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Opinions, Idées et Débats des Sénégalais

L’antiterrorisme Rationnel

Neutraliser un potentiel de violence par la coercition et le droit et réduire le substrat sur lequel il se développe.

Nous entendons par anti-terrorisme rationnel le contenu du discours que nous voulons pédagogique et qui tire sa rationalité des deux principales sources de l’islam, avec ou sans épithète, que sont le Coran et la Sunna. Parce qu’elle se veut universelle, cette rationalité opère auparavant une critique à laquelle n’échappent naturellement pas les individus et les groupes organisés qui, à travers le monde, situeraient le salut de l’humanité dans des alliances doctrinales et/ou des insurrections programmées pour le contrôle de vastes territoires comme le Nord-Mali, la Liptako-Gourma appelée « zone des trois frontières » (Mali-Niger-Burkina Faso) et peut-être même, si rien n’est fait, le finistère sénégalais dans le viseur du jihadisme africain. Ce dernier verrait même dans les émeutes de février-mars 2021 au Sénégal la preuve que le parapluie soufiste sénégalais n’est pas aussi étanche qu’on le voudrait au pays de la Téranga où la démocratie s’essouffle – « a régressé » selon l’historien Mamadou DIOUF – malgré deux alternances politiques relativement apaisées et la tenue, en 2022, d’élections locales et législatives dont les résultats ne font l’objet d’aucune contestation.

L’amalgame conflictogène

Sous la houlette des grands médias occidentaux, l’esprit occidental a cette tare qui fait qu’il ne désigne jamais ce qui lui est extérieur en lui reconnaissant ses qualités intrinsèques. Tout ce qui lui est étranger et qu’il nomme par nécessité est d’emblée négativement connoté. C’est exactement ce qui arrive quand il s’intéresse à l’islam en le connotant négativement par « l’islamisme ».

Ce préfabriqué occidental qu’est « l’islamisme » n’a aucune correspondance dans ce qui est vraiment l’islam, c’est-à-dire une religion monothéiste révélée dont le Prophète reçut le message intégral définitivement consigné dans ce qui est aujourd’hui le Coran. Le tort de l’islam serait alors de ne s’être pas fait appeler, par pure analogie, « islamisme » à ses débuts comme ce fut le cas pour les deux précédentes religions révélées que sont le judaïsme et le christianisme. Cette singularité aurait, dans l’esprit occidental, un coût que l’islam devrait payer en acceptant d’être ce qu’il n’est vraiment pas pour tout esprit rationnel qui se donne la peine de le connaître à travers les « versets du livre plein de sagesse » et les hadith authentiques qui renvoient aux actes et paroles du Prophète Mohammed.

Peintre, écrivain et lithographe français de notoriété mondiale, Étienne DINET (1861-1929) – El-Hadji Nasr-Ed-Dine après s’être converti à l’islam et s’être rendu aux lieux saints de l’islam – soutint que c’est « en exposant clairement la doctrine de l’islam, religion simple, naturelle et logique qui a fait de ses adeptes des hommes imbus de sincérité, de franchise et de tolérance [que l’on contribue] à l’établissement d’une entente cordiale entre les hommes de bonne volonté ». Convaincu de « la plus grande vénération pour Moïse et pour Jésus » des musulmans, DINET écrit, dans la préface de son livre « Pèlerinage à la Maison sacrée d’Allah », que « le jour où les Juifs et les chrétiens professeront la même vénération pour Mohammed, la paix au Proche-Orient sera définitivement assurée ».

Avec Étienne DINET, on est bien loin de l’esprit occidental au secours duquel renvoient ces paroles depuis de très nombreuses années déjà. Et si l’esprit français et celui de DINET ne faisaient plus qu’un ? L’apaisement serait alors de retour en France sans préjudice pour la République et ses valeurs empreintes d’humanité. Et l’Extrême droite se serait plus que le porte-étendard d’une paresse politique incapable d’entendre une histoire partout « sale et entremêlée ».

Politologue notoire germano-égyptien, économiste, réalisateur de documentaires et essayiste, spécialiste du monde arabe, du jihadisme et de sa propagande, Abdelasiem Hassan El Difraoui considère, lui, que le concept « islamisme » est une création des sciences sociales occidentales qui lui assignent la fonction d’englober différents courants de pensée apparus dans le monde musulman, conduisant à l’amalgame conflictogène qui ne résiste ni à un simple examen des « orientations doctrinales » desdits courants ni même au rationalisme antiterroriste de l’islam soufi et confrérique du Sénégal indépendant.

