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L’avenir De L’afrique Passe Par Une Émancipation Des Peuples

À une époque pas si lointaine, l’État français aurait déjà déclenché une opération militaire extérieure pour rétablir ses intérêts au Niger. Il a bien tenté de montrer ses muscles au lendemain du coup d’État qui a renversé le président Mohamed Bazoum, en appuyant les dirigeants les plus réactionnaires et va-t’en guerre au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Tout cela a fait pschitt.

Les peuples ne veulent pas de guerre, et ils l’ont dit dans toute la sous-région. Une guerre contre ce pays parmi les plus pauvres du monde, au sous-sol pourtant si riche, aurait été un désastre. Même les Américains l’ont compris. Le monde a changé, l’Afrique encore plus.

Des prises de conscience s’opèrent, particulièrement dans la jeunesse, avec une aspiration à une sorte de deuxième indépendance, et en corollaire un rejet grandissant de la politique française et de ses irritants que sont l’armée française, le franc CFA et… l’arrogance de ses dirigeants. Ce rejet est accompagné d’une exigence de souveraineté et d’une volonté de diversifier les partenariats économiques et militaires.

N’était-ce pas prémonitoire quand Emmanuel Macron disait « Il n’y a plus de politique africaine de la France », le 28 novembre 2017 à l’Université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou ? En Afrique, la France sans ligne directrice patauge et s’enfonce.

S’il est évident que dans les batailles d’influence actuelles, les désinformations sont légion, la parole de Paris est d’emblée suspectée, à tort ou à raison. Malgré son impuissance grandissante, elle reste enfermée dans un logiciel devenu inopérant, pour ne pas dire contre-productif.

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C’est le résultat d’une cécité, d’un fonctionnement vertical de nos institutions, où la politique est décidée à l’Élysée, avec une diplomatie impuissante et des militaires omniprésents à qui on demande d’apporter des solutions politiques. Ce logiciel nourrit une ethnologie et une anthropologie politique d’un autre âge qui donnent de l’Afrique et des Africains une vision erronée, l’opération « Barkhane » symbolisant le mieux cette logique. Il y a le refus de sortir d’une matrice néocoloniale, alors que les faits nous y incitent depuis longtemps.

Quatre-vingt-quatorze parlementaires, issus pour l’essentiel de la droite, ont appelé récemment, dans une lettre ouverte au président de la République, à refonder la politique africaine de la France. Sans faire une seule proposition.

Ce n’est pas l’avenir des peuples africains qui semble les inquiéter, mais davantage la perpétuation de certains intérêts. « Nous ne nous résignons pas à notre disparition progressive de l’ensemble du continent !  », assènent-ils. Le coup est dur en effet pour ceux qui ont soutenu, il y a dix ans, un rapport sénatorial au titre évocateur : « L’Afrique est notre avenir… »

L’avenir de l’Afrique est d’abord celui des Africains. Il faut écouter les peuples. C’est ce que disent le PCF et ses parlementaires, engagés pour la fermeture des bases militaires françaises en Afrique et l’émancipation politique, économique, monétaire des peuples d’Afrique.

Le retrait des forces armées françaises et l’abandon du franc CFA permettraient d’améliorer la stabilité de la région sahélienne.

Par Félix Atchadé est membre du collectif Afrique du PCF.

Ce texte a été précédemment publié par le quotidien français l’Humanité.

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