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La ParentalitÉ, OÙ Sont Les PÈres ?

« Traiter de la façon d’élever et d’éduquer les enfants semble être la chose la plus importante et la plus difficile de toute la science humaine ». Montaigne, Essais

La Parentalité, peut-on lire dans le site Wikipédia, est un néologisme datant de la fin du XXe siècle, issu de la sphère médico-psycho-sociale, pour définir la parenté, la fonction d’être parent dans ses aspects juridiques, politiques, socio-économiques, culturels et institutionnels. La notion, rattachée à la famille, a évolué dans le temps et diffère en fonction des sociétés. La parentalité est un terme saturé de sens, de non- sens et de contresens, mais, on peut la définir, en général, malgré les nombreux enjeux théoriques et pratiques, comme les tâches quotidiennes que les parents ont à remplir auprès de l’enfant. Au moins sept domaines sont souvent énumérés consistant à engendrer, à élever, à instruire, à former, à éduquer et surtout le fait d’avoir des droits et des devoirs. Toutefois, « une simple liste de ces actes concrets ne suffit pas à rendre compte de la complexité de cet axe. Car au-delà d’une énumération se cachent des exigences normatives qui varient considérablement d’une société à l’autre ». (Selleet. C, 2000, p30).

N’empêche toutes les recherches menées par sociologues, psychologues et pédopsychiatres,

portent sur les indicateurs et risques liés au bien-être de l’enfant, dans des sociétés contemporaines où, ce dernier est devenu un acteur central, avec l’apparition d’un nouveau sentiment de l’enfance, avec la croissance de l’attention portée à son développement. Cette centration de l’enfant, rappelée par François de Singly, dans son ouvrage Le parent éducateur (2000), est réelle :  nous sommes entrés dans l’ère de la « famille sentimentale et éducative ».  Déjà, Philippe Ariès (1960) nommait la famille moderne, la famille éducative.

Aujourd’hui, réussir sa mission de parent, c’est apporter le meilleur à son enfant, lui donner tous les atouts pour réussir : Le « nouveau travail parental », selon François de Singly, consiste alors à apporter les moyens nécessaires à l’enfant pour réaliser ses apprentissages.

Dans sa pratique, la parentalité se définit, ainsi, par l’ensemble des actes de la vie quotidienne de l’enfant : alimentation, éducation, soins … Elle peut être déléguée, surtout dans nos sociétés, à tout membre de la parenté (ascendants, descendants, frères et sœurs, oncles et tantes, cousines et cousins), mais elle n’est jamais mieux assumée et assurée que lorsque les « père et mère » de l’enfant, ses parents au premier degré, comprennent et assument leurs responsabilités.

Il est vrai que le métier de parent ne va plus de soi, aujourd’hui : Le sociologue Jean- Hugues Déchaux rappelle, d’ailleurs qu’être parent ne peut plus être vu comme un rôle qu’il suffit d’endosser mais davantage comme une activité à construire au quotidien, aux contours flous, au contenu multiforme (Jean Hugues Déchaux, 2009). Autrement dit, faute de disposer d’un corpus de règles suffisamment claires et légitimes, les adultes doivent concevoir leur travail parental sur un mode plus réflexif. Ce qui suppose donc un soutien, un encadrement… En témoigne, d’ailleurs, surtout en Europe, les nombreuses recherches sur l’éducation familiale devenue, même aujourd’hui, « une discipline de formation et de recherches universitaire, centrée sur les pratiques parentales d’éducation, de socialisation des enfants et les multiples interventions sociales concernant la famille dans ces diverses fonctions éducatives » (Durning.P, p167)

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De nombreux défis éducatifs se posent dans nos sociétés contemporaines, dont celui d’éduquer nos enfants à un bon usage des écrans : mal informés, eux- mêmes accros, dépassés, les parents peinent souvent à éduquer à un usage raisonné des écrans. La technologie numérique fait partie intégrante de nos vies avec son lot de containtes et, ce de manière irréversible.

