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En Attendant Le Vote Des DjinnÉs

Le système démocratique, « le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple » ne peut que prospérer dans un Etat de droit. C’est-à-dire quand les pouvoirs, l’Exécutif, le Législatif, et le Judicaire, ainsi que l’administration publique, sont soumis aux règles et règlements du Droit. Quand les libertés des citoyens, la liberté d’aller et venir, la liberté d’expression et d’opinion notamment, sont respectées et protégées.

Nous assistons au Sénégal ces dernières années, singulièrement depuis l’avènement de Pastef et d’Ousmane Sonko, à une remise en cause de l’Etat de droit et des libertés par l’Etat lui-même, qui nous ramène à l’ère du parti unique sous Senghor.

Les rassemblements publics sont réprimés violemment au besoin par l’introduction d’« hommes armés, habillés en civil, aux côtés des forces de l’ordre »  ainsi qu’on l’a vu  pendant les émeutes de Mars 2021 déjà ainsi que pendant celles de  Juin 2023, comme l’ont documenté Amnesty International et le quotidien français Le Monde.

On a assisté alors à la coupure de la fréquence de radiotélévisions accusées faussement de diffuser des contenus subversifs, à l’arrestation des journalistes indépendants et à la coupure de l’Internet.

Les forces de l’ordre recoururent à des tirs à balles réelles sur les manifestants, causant de nombreuses victimes mortelles et blessées. Amnesty International a fait état en juin 2023 « d’au moins vingt-trois personnes, dont 3 enfants et …390 blessés ».

Plus de 1 000 personnes ont été détenues au cours de cette période pour « délit d’opinion » si ce n’est simplement pour participation à une manifestation publique. La plupart de ces personnes sont encore en prison.

Les manifestations publiques des partis politiques et des organisations de la société civile sont désormais systématiquement interdites et les médias, publics et privés, sont sous étroite surveillance.

Ousmane Sonko, le dirigeant du principal parti d’opposition, est en détention depuis le 29 juillet dernier pour « appels à l’insurrection et complot » après avoir été « barricadé chez lui pendant 55 jours. Puis son parti a été dissous.

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Sa candidature à l’élection présidentielle vient d’être déclarée irrecevable par le Conseil constitutionnel.

Des élections libres et transparentes ?

Comment dans ces conditions, l’élection présidentielle du 25 février 2024 peut-elle être libre et transparente ?

D’autant plus que le système parrainage des candidats, introduit par le président Macky Sall dès 2018 a été maintenu avec la seule caution des partis politiques ayant pris part au « dialogue national ».

La Cour de justice de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avait pourtant ordonné d’y mettre fin car « il viole le droit de libre participation aux élections ».

Le remplacement par décret présidentiel en novembre de l’ensemble des membres de la Commission Electorale Nationale Autonome (CENA) à la suite de l’injonction de son président à l’endroit de la Direction Générale des Elections de remettre les fiches de parrainage au candidat Ousmane Sonko, est venu ajouter à l’état de non droit.

La procédure et la méthode de contrôle des parrainages par le Conseil constitutionnel n’ont pas contribué à rassurer l’opinion.

A partir de quel fichier électoral la Commission de Contrôle des Parrainages du Conseil Constitutionnel a -t-il travaillé puisque la Commission électorale nationale autonome (CENA) indique que celui disponible sur son site internet n’est pas à jour ?

« La question qu’on se pose c’est à quel fichier faut-il se fier, quel est le fichier qu’utilise le Conseil constitutionnel pour contrôler le parrainage ? », s’interrogera ainsi l’ancienne Première ministre, madame Aminata Mimi Touré.

Pourquoi ne l’a-t-on pas mis à la disposition de la CENA et des candidats conformément à l’article L6 du Code électoral qui dispose que « la CENA ainsi que les partis politiques légalement constitués ont un droit de regard et de contrôle sur la tenue du fichier » ?

Pourquoi refuse-t-on d’agréer la demande réitérée ces dernières années de l’opposition auprès de la Direction Générale des Elections et du Conseil constitutionnel d’auditer le logiciel de contrôle des listes de parrains ?

Pourquoi n’a-t-on pas ouvert les fichiers électroniques des parrains présentés sur clef en présence des mandataires des candidats ?