Du hanbalisme au jihadisme

À la suite du califat Rashidun (632-661) dit des « biens guidés » (Abou Bakr, Omar, Othman et Ali) et de la dynastie des Omeyyades (661-750), le règne des Abassides (750-1258) avait été marqué sous le calife Harun al-Rachid (786-809) par le haut degré de raffinement de la civilisation musulmane. Cette dernière connut son apogée avec le calife al-Mamun (813-833) qui libéra la parole, encourageant ainsi le débat d’idées. De ce calife, à la fois très cultivé et tolérant, jusqu’à Al-Wathiq (842-847) en passant par son prédécesseur Al-Mutasim (833-842), la doctrine d’État abasside rejette l’anthropomorphisme divin – conception de la divinité à l’image de l’homme – tout en se refusant à placer les textes saints dont le Coran à l’abri du rationalisme.

Né en 780 à Bagdad, et mort en 855 dans la même ville, le traditionaliste Ibn Hanbal considéra qu’un tel rationalisme n’a rien à voir avec l’islam originel du temps du Prophète caractérisé par l’exégèse coranique et la science du hadith. La théologie dogmatique de ce courant est celle du hanbalisme et du salafisme – as-salafiyyah dérivé de salaf, ancêtre – jusqu’au XXème siècle. Caractérisé par un fort degré de fidéisme, par opposition au rationalisme, il considère qu’un retour à la pureté originelle de l’islam ne peut être garanti que par la foi, professant que la révélation – pas la science – est l’unique source de la vérité. De l’avis de l’historien médiéval, anthropologue, juriste et chercheur associé à l’Institut de recherche et d’histoire des textes du Centre national de recherche scientifique (CNRS), Lahcen Daaïf, « Ibn Hanbal ne profère aucune décision juridique qui ne soit expressément fondée sur le Coran et la Tradition du Prophète (Sunna) ou sur l’atçar, c’est-à-dire les choix et les dires des Compagnons et parfois de certains Successeurs de la première génération (tâbi ûne) ».

Plus tard, le puritanisme de l’imam d’origine syrienne Ibn Taymiyya (1263-1328) est considéré comme une réorientation du traditionalisme hanbalite opposée aux innovations (bida’) dont deux d’entre elles (le culte des saints et la visite des tombeaux des morts) sont des traits marquants du soufisme au Sénégal.

Fondateur éponyme du wahhabisme saoudien, Muhammad Ibn ‘Abd al-Wahhab (1703-1792) revendique, lui, et le littéralisme hanbalite et le puritanisme d’Ibn Taymiyya. Le passage d’un réformisme progressiste à un réformisme littéraliste proche du wahhabisme avait été observé chez des disciples de Taymiyya comme Rachid Rida (1865-1935) qui voyait dans le retour à la pureté une manière d’éviter un mysticisme trop éloigné du texte grâce à l’effort de réflexion (ijtihad), considéré comme une inclination du salafisme, sur les textes fondateurs de l’islam.

Soupçonnant un « filtre interprétatif », entre les textes et les musulmans, susceptible d’inhiber l’accès direct au texte et à sa « vérité fondamentale », le Saoudien d’origine albanaise Muhammad Nasir al-Din al-Albani (1914-1999) critique avec véhémence le wahhabisme. Al-Albani prône alors un « salafisme alternatif recentré sur les hadith » en situant l’ijtihad hors du hanbalisme et du wahhabisme. Muhammad Nasir al-Din al-Albani est alors considéré comme un danger pour le royaume saoudien pour s’être attaqué à l’autorité des ulama wahhabites et, du coup, à la légitimité religieuse des Saoud.

Al-Albani ne parvint alors pas, loin s’en faut, à rétrograder l’influence wahhabite sur le système politique, économique, social et judiciaire saoudien. Muhammad Ibn ‘Abd al-Wahhab doit ce succès à lui-même puisque fort de son credo qu’est le retour à l’islam pur venu de Dieu et en dépit du rejet des innovations (bi’da), des vénérations, des admirations, des demandes d’intercession des saints, du recueillement dans les sanctuaires et les mausolées, etc., il n’est pas l’« hérétique » indexé dans son village natal où il est menacé de mort. À Dariya où il se réfugia, Ibn ‘Abd al-Wahhab rencontre en 1744 l’émir Muhammad Ibn Saoud à qui il conféra la légitimité religieuse en recevant de lui le soutien politique qui fit défaut au hanbalisme, provoquant ainsi sa dislocation.

