La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, à son Article 02, établit comme des « droits naturels et imprescriptibles de l’homme » : la liberté, la propriété, la sûreté et « la résistance à l’oppression ». Dans le même ordre de pensée, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de l’ONU (10 décembre 1948) considère, dans son préambule, « qu’il est essentiel que les droits de l’homme soient protégés par un régime de droit pour que l’homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l’oppression ».
Ces instruments juridiques internationaux sont parties intégrantes de la Constitution du Sénégal laquelle, dans son préambule, « affirme son adhésion » à ces principes fondamentaux. Pourtant depuis un certain temps dans notre pays, toute action de résistance, toute parole divergente, sont rangées dans la catégorie des « infractions criminelles » et sévèrement réprimées au motif d’« appel à l’insurrection », « actes de nature à troubler l’ordre public », « entreprise terroriste », et tutti quanti !
De fait, malgré les apparences, le président Macky Sall, loin d’être le maître absolu du jeu, a perdu l’initiative. A preuve, depuis mars 2021, son régime en mauvaise posture avait promis des enquêtes sérieuses pour faire la lumière sur les tueries et destructions liées à ‘’l’affaire Adji Sarr’’ : rien de consistant depuis lors, sinon de nouvelles tueries et destructions, jusqu’en 2023. Les accusations de « terroristes, djihadistes, forces occultes, rebelles », n’arrivent à convaincre personne, malgré tous les montages et matraquages médiatiques par des mercenaires de la plume ou autres thuriféraires stipendiés, tout le contraire de ces intellectuels dignes et courageux qui prennent la parole au seul nom de la vérité des faits.
L’on assiste de plus en plus ouvertement à l’instauration dans notre pays d’un État de non- droit ou d’un état hors-la-loi, dérivant dangereusement vers un régime d’exception ou de terreur non déclaré. Sinon, comment expliquer que pratiquement aucune liberté de réunion, d’expression ni de manifestation ni de participation au libre jeu du fonctionnement et de la compétition démocratiques, ne soit reconnue dans les faits, ni aux citoyens à la voix dissonante ni aux partis politiques d’opposition légalement constitués et reconnus, en vertu de la Constitution, comme « un rouage indispensable » et « un pilier fondamental » de la démocratie ?! Coupures du signal de médias indépendants, restrictions répétées sur l’internet mobile, chasses à l’homme sur la toile ciblant entre autres les jeunes tiktokeurs, etc. : quelle est donc cette vérité que l’on ne voudrait pas laisser pénétrer l’esprit et le cœur des larges masses populaires des villes, des banlieues et des campagnes ?
Pourquoi monsieur Ousmane Sonko est-il persécuté, faisant systématiquement l’objet de toute sorte de complots et manigances dans l’unique dessein d’empêcher, par tous les moyens, sa candidature à la présidentielle de février 2024 ? Pourquoi s’échiner à diaboliser un homme politique imbu d’éthique, patriote jusqu’à la moëlle des os, qui n’a jamais cessé d’inviter au débat d’idées, en commençant par mettre lui-même dans la corbeille des réflexions et propositions, plusieurs ouvrages et publications de haute facture entre 2017 et 2022, dont : « Pétrole et gaz au Sénégal . Chronique d’une spoliation – mai 2017 », « Solutions pour un Sénégal nouveau – septembre 2018 », « Territoires du développement, janvier 2022- coécrit avec Balla Moussa Fofana »,, « Lumière sur les violences de l’État du Sénégal : Mémorandum – juin 2023 » ?
Ce même homme, aussitôt mis en liberté le 8 mars 2021 par le pouvoir en place, au plus fort de la tempête née du complot connu sous le nom de « l’affaire Adji Sarr », a aussitôt réuni acteurs politiques, société civile et médias pour publiquement demander, d’une part à la jeunesse en révolte d’arrêter le combat afin de permettre au président Macky Sall de mener son mandat jusqu’à son terme en 2024, d’autre part à la rébellion indépendantiste de Casamance de déposer les armes, en vue d’un règlement pacifique et définitif du conflit : voilà l’opposant peint pourtant, urbi et orbi, sous les traits imaginaires d’un « salafiste violent et dangereux pour la République » !