De l’engagement et de la souffrance des mères

L’engagement et la responsabilité des mamans pour le bien-être de leurs enfants ne souffrent d’aucun doute. En dehors de la maternité, supportée avec beaucoup de risques, au prix de la santé et de la vie même (on continue, surtout en Afrique, à mourir en donnant la vie), elles assument pleinement leurs responsabilités de mère de famille, d’épouse, de belle-sœur, de belle-fille…

Trop de responsabilités familiales pèsent sur les frêles épaules de femmes stoïques, qui s’imposent un silence. Un silence que doivent respecter ces dernières, surtout celles martytisées victimes de violences conjugales, pour préserver leur ménage, dans la douleur ;  » le silence de toutes les épouses bafouées dans leur dignité par les frasques et les écarts du Sabador. Ce silence qui les ronge jusqu’à l’os, les fait vaciller à tout bout de champ. Ce silence si ardu à remonter. Le silence torture. Le silence misère. Le silence servitude. (Benga, 2000, p378.)

En sus, sans vraiment avoir le choix, elles sont engagées économiquement : les femmes, en Afrique, sont des agents économiques très dynamiques, plus que partout ailleurs dans le monde. Dans un document intitulé ‘‘Autonomiser les femmes africaines, plan d’actions’’, produit par le Groupe de la Banque Africaine de Développement ( BAD), on peut lire :  Elles effectuent la majorité des activités agricoles, détiennent le tiers de l’ensemble des entreprises et représentent, dans certains pays, jusqu’à 70 % des employés. Au-delà de leurs activités génératrices de revenus, elles sont les principaux leviers de l’économie domestique et du bien-être familial, et jouent un rôle absolument indispensable. 

S’investir dans la réussite, les études et le bonheur de leurs enfants tout le temps et sans relâche, est un impératif pour elles : à l’hôpital, on ne voit que des femmes accompagnantes d’enfants malades ; dans les transports, des enfants scotchés à elles ; bientôt la rentrée scolaire au Sénégal et elles seront nombreuses à accompagner seules leurs enfants à l’école. Les femmes, confiait une amie, sont « multi tâches ».. Beaucoup de pères, ajoutait-t-elle, ne font preuve que d’autorité et de répression parentales: « Pas de communication, pas  de compréhension, pas de délicatesse pas d’ écoute et zéro présence. Parfois même je doute de leur amour filial… c’est peut être quelque chose qu’ils ont hérité du système patriarcal ancien. Raison pour laquelle les enfants sont parfois plus proches de leur mère… »

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Beaucoup d’exemples sous nos yeux confortent l’idée que des hommes, des pères égoïstes, sont toujours aux abonnés absents, en tout cas, on les voit moins à côté des enfants en Afrique, contrairement á ce qu’on voit en Europe oú, même après un divorce la  » co-parentalite »(Exercice conjoint des droits et des responsabilités de chacun des parents à l’égard de l’enfant, après une séparation…) est institutionnalisée, normée.

Egoïstes, parce que plus préoccupés par leur carrière professionnelle, à gravir les échelons, oubliant que leurs épouses ont aussi des ambitions légitimes qu’ils feignent d’ignorer ou souvent même s’y opposer. Ceux qui ont choisi la polygamie, empêtrés dans des difficultés financières, souffrant surtout d’épuisement émotionnelle du fait des conflits et des souffrances psychiques dans les familles polygames, oublient vraiment leurs responsabilités de père.

En Afrique ou en Europe, au Sénégal ou en France, à Dabo ou à Lyon, on pourrait se demander s’il n’y a pas une sorte d’hypocrisie sociale qui tolère plus un échec professionnel d’une Maman que d’un Papa. La Maman est culturellement désignée d’office, comme le parent le plus apte à s’occuper des enfants. De ce fait, il n’y a, dans la morale sociale, rien de choquant à ce qu’elle démissionne de son travail pour déménager et suivre le Papa qui a obtenu une mutation professionnelle avec une promotion. Elle est souvent le bouc émissaire tout indiqué lorsque les enfants déraillent ou échouent…

C’est dommage, mais La femme, pense-t-on encore, est éducatrice née. On l’accorde de grand coeur et on lui rappelle même á l’occasion, et assez sèchement, que c’est ça son rôle; qu’elle a tort d’en vouloir sortir et qu’elle sacrifie á des chimères un devoir réel dont l’accomplissement lui vaut le bonheur intime et la considération générale.