Bien que Muhammad Ibn ‘Abd al-Wahhab ait refusé de soutenir la prise, en 1773, de Riyad par le successeur, Al-Aziz, d’Ibn Saoud et sa conversion par la force, les populations sous la menace violente d’Al-Aziz considèrent que le wahhabisme est une réforme guerrière. Faux d’après bon nombre de spécialistes !

En optant pour les conversions pacifiques obtenues par le dialogue, la persuasion, le bannissement de l’anathème et de l’action violente sur fond de promotion de la légitime défense en cas d’agression avérée, Ibn ‘Abd al-Wahhab se conforma à l’esprit et à la lettre du verset 256 de la sourate 2 « La vache » (Al-Baqarah : البقرة) du Saint Coran :

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« Nulle contrainte en religion ! Car le bon chemin s’est distingué de l’égarement. »(2:256)

Le message de paix dont l’islam est porteur est donc celui du mouvement religieux pacifique et réformateur appelé wahhabisme, qui a réussi à placer sous influence le Royaume d’Arabie Saoudite depuis sa proclamation par Ibn Saoud le 18 septembre 1932.

Le rayonnement du royaume saoudien s’accroît d’année en année à la faveur de l’attraction que les lieux saints de l’islam qu’il abrite exercent sur les musulmans du monde entier et de la manne pétrolière considérable qui booste les possibilités budgétaires et d’intervention de Riyad en matière de politique étrangère. Ce rayonnement est naturellement assorti de l’exportation, plutôt involontaire, du wahhabisme sous le prisme duquel – tâche commune à toutes les doctrines théologiques – sont analysés et interprétés les croyances et les dogmes religieux.

En tant que doctrine théologique pacifiste, le wahhabisme n’a jamais été un mouvement dirigé contre l’Occident. « Son approche littéraliste des textes et son emphase sur la pureté doctrinale » expliquent plutôt sa critique des musulmans qui s’en écarteraient dans la pratique. Mais la doctrine s’autonomise considérablement après 1979, date à laquelle l’invasion soviétique de l’Afghanistan pousse Riyad à encourager largement le jihād afghan jusqu’à la fin de la guerre en 1989. Cet épisode (1979-1989) est le moment choisi par un Saoudien riche et de bonne famille Oussama Ben Laden (1957-2011) pour s’imposer comme figure de l’islam combattant auprès des Afghans, plaçant sous son contrôle des milliers de moudjahidines, sans jamais se réfèrer au wahhabisme et sans la moindre allégeance aux al-Saoud.

En refusant la mise à sa disposition des combattants sous le contrôle de Ben Laden après l’invasion du Koweït en août 1990 – une réelle menace pour le royaume saoudien -, Riyad « humilie » le moudjahid médiatisé qui, depuis le Soudan, critique vertement l’Amérique. La conceptualisation du jihadisme par des activistes musulmans dont le fondateur de l’organisation terroriste Al-qaïda (« la base ») en 1987, Abdallah Azzam (1941-1989), Abu Muhamad Al-Maqdissi (né en 1959) et Ben Laden lui-même, tous farouchement opposés à l’installation sur la Terre sainte de ce qu’ils appellent les « infidèles américains » que l’islam doit vaincre, est alors considérée comme une réponse appropriée au revers.

L’« islam combattant » – le jihadisme en un mot – veut alors s’imposer comme une idéologie mondiale dont les principes, indissociables de l’interprétation de concepts clés, se présentent ainsi qu’il suit : «

1. L’islam est en guerre avec l’Occident et ses alliés dans les sociétés musulmanes ;

2. Le système reposant sur l’État-nation, les institutions publiques et la démocratie est contraire à l’islam ;

3. Le recours à la violence à l’encontre d’un musulman qui commet des péchés majeurs est légitime. »

Le premier principe est lié au concept d’« al-wala’ wal bara » (la loyauté et le désaveu). S’agissant du deuxième principe, il renvoie à l’idée que les idéologues se font du concept d’« al-Hakimiyyah » (la souveraineté). Le concept de « Takfir » (l’excommunication) est, lui, à l’origine du troisième et dernier principe.

