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Une Grande NÉbuleuse

Les partis politiques au Sénégal seraient-ils tous des hors la loi ? Ce ne serait pas fort de café si on répondait par l’affirmatif à cette interrogation assimilable d’ailleurs à de la tautologie. Surtout quand il s’agit de la sempiternelle question sur leur mode de financement. Et pour cause, ça fera bientôt quarante longues années qu’elle est posée avec acuité par les différents régimes qui se sont succédés à la tête du pays sans qu’elle ne soit résolue.

Au contraire, on continue de s’enfoncer dans l’hypocrisie à la sénégalaise et de jouer à la politique de l’autruche.

Pour rappel, c’est en 1984 que l’opposant historique au régime socialiste, Me Abdoulaye Wade avait saisi le président de l’Assemblée Nationale d’alors afin que le parlement sénégalais adopte une loi sur le statut de l’opposition et le financement des partis politiques. Malgré la volonté affichée du président d’alors, Abdou Diouf, en nommant le 7 août 1998, par décret n°98-657, un médiateur en la personne du brillantissime Professeur de droit constitutionnel, El Hadji Mbodj, pour apporter une réponse favorable à cette problématique et les débats politiques très souvent agités sous le magistère du président Abdoulaye Wade, le financement des partis politiques n’est encore régi par aucun texte juridique au Sénégal. Son rapport moisit dans les tiroirs. A l’instar des conclusions sur les Assises nationales et/ou de la Commission nationale de la réforme des institutions (CNRI).

Il y a lieu de rappeler que le financement des partis politiques se justifiait à l’origine par la volonté d’éviter que des puissances étrangères n’utilisent certains partis politiques pour s’assurer du contrôle de certains Etats. En effet, après avoir tenté en vain de déstabiliser des pays, la nouvelle trouvaille consisterait à financer certains opposants ou leurs partis. Une fois qu’ils accèdent au pouvoir, ils attendent un retour sur investissement.

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Ce qui leur garantit des retombées en termes de maîtrise de certains secteurs névralgiques du pays concerné. C’est justement pour lutter contre cette dérive potentielle, que le législateur sénégalais avait systématiquement interdit le financement étranger ou d’étrangers établis au Sénégal.

Aujourd’hui, cette disposition qui semble désuète trouve toute sa pertinence à l’ère du terrorisme et du blanchiment de capitaux. Par conséquent, la loi doit être dépoussiérée pour être adaptée à la situation actuelle.

D’autant plus qu’il est de notoriété publique que les partis politiques brassent des milliards et des milliards sans qu’aucune personne ne puisse attester de l’origine licite ou illicite de cette manne financière, devant une opinion publique médusée et une justice complice. Les sorties au vitriol de certains membres de la société civile et autres pamphlets des journalistes n’y feront rien.

Me Wade qui était l’initiateur d’un tel projet a vite tourné casaque dès son accession à la magistrature suprême le 19 mars 2000. Le Pape du Sopi qui aurait déclaré que ses ennuis financiers étaient finis s’est assis sur toutes ses pertinentes idées d’opposant visant à consolider la démocratie sénégalaise.

Le signe ostentatoire de ce changement a été la construction du siège du Parti démocratique sénégalais (PDS) à coup de millions sur la VDN. Aujourd’hui, l’imposante bâtisse qui grouillait de monde est en train de perdre de sa splendeur.

En face, c’est l’Alliance pour la République (APR) de l’actuel Chef de l’Etat, Macky Sall qui s’offre un terrain de la société nationale Dakar Dem Dikk à hauteur d’un milliard de F CFA. Pendant ce temps, le Parti socialiste (PS) qui a perdu le pouvoir en 2000, cède une partie de son siège sis à Colobane pour pouvoir subvenir à ses charges. Les camarades de feu Tanor Dieng avaient précisé qu’il ne s’agit que d’un bail, d’une durée de 15 ans, consenti moyennant un loyer mensuel de 4.000.000 FCFA HTT, qui les lie à une compagnie pétrolière. Il portait sur une parcelle nue d’une superficie de 1500 m2 (du TF n° 1456 d’une superficie globale de 1ha 81a 53 ca) destinée à abriter la station (pistes, baies, boutique, restaurant, bureaux, réserves, arrière-cour, etc.) avaient rapporté nos confrères de Dakaractu le 12 février 2014.

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Et pourtant les ressources des partis politiques doivent provenir, en principe, des cotisations de leurs membres et sympathisants, des activités lucratives et autres revenus autorisés par la loi. Convenons en tous que de tels fonds sont loin de pouvoir financer de sièges aussi remarquables.

Aujourd’hui encore le financement des partis politiques est remis sur la table. Le débat fait rage avec des accusations à tort ou à raison contre Ousmane Sonko qui aurait reçu des milliards en provenance du Qatar pour, une fois au pouvoir, revoir les contrats pétroliers et gaziers déjà signés avec certains majors. Pis, un député affirme que le principal chef de l’opposition a même adressé une lettre au Chef de l’Etat, Macky Sall afin que ce dernier protège sa famille. Il s’agit là d’une très grave accusation qui devrait pousser le procureur de la République à s’autosaisir afin de faciliter la manifestation de la vérité.

A moins que tout ceci soit logé dans la rubrique du «déjà vu et/ou entendu». Wade avait accusé Idrissa Seck de s’être volatilisé avec ses 40 milliards. Ce dernier avait agité l’affaire de 7 milliards de Taïwan en citant l’actuel président de la République, accusé aussi par son prédécesseur de blanchissement d’argent en provenance du… Gabon. Aujourd’hui, c’est Ousmane Sonko qui aurait des connexions douteuses voire dangereuses avec… Doha. Tout ceci parce qu’il y a un manque de volonté politique manifeste des différents régimes de réglementer les partis politiques afin qu’ils cessent d’être des hors la loi.                

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