociale : culture, identité, transmission

La valeur intrinsèque de la culture est sociale. Elle lie des peuples dans ce qu’ils ont en commun, elle renforce et préserve le sentiment d’appartenance.

La culture est un vecteur. C’est un divertissement à travers lequel on transmet, et par le biais duquel on apprend.

Qui n’a jamais ressenti l’émotion procurée par une musique ? Qui n’a jamais connu l’émerveillement d’un spectacle ? Ou le plaisir de simplement contempler une œuvre d’art ? Qui n’a jamais nourri son imagination à travers la trame d’un film ? et appris une leçon de vie grâce à un conte ? Ou encore quel enfant ne s’est jamais identifié aux valeurs d’un super héros ?

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La Culture est aussi l’affirmation d’une identité collective positive. Notre patrimoine culturel diversifié raconte notre histoire commune, en favorisant la cohésion sociale et le sentiment de fierté. Le Sénégal riche de sa diversité et de son patrimoine matériel et immatériel possède une spécificité culturelle qu’on peut nommer « senegalese way of life ». Ce sont les différentes expressions des Industries Culturelles et Créatives qui nous permettrons de tirer un bénéfice de cette « senegalese touch ».

Culture et influence

La culture influence la perception positive ou négative que nous avons d’un pays. Sa capacité d’agir sur les cœurs et les esprits en fait un puissant outil de Soft Power qui contribue à façonner un milieu favorable à la réalisation de ses objectifs y compris économiques.

Arts de vivre, tradition d’ouverture, foisonnement créatif, patrimoine diversifié, sont les spécificités culturelles sénégalaises qui ont valu à notre pays sa reconnaissance internationale positive aux lendemains des indépendances. En effet, c’est au Sénégal que s’est tenu en 1966 le 1er Festival Mondial des Arts Nègres (FESMAN) convoquant la quintessence de la culture Africaine. C’est au Sénégal qu’à également vu le jour Mudra Afrique, compagnie d’excellence qui a vu défiler et qui a formé de grands danseurs qui continuent de faire la renommée du Sénégal à travers le monde. Le Sénégal aujourd’hui encore fournit de grands artistes et intellectuels qui pèsent dans les débats internationaux.

Ce soft power génère une économie puissante au sein d’un pays. En France l’économie de la culture a attiré en 2018 (avant crise COVID) 52 millions de touristes dont l’objectif était de vivre l’expérience culturelle française que le pays utilise comme un levier d’action au national et pour étendre son influence à l’international.

Dans le même ordre, mais à niveau encore plus percutant, les États-Unis ont réussi à « américaniser le monde » grâce à la diffusion à grande échelle de leurs culture et valeurs par le biais des loisirs.

Aujourd’hui « l’American way of life », et la « French Touch », restent érigés en modèle grâce à la force de frappe culturelle qu’ils ont su intégrer comme étant un enjeu fondamental de leurs succès économiques. Quoiqu’ils fassent leur modèle reste envié.

La Corée du Sud utilise le soft power culturel (K-pop, Drama, gastronomie, cinéma), pour se positionner positivement face au géant chinois, façonner son image et atteindre un niveau international que la seule renommé de ses grands groupes, comme Samsung, ne pouvait lui apporter.

En Afrique, le Nigéria a su réhabiliter son image en utilisant un soft-power culturel puissant. Grâce à sa musique (l’Afrobeat), son industrie cinématographique (Nollywood 2ème producteur de film au monde devant Hollywood), sa mode, sa gastronomie, ce pays s’est s’imposé dans le monde comme étant une nation créative, extrêmement dynamique avec laquelle il faut compter. A travers son industrie culturelle et créative, le Nigéria a repris la main sur son récit en valorisant un patrimoine Africain. Cette stratégie lui permet de concurrencer l’hégémonie française en Afrique de l’ouest et de se positionner très fortement à l’international, jusqu’aux Etats-Unis. Aujourd’hui les grands groupes internationaux du divertissement et des loisirs intègrent les productions nigérianes dans leurs catalogues.

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Le poids économique de la culture

Les industries culturelles et créatives constituent donc un secteur dynamique en expansion rapide dans l’économie mondiale. Elles contribuent à la croissance, permettant de diversifier les économies nationales, de générer des ressources et de créer des emplois. C’est ce qu’on nomme aujourd’hui l’Economie Mauve.

Selon l’UNESCO, la culture pèse 2 250 milliards de dollars de recettes, 3% du PIB mondial et 29,5 millions d’emplois. L’effet est renforcé en période de crise où elle peut servir de levier pour renforcer l’attractivité d’un territoire.