Dans la pratique, les constitutions des pays musulmans sont rejetées au nom du premier concept. Parce qu’elle n’appartient qu’à Dieu selon le deuxième concept, la souveraineté des États concernés ne peut être reconnue. Quant au troisième et dernier concept, il permet de définir les conditions dans lesquelles un musulman peut être excommunié et les conséquences de l’excommunication.

Ainsi sont réunis, dans une large mesure, les ingrédients d’une idéologie politique « censée répondre aux défis auxquels sont confrontées les sociétés musulmanes contemporaines » comme, par exemple, celle de l’Algérie indépendante, reprise par des activistes locaux – en Afrique de l’ouest notamment – « pour articuler un discours d’instrumentalisation des doléances des populations locales » surtout en cas de dissensus dans un contexte politique défavorable aux régimes en place.

Le jihadisme en Afrique de l’Ouest

« Le 4 octobre [1988] au soir, écrit Akram B. ELLYAS dans les colonnes du Monde diplomatique (mars 1999), débutent [en Algérie] des émeutes historiques d’une incroyable violence. Elles s’amplifient le lendemain et plongent, durant plusieurs jours, Alger puis d’autres villes dans un chaos sans égal depuis l’indépendance. »  Comme il fallait s’y attendre, la qualification des événements opposa les tenants, proches du régime algérien, de la criminalisation des émeutiers visant la dépolitisation et les défenseurs de la politisation dont le point de vue s’impose finalement à tous.

Un peu moins d’un an après, le projet de révision constitutionnelle, publié le 5 février 1989, « ne fait plus référence (…) au « socialisme », à la « Charte nationale » et au « parti unique », qui étaient jusque-là les piliers du régime algérien, et il reconnaît même les « Associations à caractère politique » (ACP) ». Prenant appui sur ce projet et sur l’encouragement que constituait pour eux la création, le 3 mars 1989, du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), les fondateurs du Front islamique du salut (FIS) considérèrent qu’« un peu de liberté et moins de contraintes » leur suffisaient « pour prétendre publiquement représenter les fidèles ». Le 10 mars 1989, le FIS, premier parti islamique en Algérie, est créé.

En prélude aux élections législatives de 1991, le FIS dévoile les grandes lignes de son programme. Aux yeux du collège dirigeant du parti, la « scolarité plus élevée des femmes » passe par la réforme de l’éducation à côté de celle des médias. Un second clin d’œil aux femmes, sur fond d’amélioration du logement, avait été la promesse d’une rémunération à celles d’entre elles qui élevaient des enfants. Le développement économique, la « libre entreprise » pour la « création d’emplois » parlaient évidemment à la « base de l’appui populaire du [FIS] se trouv[ant] parmi la jeunesse urbaine, pauvre, sans emploi et désillusionnée ».

Au plan politique, la promesse d’instaurer un « gouvernement responsable » dans un État islamique n’avait pas été suivie de la clarification par le FIS de sa « position sur les parties controversées (houdoud) de la charia où l’on définit les châtiments tels que l’amputation de la main d’un voleur ».

« L’identité religieuse et culturelle commune au peuple algérien » était plutôt propice aux « œuvres de charité locale » et au port du foulard par les femmes qui sont nombreuses à créditer le FIS de « l’honnêteté » et de « l’espoir » dont le Front de Libération Nationale (FLN) et les autres partis politiques avaient du mal à se prévaloir.

« Hostilité [du Front islamique du salut] à la démocratie et au multipartisme » ou pas, l’option politique déclinée du FIS avait été suffisante en décembre 1991 pour permettre au Front d’arriver largement en tête des élections législatives pluralistes, jamais organisées en Algérie, avec 188 sièges engrangés dès le premier tour de scrutin. Crédité par les observateurs de la majorité absolue de 216 sièges au second tour, le FIS ne goûta pas à la victoire qui se dessinait puisque l’armée stoppa le processus en annulant les élections, annihilant du coup la possibilité d’une solution politique au « mal-développement algérien » sous le regard médusé des vétérans algériens du jihad antisoviétique (1979-1989) en Afghanistan. Leur influence s’ajouta au désenchantement du FIS et de la société algérienne assez bien représentée au sein du Front. Pour plusieurs groupes armés, proches ou non du FIS, le rêve (brisé) « d’instaurer un gouvernement tel qu’il aurait été pratiqué à l’époque de Mahomet » ne pourrait plus se réaliser que par le recours à la guérilla qui précipita l’Algérie dans la guerre civile, opposant, de 1991 à 2002, lesdits groupes au gouvernement algérien.