On n’a pas besoin d’être féministe pour croire que la parentalité est uniquement l’affaire des femmes sous nos cieux et que l’absence ou la disparition souvent prématurée d’une maman sont souvent lourdes de conséquences pour les enfants ; et, qu’avec le divorce, le lien social est fragilisé du fait, aussi, que l’éclatement des familles peut provoquer de l’exclusion et de la pauvreté, en particulier pour les femmes et les enfants.

Des contributions récentes de la psychologie du développement et de la psychologie cognitive ont démontré les conséquences négatives sur le développement psycho-affectif de l’enfant, en cas de séparation, divorce ou d’éloignement du ‘’parent gardien’’, qui se trouve être la maman. Certes les réactions peuvent ne pas être les mêmes lorsqu’on passe d’une société à l’autre, d’une famille à l’autre : certains enfants peuvent vivre la situation sans entraves, mais dans la plupart des cas on note, surtout chez « les enfants d’âge préscolaire des comportements régressifs, des sentiments de culpabilité, des troubles du langage, de l’anxiété et de la tristesse ; à l’âge scolaire, au contraire, ils vivent de l’insécurité, des conflits de loyauté et la peur d’abandon. Durant la préadolescence, ils manifestent de la colère envers les parents, un sentiment de honte et des troubles psychosomatiques. Enfin, au cours de l’adolescence, on remarque plus fréquemment des comportements « parentifiés », une tendance à l’indépendance précoce, des fugues, des comportements déviants, et des activités sexuelles précoces et intenses. Au niveau des jeunes adultes, on relève des difficultés relationnelles importantes ». (Malogoli Togliatti, Lavadera, Franci, in https://www.cairn.info/revue-cahiers-critiques-de-therapie-familiale-200…).

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De l’engagement des pères pour une parentalité positive

Certes des pères engagés pour leur famille et disponibles pour les enfants, on en trouve beaucoup : des « goorgoorlus » s’efforcent par tous les moyens, sous nos cieux, de joindre les deux bouts pour faire plaisir à leurs épouses, à leurs enfants. De véritables pères qui ont tout donné au prix de leur santé, de leur vie.  En France, par exemple, pour l’avoir constater de visu  les papas :

sont de plus en plus adeptes du congé parental pour s’occuper des enfants,

tiennent les poussettes le matin pour déposer les enfants à l’école, à la crèche ou chez la nounou,

cuisinent le repas, donnent la douche, habillent les enfants

parfois même, ils coiffent mieux leurs filles que les mamans .

Vraisemblablement, pour reprendre, Wilhelm Busch, « devenir père n’est pas difficile, l’être l’est cependant« . Nous sommes loin de l’époque où le père n’était qu’un géniteur, un pourvoyeur invisible ou le chef de famille. Les nouveaux défis éducatifs, la précocité des enfants, les risques de perdition, les influences, les enjeux éducatifs du moment interpellent : nous vivons dans un monde d’incertitudes, angoissant pour tous et nous devons outiller nos enfants, les apprendre á naviguer dans un océan d’incertitudes, á faire face à l’inconnu, á l’imprévisible (Edgar Morin, 2020). Ce qui suppose de la part de tous les parents, ceux qui ont donné la vie ou fondé une famille, plus de vigilance, plus d’investissement, plus de présence.

Et le père joue un rôle important dans la parentalité positive (cette approche invite le parent á éduquer son enfant en le guidant, plutôt qu’á le contrôler), surtout celui de ménager á l’enfant une autre possibilité que celle d’être l’enfant de sa seule mère.

Avec plus de responsabilités assumées en tant que père, nous pourrions espérer un jour que chaque homme se rappelle de son père en se disant ou un en écrivant tel un poète :  Mon père a été là : un père n’est pas seulement celui qui donne la vie, c’est celui qui donne l’amour aussi. Depuis ma plus tendre enfance, mon père est mon repère, mon étoile polaire et il est ma lumière qui s’allume lorsque ma route est sombre ; mon père, c’est le chemin qui me guide vers demain ; mon père est un homme bon, avec de vraies valeurs qu’il m’a inculquées. Mon père est mon meilleur ami, c’est mon confident et c’est plus qu’un père, c’est le grand frère que je peux aller voir du jour comme la nuit. Aujourd’hui adulte, je suis fier de mon père, des valeurs qu’il m’a inculquées, de la façon dont il m’a éduqué et je lui serais éternellement reconnaissant toute ma vie jusqu’à mon dernier souffle.







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