A n’en pas douter, Ousmane Sonko constitue une patate chaude, difficile à avaler ! Tout comme d’ailleurs Me Juan Branco, membre de son pool d’avocats, aux côtés de ses confrères sénégalais et africains, qui n’a pas manqué de mettre à nu les incohérences de cet « Etat fort » que serait le Sénégal ! Un « Etat fort » quand il s’agit de bander des muscles contre ses propres citoyens ? Ou de faire croupir dans les prisons plus d’un millier de patriotes et autres démocrates, tels les Fadilou Keita, Nit Dof, Papito Kara, Ousmane Diagne, Amy Dia, Bassirou Diomaye Faye, Mme Bitèye, Kaba Diakité, Falla Fleur, Bilal Diatta, Hannibal Djim, Papa Abdoulaye Touré, et parmi les tout derniers, Cheikh Bara Ndiaye, Maïmouna Dieye, Djamil Sané, Alpha Bocar Khouma, Me Babacar Ndiaye, et tant d’autres, amenant plusieurs organisations de défense des droits humains à pointer la peu glorieuse 1ère place du Sénégal dans le monde en matière de détention de prisonniers politiques ! Et qui pourrait oublier les plus de 50 personnes tuées entre mars 2021 et juin 2023, le plus souvent avec balles réelles ?
Et voilà que maintenant le pénible processus de construction de la démocratie dans notre pays vient d’enregistrer un gigantesque bond en arrière avec la dissolution, par décret, du parti Pastef, 63 ans après celle du Parti Africain de l’Indépendance (PAI), le 1er août 19660, par le régime senghorien de l’époque ! Dissolution de Pastef préméditée du reste depuis au moins un certain communiqué en date du 02 janvier 2021, diffusé tard dans la nuit par un ministre de l’intérieur fort dérangé par le succès du nemmeeku tour (visites aux populations à la base) du président Ousmane Sonko. Mais peut-on réellement dissoudre une vision, un espoir, un projet porté par des millions de patriotes au Sénégal, en Afrique et dans la diaspora ? Ce ne sont pas les arrestations et emprisonnements à la pelle, les entreprises forcenées de décapitation, de désorganisation et d’intimidation qui arriveront à divertir les millions de patriotes et démocrates par rapport aux tâches essentielles de l’heure. Des millions de militants et sympathisants, citoyens hommes et femmes, jeunes, adultes et personnes âgées, toutes et tous convaincu-e-s au Sénégal, en Afrique et dans la diaspora, que ce qui se joue sous nos yeux, loin d’être l’affaire d’une personne ou d’un parti politique, pose plutôt l’enjeu du présent et du futur d’un engagement populaire et citoyen collectif, autour d’un destin commun, comme le souligne fort justement Ousmane Sonko lui-même : « Le Sénégal n’a pas besoin de messie ni de héros, mais d’une masse critique de citoyens conscients des enjeux et qui ont le courage d’agir ». La lutte contre « les entreprises ou menaces terroristes », nouveau spectre des temps modernes, a souvent servi dans bien des cas à travers le monde, d’écran de fumée pour restreindre les libertés et camoufler les violations des droits démocratiques, en cherchant à instaurer un espace politique monolithique, comme qui dirait l’instauration d’un véritable terrorisme politique, judiciaire et sécuritaire, ou au mieux un retour aux tristement célèbres régimes de parti unique de fait !
Confrontés à l’équation insoluble de la désignation dans son attelage, d’un candidat consensuel à la présidentielle de 2024, l’Etat-Parti APR/BBY, ses suppôts et tous ses champions réunis ont, à l’évidence, peur d’affronter Ousmane Sonko et Pastef sur le terrain de la compétition électorale démocratique, au point de voir les plus haineux d’entre eux jubiler cyniquement devant l’annonce de son entrée en coma après son admission en réanimation au bout de plus de 20 jours de diète en détention ! De plus, la contumace, pourtant anéantie de plein droit, de l’avis de tous les spécialistes de bonne foi, dès l’arrestation du sieur Sonko et la notification au tribunal de sa décision de non acquiescement, sa supposée radiation des listes électorales, agitée à la faveur des accords issus du dialogue-deal initié par le pouvoir, sont autant d’illustrations de cette peur bleue du libre jeu démocratique, face à face avec Ousmane Sonko, laissant le soin au peuple souverain d’élire le candidat ou la candidate de son choix. Il s’y ajoute que la plus que difficile situation sociale du pays, dans ls villes comme dans les campagnes, ne milite guère en faveur des candidats, officiels ou officieux, du pouvoir en place, avec les affres de la vie chère, du chômage endémique des jeunes,, de la pauvreté et de la misère sociale galopantes, des vagues meurtrières des migrations dites irrégulières, sans oublier les spoliations foncières récurrentes, les injustices et inégalités sociales insolentes, les scandales multiples à milliards nés de la ‘’gestion sombre et vicieuse’’ des ressources nationales, autant de méfaits entre autres, dont est pavé le bilan du régime Sall.