La fin, en février 2002, des hostilités en Algérie ne s’expliquent pas que par la défaite des groupes armés face au gouvernement algérien. Ce dernier tire naturellement parti de l’appartenance de l’Algérie à un monde globalisé où circulent non seulement les biens et les personnes mais aussi – et on l’oublie souvent – les idéologies – parmi lesquelles figure le jihadisme -, qui ont la faculté de fédérer des vues pour les faire converger vers le même point. Antérieurs à la fin de la guerre civile algérienne, « les attentats du 11 septembre [2001] et la “guerre contre le terrorisme” ont contribué à diffuser l’idéologie jihadiste [qui inspira bien des vocations] dans le monde ». En Algérie même, la mutation des différents mouvements armés en Groupement salafiste – as-salafiyyah dérivé de salaf, ancêtre – pour la prédication et le combat (GSPC) va accélérer « l’affiliation à Al Qaïda et l’ouverture sahélienne ».

Annoncée fin 2006 par l’« émir » du GSPC, Ayman al Zawahiri, et « officialisée début 2007 », l’affiliation à Al Qaïda s’est faite sous la dénomination AQMI (Al Qaïda au Maghreb islamique). Les « succès des forces algériennes » et les terrains marocain et tunisien moins propices à l’influence du salafisme armé poussent AQMI à porter ses opérations au Sahel en s’appuyant sur le « sanctuaire logistique » développé au Nord-Mali par le GSPC. Là-bas, « la jeunesse de Kidal, désœuvrée, est sensible au modèle de réussite sociale et financière des salafistes. Ces deniers possèdent de surcroît des relais militants en Mauritanie et dans la diaspora maure en Afrique de l’Ouest. En Mauritanie, comme au Mali et au Niger, AQMI utilise fréquemment des relais crapuleux pour kidnapper ses proies. » Mais les tensions nées des rivalités pour le commandement ne manquent pas. Celles qui opposèrent les Algériens aux Maliens sont, à titre d’exemple, à l’origine de la création du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), attestant d’un ancrage local des mouvements jihadistes en Afrique de l’Ouest au détriment du jihad régional initié par le GSPC à la suite de l’abandon par le groupe salafiste du conflit national.

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Concurrent d’Al-Qaïda sur le terrain du jihadisme, l’État islamique (EI) proclama, 15 ans après sa création en 1999, l’instauration d’un califat sur les territoires sous contrôle en Syrie, en Irak, en Libye et en Afghanistan. En 2015, l’État islamique dans le Grand Sahel (EIGS) s’établit quand l’ancien porte-parole du MUJAO, Adnan Abou Walid Sahraoui, fit allégeance à l’État islamique, entraînant le groupe Al-Mourabitoun (Les Almoravides), né de la fusion, en 2011, du MUJAO avec Les Signataires par le Sang, dans une scission au désavantage d’AQMI.

Dans le Liptako-Gourma, les activités violentes de l’EIGS se concentre sur le contrôle d’activités génératrices de revenus en prenant pour cible les communautés qui pratiquent l’exploitation aurifère artisanale dans la région et le long des routes commerciales vers les côtes de l’Afrique de l’Ouest.

Progressivement, les enjeux politiques, économiques, sociaux et culturels locaux ont fait surgir des mouvements jihadistes qui disent vouloir répondre aux attentes des populations locales qui, dans bien des cas, manquent de tout ou presque. Plus tard, la « reformulation en termes jihadistes » des griefs (néocolonialisme, pillage des ressources naturelles, contrats léonins au détriment des entrepreneurs locaux, etc.) à l’encontre de la France en Afrique de l’Ouest confère aux « entrepreneurs jihadistes » locaux une autre portée et justifie « l’insurrection jihadiste » à l’encontre des États ouest-africains concernés et des intérêts français.