A titre d’exemple, en 2020 le poids économique colossal de la culture aux Etats-Unis, représentait 877 milliards de dollars par an et 5,1 millions d’emplois. La même année en France, le poids économique de la culture s’établit à 46,1 milliards d’euros, soit 2,2 % du PIB et ce malgré un recul de 7,1% en valeur, du à la crise de la COVID-19. Ce secteur y représente plus de 600 métiers et quelques 300.000 entreprises, associations et organisations publiques. Au Nigéria, Nollywood pèse 600 millions de dollars, les industries de la musique et de la mode du Nigéria sont au premier rang des exportations culturelles du pays. Le gouvernement s’était engagé à en faire un outil de diversification économique, alternative au pétrole. Les Industries Culturelles et Créatives y sont dès lors devenues le 2ème employeur après l’agriculture.

Les investissements dans ce secteur ne représentent donc pas des investissements à fonds perdus, car l’impact économique positif est notoire. Le G20 a d’ailleurs récemment reconnu la culture comme étant essentielle à la relance post-pandémie. « La culture revêt une profonde importance dans un monde globalisé, face aux défis majeurs à venir auxquels nous serons confrontés. La culture est un instrument important du dialogue entre les peuples, les religions, les différentes civilisations et, par-dessus-tout – dans le contexte du G20 – la culture se présente comme un moteur de croissance économique durable. » – 2021, Dario Franceschini, Ministre italien de la Culture lors des réunions préparatoires du G20.

Apporter notre touche

En choisissant d’entreprendre dans ce secteur, nous entendons exploiter le potentiel de la culture en termes de cohésion sociale, de soft power, et en matière économique. Nous nous inscrivons dans les pas de ces femmes et hommes qui ont fait la renommée du Sénégal, afin de contribuer à positionner notre pays parmi les grands de ce monde. De plus, les initiatives entrepreneuriales portent les dynamiques de croissance des économies culturelles et créatives.

Nous sommes des actrices économiques à part entière, car nous participons à l’innovation, l’emploi et l’attractivité de nos territoires. Par ailleurs, nos activités artistiques irriguent de nombreux secteurs dont : la formation, l’artisanat, le tourisme et sa chaine de valeur avec comme résultat un impact certain sur l’économie. Nous représentons donc un secteur à haut potentiel, en mesure de s’imposer comme un levier important de la croissance au Sénégal.

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Apporter des réponses aux défis

Comment se connecter aux jeunes générations ? Comment rendre nos contenus récréatifs, éducatifs et accessibles au plus grand nombre ? Comment accroitre notre capacité d’innovation pour offrir de meilleures expériences culturelles ? Comment faire du numérique une opportunité d’innovation et de massification ? Comment valoriser nos terroirs ? Quel rôle jouer dans le développement durable ? Comment améliorer notre impact social, économique, environnemental ? Comment financer et rendre durable nos activités ?

Tels sont les nombreux défis auxquels il faut trouver des réponses durables pour que ce secteur atteigne sa pleine croissance. Ces réponses nous concernent aujourd’hui, mais elles vont impacter fortement le futur de nos enfants et celui de nos petits enfants. Elles doivent nous permettre d’insuffler de l’innovation dans le secteur culturel et créatif afin de le propulser.

C’est la raison pour laquelle nous voulons réfléchir et apporter notre regard de femmes sur l’importance dans notre société de cet élément transversal, qui contribue à l’atteinte d’autres objectifs de développement comme l’éducation, la santé, l’environnement, etc.

Un engagement structurel de la part de l’Etat est nécessaire afin de créer un terrain plus favorable à l’entreprenariat culturel féminin et à l’émergence d’un écosystème de la culture Made In Senegal, créateur d’emplois et générateur de croissance.

Nous avons également besoin de la prise de conscience par le secteur privé, de sa nécessaire contribution pour accompagner le développement de filières dont ils seront les premiers bénéficiaires, puisqu’il est en capacité d’augmenter le pouvoir d’achat et donc la consommation. A tire d’exemple, Canal+ finance le cinéma français en moyenne à hauteur de 190 millions d’euros par an, permettant à cette seule filière de peser 0,3% du PIB du pays.

Ainsi, il serait bénéfique de créer un groupe réunissant femmes dans les ICC, secteur privé, secteur public, collectivités territoriales et toutes les parties prenantes. Une mise en réseau en mesure de faire comprendre les enjeux et de permettre une approche collective pour un secteur qui souffre du manque de financement et de fiabilité des interlocuteurs et qui peine à atteindre sa pleine croissance en étant isolé.

Rappelons tout simplement que la prédominance de la culture américaine s’explique en bonne partie par les moyens de diffusion colossaux qui sont injectés dans ce secteur. Les modèles culturels à succès ont tous été soutenus, par l’Etat, le secteur privé, les mécènes, les philanthropes, les grands capitaines d’industrie.

La Culture a un prix, mais ce prix est minime par rapport aux bénéfices engendrés pour une économie tout entière.







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