Ne pourrait-on pas d’ailleurs se demander si le zèle actuel des présidents ivoirien et sénégalais en faveur d’une intervention militaire au Niger, comparé d’une part à la retenue de plusieurs autres chefs d’états de la CEDEAO, d’autre part à la large désapprobation des parlements et des peuples de la région ouest-africaine, ne serait pas dicté par un alignement invétéré sur les positions de la France néocoloniale de Macron et, surtout, par des préoccupations intérieures de survie et de pérennisation de leurs propres régimes en butte avec des difficultés inextricables ? L’UA, la France et les USA avaient-ils eu les mêmes réactions et la même cruauté de sanctions lors du coup d’État qui a propulsé Déby fils au pouvoir au Tchad en avril 2021 ? Notre club de chefs d’état, donneurs de leçons en matière de « bonne gouvernance républicaine », d’« état de droit » et de « respect de l’ordre constitutionnel », sont-ils des modèles de démocrates chez eux pour prétendre aller « rétablir la démocratie » chez le voisin ? Qu’ont-ils fait réellement jusqu’ici contre les tripatouillages et coups d’état constitutionnels, contre les passages en force des 3èmes mandats ?
Que personne ne s’y méprenne, wiiri wiiri jaari ndaari : citoyens patriotes, plus que jamais gardons le cap, focus sur 2024 ! Il nous appartient de nous organiser et de nous mettre en ordre de bataille, avec la coalition portée par le peuple des citoyens patriotes : « on gagne, ou on gagne ! » Il est impératif, dans ce cadre, de veiller à déployer une communication qui, se détournant de toute cible de diversion ou de leurre, concentre ses lumières sur la déconstruction des slogans trompeurs du régime Macky Sall-APR-BBY, et en même temps sur l’explicitation de nos solutions, notre offre programmatique alternative autour des préoccupations essentielles des masses sénégalaises et africaines. Sans s’exposer ni prêter le flanc inutilement, ni s’offrir facilement à l’adversaire, faire plutôt preuve de responsabilité, d’intelligence politique et de maturité, s’armer de toute la vigilance requise pour contrer efficacement les infiltrations, sabotages et autres provocations en tous genres sur le terrain ou à travers les différents supports médiatiques et autres réseaux sociaux. Poursuivre et intensifier la mobilisation populaire et citoyenne pour la libération immédiate et inconditionnelle du président Ousmane Sonko ainsi que des plus de 1 062 détenus politiques. Continuer à se battre pour des élections démocratiques, inclusives et transparentes sous l’autorité d’un organisme réellement autonome et non partisan. S’attacher avant, pendant et après le scrutin à obstruer, en mettant judicieusement à profit toute l’expertise citoyenne disponible, les diverses voies et stratégies de fraudes, notamment le contrôle quasi exclusif du pouvoir sur le fichier électoral, le monopole de la délimitation ou de la modification de la carte électorale, l’exclusion à l’avance de près de 2 millions de jeunes primo-votants, la planification de la fraude électronique en amont avec la complicité de cabinets étrangers experts en la matière, entre autres pratiques déjà largement expérimentées antérieurement. Cependant, avec l’évolution positive en cours des rapports de forces, la transformation positive des consciences populaires et citoyennes se démarquant progressivement des différentes formes d’aliénation, de dépendance et de servitude volontaire, comme présentement au Mali, au Burkina Faso ou au Niger, le contexte devient plus favorable pour continuer, avec audace et esprit de suite, à construire le parti panafricain de l’alternative souveraine et défaire la françafrique au Sénégal et dans la sous-région. Le changement est proche, l’alternative est à notre portée, il ne tient qu’à nous, citoyens et patriotes africains, de transformer l’espoir et le rêve en réalité, pour la dignité, l’honneur et le progrès d’une Afrique libre, unie et prospère.