En observant tous ces faits, la construction à laquelle parvient SEDGWICK est particulièrement digne d’intérêt : « L’idéologie est une condition nécessaire à l’essor d’une insurrection jihadiste, mais elle n’est pas suffisante. Il n’existe pas d’insurrection spontanée, sans instigateur ni organisateur. Les instigateurs peaufinent le discours, déclarent que l’insurrection est le seul moyen d’atteindre des objectifs, fournissent les arguments qui apportent une justification morale de la violence et persuadent leurs adeptes de la réussite probable de l’insurrection, en dépit des risques. »

Oripeaux partisans du jihadisme au Sénégal

Quid d’une insurrection partisane avec, en toile de fond, une idéologie jihadiste ? Elle suit le même schéma, conférant à la construction de SEDGWICK toutes les qualités d’un prisme sous lequel peut parfaitement être analysée l’insurrection à laquelle appela le patron de Pastef Ousmane Sonko et qui provoqua les émeutes de février-mars 2021 jamais enregistrées au Sénégal depuis l’indépendance. Le mémorandum du gouvernement sénégalais consacré à ces émeutes en dit long sur les similitudes frappantes entre les modes opératoires jihadiste et partisan propre à Pastef : « En affirmant, sans ambages, “qu’on ne pouvait pas vouloir une chose et son contraire ; que le temps était venu de se battre au prix de sa vie”, [Ousmane Sonko] invitait les jeunes au soulèvement, à la révolte et à ne montrer “aucun signe de faiblesse”.

Cet appel à la violence, qu’il qualifie de révolution, trouvera un écho favorable auprès de ses inconditionnels, puisque la levée de son immunité parlementaire, le lendemain de sa déclaration, a déclenché un nouveau cycle de troubles. »

Non moins révélateur est le passage, rédigé de bonne foi, par les rédacteurs du contre-mémorandum du Mouvement de défense de la démocratie (M2D) : « Les Sénégalais n’aiment pas l’injustice. Pour cette fois, le peuple, excédé de voir des opposants liquidés les uns après les autres dans une logique de conservation du pouvoir présidentiel, a pris ses responsabilités, pour crier son ras-le-bol face à l’injustice flagrante et aux agressions répétées contre la démocratie. » Le discours radical d’Ousmane Sonko n’est ni plus ni moins que le moyen efficace d’instrumentalisation du rejet (avéré) de toutes les formes d’injustice par les Sénégalais et de leur adhésion sans équivoque à des processus démocratiques non entachés d’irrégularités.

C’est donc avec des oripeaux partisans que la faction jihadiste Pastef fait son nid aux dépens de la démocratie sénégalaise dont elle ne reconnaît aucun des rouages institutionnels. L’appel, fait en août 2021 par Ousmane Sonko à « l’occupation des centres d’inscription par les jeunes primo votants en difficulté », et contre lequel nous avons énergiquement répondu sur YouTube, était on ne peut plus révélateur. Les réponses aux sorties de Sonko qui suivront, quand c’est nécessaire, seront toutes inspirées par ce que nous appelons l’antiterrorisme rationnel permettant d’éviter de tomber dans le piège de la « lutte contre le terrorisme » dont on connaît les limites objectives dans l’espace et dans le temps. De quoi s’agit-il ?

De l’antiterrorisme rationnel

Lorsqu’on étudie l’islam, l’intérêt pour son livre saint qu’est le Coran s’impose que l’on soit musulman ou pas. Le « Livre des versets pleins de sagesse » est une double invitation à l’être humain tel qu’il est désigné par Dieu dans le Rappel :

– une invitation au culte

‎ Al ibada

– une invitation à la réflexion

‎ Al tafakkur

Réflexion sur Dieu, sur soi, sur la science, le monde, l’invisible, etc., qui n’exclut pas un travail de recherche de la vérité au sujet des versets coraniques.

Se voyant offrir deux cartes d’invitation, les musulmans ont massivement répondu à la première (Al ibada), négligeant la deuxième (Al tafakkur). Cheikh Ahmed Tidiane SY explique l’engouement pour la première invitation au détriment de la deuxième en insistant sur la relative aisance dans le culte et les difficultés auxquelles les musulmans sont confrontés lorsqu’ils investissent le champ de la réflexion, de l’observation, de la recherche et du débat contradictoire en même temps que des milliers de non musulmans très fortunés, des milliers de savants non musulmans, des milliers de philosophes non musulmans, etc., qui contestent et l’authenticité du Prophète des musulmans et l’authenticité des versets du Coran qui, de leur divulgation à nos jours, ont fini par se propager aux quatre coins de la Planète malgré l’hostilité (réelle ou supposée) qu’on leur manifesta en Occident notamment.

