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Sonko, La DÉsobÉissance Civique Et L’antisystÈme

Désobéissance civile, expression plus courante, ou désobéissance civique, selon la terminologie employée par Sonko ? Cela n’est point un débat ici, car dans le cas d’espèce, toutes les deux acceptions renvoient aux rapports du citoyen avec la loi ou les institutions, en termes de devoirs comme de droits, ainsi qu’aux rapports sociaux et politiques avec la communauté des concitoyens.

De l’antiquité à nos jours, la désobéissance civique a été et reste l’expression d’une défiance, un moyen de résistance pacifique assumée, destinée à agir efficacement sur les consciences collectives, au nom de principes supérieurs de justice face à la tyrannie, à l’injustice et à l’arbitraire. Dans l’antiquité grecque, Antigone avait choisi de désobéir aux abus de pouvoir du Roi de Thèbes, Créon, qui lui avait interdit de donner une sépulture décente à son frère Polynice, mort en rébellion contre la cité : n’écoutant que son cœur ainsi que « les lois non écrites et éternelles des Dieux », elle était allée courageusement enterrer son frère sous les yeux des soldats du Roi ! Plus proche de nous, rappelons la « Marche du sel » de 386 km, organisée en 1930 par  Mahatma Gandhi dans le cadre de la lutte contre le colon britannique, pour l’indépendance de l’Inde. Citons encore un exemple, parmi d’autres : désobéissant aux règles de la ségrégation raciale dans les bus, Rosa Parks, une noire américaine, refusa, le 1er décembre 1955, de céder sa place à des blancs, ce qui lui valut aussitôt une mise en prison ! Dès le lendemain, le pasteur Martin Luther King, mobilise la communauté afro-américaine qui déclenche alors un boycott général des bus ; ce mouvement, malgré les difficultés, connait un énorme succès, amenant la Cour Suprême à déclarer contraire à la Constitution, la ségrégation raciale dans les bus !

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S’agissant de nous-mêmes, dans le texte liminaire de sa conférence de presse en date du 10 mai dernier, le BP de Pastef- Les Patriotes donne raison à son leader, Ousmane Sonko, « quant à la pertinence de son option pour la désobéissance civique face à une justice transformée en entreprise de banditisme judiciaire ». Loin de tout procès en sorcellerie et comme le prouvent amplement les faits, la posture de Pastef et du président Sonko est une posture de résistance démocratique et pacifique, une posture de légitime défense ; elle exprime la résistance d’une victime qui fait face aux agressions acharnées, aux dénis de justice répétés ou autres violations intempestives et récurrentes des libertés élémentaires d’organisation, d’expression, de circulation, ainsi que de ses droits à un procès juste et équitable, tout le contraire d’un  « Etat de droit » authentique !

La bataille sur le terrain judiciaire est partie intégrante du combat politique frontal qui nous oppose au régime de Macky Sall. Prenant soin de mettre la politique, au sens noble du terme, au poste de commande, et marchant sur nos deux jambes, chaque fois qu’une opportunité se présentera dans le dispositif du ‘’pouvoir judiciaire’’, il nous appartiendra de la saisir et de la mettre au service de l’objectif principal, c’est à dire créer toutes les conditions favorables à la défaite politique du camp de la servitude volontaire, de la prédation et de l’autocratie. Nourrir une défiance justifiée à l’égard d’institutions judiciaires décrédibilisées et  au service d’un individu ou de son clan, n’a jamais voulu dire se priver de saisir la Cour d’Appel ni de se pourvoir en cassation, suivant les avantages éventuels ou les délais qu’offre la procédure en cours, sans entretenir une once d’illusion sur des institutions judiciaires domestiquées par le Prince. La guerre d’usure, le souci constant d’avoir le bon droit de son côté, constituent autant de leviers à mettre à profit pour favoriser l’éducation politique des masses à partir de leur propre expérience de lutte. Orientation ne saurait être plus claire et conduite plus cohérente, sauf pour ceux qui pèchent par ignorance ou naïveté, à moins alors d’être des champions de la confusion volontaire. Monsieur Sonko a mille raisons, fondées sur la réalité des faits, de ne pas faire confiance à la justice sénégalaise et, par conséquent, de refuser de se jeter, pieds et poings liés, dans la gueule du loup. 

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Dans la même lancée, le débat sur système et l’anti-système mérite aussi quelques éclairages. Le système en question ici est un ensemble organisé de relations et d’interrelations, reposant Sur

*une infrastructure économique contrôlée par les classes dominantes,

*une superstructure étatique avec un appareil politique et institutionnel en tant qu’expression d’un pouvoir au service d’intérêts déterminés, s’exerçant à travers des démembrements fonctionnels en termes d’Exécutif, de Législatif et de Judiciaire, avec son administration et son commandement, ses lois, règlements et institutions, ses organes répressifs, militaires et sécuritaires, son socle social, culturel et idéologique, bâti autour de ses valeurs ou contre-valeurs, ses mécanismes de reproduction et de perpétuation…

L’être humain en tant qu’être social n’est point un extra-terrestre planant au- dessus du réel, il est forcément, peu ou prou, un produit et en même temps, un rouage du système. Dès lors, le seul débat qui vaille, c’est de savoir : i) s’il en prend conscience, ii) s’il décide ou non, en toute responsabilité, de choisir son camp, celui de la perpétuation du système en place ou celui du combat résolu contre ce dernier, c’est-à-dire en ce qui nous concerne, le combat pour la défaite et l’élimination du système néocolonial de servitude volontaire, de prédation et d’autocratie. Sous cet éclairage, comme nous le soulignions dans une contribution publiée par le journal Le Quotidien, « aucune révolution, ni même aucun changement significatif dans aucun pays au monde, n’a jamais eu lieu, dans l’histoire contemporaine des luttes des peuples,  sans que des pans entiers du ‘’système’’ en place n’aient basculé, peu ou prou, à un moment déterminé [de l’exacerbation des antagonismes de classe], dans le camp de ‘’l’antisystème’’, l’essentiel étant de  rester stratégiquement fermes sur ses orientations, et en même temps lucides, ouverts et vigilants dans la conduite politique, autour d’objectifs pertinents, clairement définis à chaque étape et aptes à faire avancer réellement la lutte des masses populaires » (Cf A propos de la fusion dans Pastef/ Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l‘Ethique et la Fraternité : de la Gauche qui se meurt à la Gauche qui vit – 9 septembre 2021). A chaque citoyen ou citoyenne, à chaque entité constituée, à chaque corps social de choisir son camp, en s’assumant comme élément homogène ou hétérogène au système, c’est-à-dire acceptant d’être intégré dans le dispositif de reproduction et de perpétuation du système néocolonial-capitaliste en place, ou au contraire travaillant à s’ériger en combattant-e résolu-e pour l’alternative souveraine de rupture. A vos marques, prêts, partez ! Et que le meilleur gagne, le meilleur pour le Sénégal et pour l’Afrique !

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Madieye Mbodj est vice-président de Pastef-Les Patriotes chargé de la vie politique nationale.







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