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Dès lors, le soupçon s’est installé aussi bien parmi les candidats qu’au sein de l’opinion.

Si bien qu’on se demande si l’ensemble de la procédure de vérification et de contrôle des parrainages n’a pas fonctionné selon un plan conçu pour ouvrir la voie à M. Amadou Ba, le dauphin du président Macky Sall. Il s’agit d’assurer la victoire de M. Amadou Ba au premier tour. Rien de moins !

Le contrôle des parrainages par le Conseil constitutionnel a ainsi abouti à l’élimination d’Ousmane Sonko de l’élection grâce à la mise au pas de la CENA et l’instrumentalisation de la Direction Générale des Elections puis de la Caisse de Dépôts et Consignation.

Elle a aussi permis d’écarter des candidats tels Aminata Mimi Touré, Bougane Dany Gueye et Hadjibou Soumaré susceptibles de ponctionner l’électorat APR /Benno.

Auparavant la période de révision exceptionnelle des listes électorales s’est étendue sur seulement un mois – 6 avril au 6 mai 2023 -, ce qui a empêché l’inscription massive des jeunes, particulièrement sensibles aux discours de Pastef et de l’opposition dite antisystème.

Il y a eu aussi la diabolisation d’Ousmane Sonko et de Pastef accusés tout à tour de « terroristes » affiliés au MFDC et de salafistes financés par le Qatar, avant que le parti ne soit interdit et son leader jeté en prison.

Et voici que l’on s’apprête à confirmer la candidature de monsieur Karim Wade dont la nationalité française n’a pourtant été dénoncée que ces derniers jours suite à l’intervention expresse du Premier ministre français.

Dans le même temps, on va rejeter les candidatures de Bassirou Diomaye Faye et de Cheikh Tidiane Dieye à la demande du candidat Amadou Ba.

En attendant le vote des djinnés

Il faut prendre très au sérieux la volonté désespérée du vieux système françafricain de survivre en faisant gagner son candidat au premier tour.

Tout y passera après qu’on ait choisi les challengers de monsieur Amadou Ba : de la distribution parcimonieuse des cartes d’électeurs, aux erreurs sur les cartes d’électeurs, aux cartes d’électeurs estampillées invalides, à l’établissement en catimini de la carte électorale par les seuls services du ministère de l’Intérieur jusqu’au chaos organisé dans les communes jugées favorables à l’opposition.

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Il faut se souvenir de la réélection à la surprise générale au premier tour du président Abdoulaye Wade pour un second mandat en 2007 avec 55, 86% des voix, comme son camp l’avait prédit. Le directeur de campagne du président Wade était alors son Premier ministre, un certain Macky Sall. La surprise a été tellement grande qu’on y a vu la main des djinnés en faveur du président.

Il y a aussi l’élection pour un deuxième mandat du président Macky Sall, le 24 février 2019.

Le président Abdoulaye Wade avait alors averti qu’en visant une réélection « au premier tour », Macky Sall, créait «de graves dangers de déstabilisation du Sénégal, dans la violence ».

Pourtant, le président Macky Sall a été réélu avec 58, 26% des voix, le même score pratiquement que son camp avait annoncé 8 mois avant le scrutin et rappelé encore 1 mois avant le scrutin..

L’opposition face à ses responsabilités

Dans ces conditions, tenant compte de la volonté du camp de l’APR/Benno de faire gagner vaille que vaille son candidat au premier tour, l’opposition devra en finir avec les récriminations et les interpellations et se regrouper d’ores et déjà autour d’un seul candidat.

Il faut se souvenir que c’est l’échec de la candidature unique de l’opposition regroupée au sein de Benno Siggil Senegaal qui a laissé libre cours au candidat Macky Sall en 2012.

Il s’agit aujourd’hui, en tous cas pour Pastef et les partis et organisations de la société civile de « la mouvance anti-système », de désigner son candidat unique dès que la candidature d’Ousmane Sonko sera définitivement empêchée, c’est-à-dire dès ce 20 janvier 2024.

Tous les partis et mouvements devront ensuite participer à la campagne électorale de ce candidat unique.

C’est la seule voie pour la victoire du parti de la souveraineté du Sénégal et de l’Afrique.







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