Mais l’erreur des jihadistes – combattants autoproclamés de l’islam – est de n’avoir pas cherché dans le Coran ou de n’avoir pas adéquatement interprété ce qui s’y trouve pour relever le défi intellectuel dont le primat sur tous les autres défis (politique, économique, social, culturel, technologique, etc.) déterminerait avant tout l’issue de ce qui n’aurait dû être, au pire des cas, qu’une deuxième guerre froide opposant le monde arabo-musulman à l’Ocident après la première qui opposa le monde, dit « libre », au bloc, dit « totalitaire », jusqu’à la chute du mur de Berlin en 1989 et la réunification de l’Allemagne. Si la guerre des idées avait eu lieu, l’affrontement entre les démocraties occidentales et les monocraties arabo-musulmanes auraient vite tourné à l’avantage de ces dernières grâce aux ressources du Livre qui n’élude aucun sujet.

« Nous n’avons rien omis d’écrire dans le Livre. » (6:38)

L’échec de l’ONU, aujourd’hui vielle de 77 ans, dans son effort ininterrompu de démilitarisation des esprits pour l’avènement d’une société mondiale post-clausewitzienne, sans terrorisme ordinaire et extraordinaire, s’expliquerait, selon la thèse originale de Cheikh Ahmed Tidiane SY, inspirée par le Coran et la Sunna, par la tournure favorable à la notion de « Condition » dans l’affrontement sans merci qui l’opposa à l’idée de « Conscience ». Pourtant, il suffit, de l’avis du conférencier, que l’individu tire de sa conscience les ressources qui s’y trouvent et dont il a besoin pour sortir de sa mauvaise condition en se réinventant et en réparant en même temps le monde déréglé auquel il ne pense pouvoir échapper autrement que par le « suicide égoïste » dont l’une des formes extrêmes, de type jihadiste, est « l’attentat-suicide ».

Que se passe-t-il maintenant quand la Conscience prend le dessus sur la mauvaise condition réelle ou supposée ? Deux choses à la fois : l’abandon du discours tintamarresque utilisée pour faire peur à l’autre et la renonciation à l’artifice violent en renouant avec l’intelligence et l’effort. Deux recommandations faites aux mondes, comme dans un conte, par Dieu à travers deux versets d’une divine beauté : le cri de l’âne du mauvais locuteur et la ruse du paresseux qui pense avoir réussi son coup comme l’araignée qui tisse sa mince et fragile toile dans une chambre sans y être invitée.

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« Sois modeste dans ta démarche, et baisse ta voix, car la plus détestée des voix, c’est bien la voix des ânes. » (31:19)

« Ceux qui ont pris des protecteurs en dehors d’Allah ressemblent à l’araignée qui s’est donnée maison. Or la maison la plus fragile est celle de l’araignée. Si seulement ils savaient ! » (29:41)

La Conscience, opposée à la mauvaise condition, renvoie dos à dos le jihadiste qui en veut à tout le monde sans discernement et sa cible entraînée dans une « guerre contre le terrorisme » qu’on ne sait toujours pas gagner puisque « le terrorisme est un mode d’action et non un acteur » saisissable comme n’importe quel autre acteur sur le terrain de la confrontation.

Parce qu’elle égalise les conditions, la Conscience – avec un C majuscule – n’appartient à aucune aire géographique spécifique fondée ou mandatée à proclamer l’universalité de ce qu’elle estime être sa propre conscience. C’est sur cette prise de conscience, à vocation universelle, que l’antiterrorisme rationnel gage son succès en relevant le défi intellectuel et politque venant et des jihadistes et/ou de leurs cibles révoltées.

C’est enfin sous le prisme de tout ce qui vient d’être dit que nous analysons les faux raccourcis que sont, en politique, la ruse de l’araignée et le cri de l’âne. Le recours aux deux renvoient aujourd’hui à une foultitude d’actes terroristes ordinaires dont les plus usités par le patron de Pastef est le choix sans équivoque de l’ennemi à abattre, le discrédit jeté publiquement sur les institutions de la République, le mensonge médiatisé, le fake news dans les réseaux asociaux, les menaces proférées par les mêmes canaux, l’appel récurrent au soulèvement, etc. En laissant entendre que la seule élection présidentielle gagnée par le président Macky SALL est celle de février et mars 2012 à laquelle il ne participa pas pour n’avoir pas eu à cette date une existence politique, Ousmane Sonko ne reconnaît toujours pas sa défaite de février 2019 malgré sa troisième place derrière les candidats Macky Sall et Idrissa Seck. M. Sonko n’est donc pas prêt à reconnaître aucune autre défaite électorale.

Autant de mépris pour la « démocratie procédurale » et la démocratie tout court augure un déferlement de violence auquel Pastef se prépare en se donnant en sourdine les moyens du terrorisme extraordinaire dont les victimes présumées sont les « membres des forces [de défense] et de sécurité et leurs familles, les journalistes et d’autres employés des médias, les fonctionnaires, les étrangers, les femmes, les avocats, les intellectuels, les artistes, les militants dans le domaine des droits de la personne et les enseignants ». Il faut s’attendre, le moment venu, à ce que des militants en uniforme et armés de Pastef installent de faux postes de contrôle pouvant coûter la vie à de nombreux politiciens et gendarmes de nos forces de défense et de sécurité. Les inconditionnels de Pastef qui ont incendié le véhicule du journaliste Macoumba Beye et attaqué les locaux de la chaîne de télévision « politiquement correcte » TFM n’hésiteraient pas, le moment venu, « [d’ordonner] à tous les journalistes de la radio et de la télévision [considérés comme défavorables à leur faction] de cesser de travailler sous peine de mort ». Il faut également s’attendre à ce que « les militants [de PASTEF] tuent des étrangers afin d’isoler [le Sénégal] sur le plan international et de discréditer encore plus l’État en le présentant “comme une entité faible, incapable de protéger ses hôtes étrangers ou ses citoyens” ». Le moment venu, les « intellectuels, écrivains, artistes, syndicalistes, avocats, militants politiques et défenseurs des droits de la personne [que les jeunes amis de Sonko accusent de critiquer Pastef], de collaborer avec le gouvernement ou de représenter les dirigeants politiques [indésirables] seront également pris pour cible ». Il ne fait alors aucun doute que des avocats et des juges soupçonnés d’avoir travaillé pour la proclamation de résultats défavorables à Ousmane Sonko et/ou à Pastef seront inquiétés.

L’antiterrorisme rationnel suffira-t-il à endiguer le mal du fait d’une prise de conscience collective accélérée cette fois par une contribution exceptionnelle de l’audiovisuel public au débat d’idées ? En l’absence d’une initiative originale du débat contradictoire dans les médias, les faits montrent que non depuis les émeutes de février-mars 2021. Le badigeonnage de panneaux pour les rendre inexploitables au bord de nos routes et le bouchage de canalisations pour l’évacuation des eaux de pluie à Keur Massar sont des actes de sabotage dont les auteurs ne se montreraient pas hostiles à Pastef et à son géniteur narcissique, incompétent, arrogant et violent quand ils n’y militent pas. La violence légitime doit donc se préparer à toute éventualité en parfaite intelligence avec le Renseignement. Pour tout dire, « la lutte contre une [faction] qui défie l’État [comme Pastef] doit se décliner tant au niveau sécuritaire que social et politique, en somme selon un triangle alliant sécurité, développement et gouvernance politique. En d’autres termes, il s’agit à la fois de neutraliser un potentiel de violence par la coercition et le droit (…) que de réduire le substrat sur lequel il se développe ».

Bien sûr, la « Transparence » et l’« Ethique  » claironnées par Pastef et son patron enchantent des enseignants du primaire, des premier et second cycles du secondaire et des universitaires. Nous invitons les mêmes à s’arrêter sur la « Fraternité  » qui est un projet politique, illusoire sans la concorde, et non une déclamation creuse faite pour tromper l’opinion.

« Les croyants ne sont que des frères. Etablissez la concorde entre vos frères, et craignez Allah, afin qu’on vous fasse miséricorde. »(49 :10)

Gagner le débat…(L’Harmattan, Février 2023)

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