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Bassirou Diomaye Faye Ou La Dignité Comme Horizon Politique (par Khady Gadiaga)

Bassirou Diomaye Faye Ou La Dignité Comme Horizon Politique (par Khady Gadiaga)

Le candidat anecdotique, dont tout le monde parle dans les rues de la capitale chauffées à blanc lors des manifestations ou des processions électorales, dans les plus reculées chaumières du Sénégal des profondeurs mais aussi dans les lieux de pouvoir, où les leaders politiques se croisent, où les stratégies s’échafaudent, où les alliances se nouent et se dénouent et tout comme dans les prisons engorgées de détenus, victimes de la vindicte arbitraire. 

 

Ce candidat que personne ne voyait venir mais qui s’est imposé à nous, par la main providentielle d’Ousmane Sonko, dans les habits du potentiel cinquième Président de la République du Sénégal est Bassirou Diomaye Diakhar Faye.

 

Sorti de prison, le jeudi 14 mars, au bout de onze long mois de privation de liberté, il a dans un calme olympien, la solennité du ton dénotant de la ferveur de l’exercice, délivré un message gorgé de lucidité mais aussi empreint de sagacité. La fulgurance d’un bel esprit. 

 

Une première sortie médiatique qui augure d’une prise de responsabilité autour de valeurs citoyennes correspondant à un nouveau projet de société qui réconcilie les sénégalais avec leurs gouvernants, avec eux même, leurs cultures et les exigences du monde actuel.

 

C’est dire que le bourgeon s’est transformé devant l’adversité du terrain politique et de la vie carcérale en fruit visiblement pulpeux, mais toujours en processus de mûrissement : quête perpétuelle de maturité et de perfection…

 

Pros, messie devenu héraut 

 

Aux côtés de son leader, Ousmane SONKO qui se positionne avant tout comme un meneur du jeu politique, meneur d’un jeu polycentrique au cœur duquel il ne sera certes plus, mais à l’initiative duquel, il peut se retrouver pour initier, dans tous les cas où elle a lieu d’être, la discussion politique et pour contribuer à sa structuration argumentative.

 

Un tel homme politique se distingue moins par son pouvoir de décision, restitué dans les différents espaces de discussion de la communauté des citoyens, que par sa capacité à faire entendre des propositions ou à faire reconnaître ce qu’a d’incontournable le problème qu’il soulève : susciter, par sa propre force de proposition ou de problématisation, le besoin de ménager un espace de discussion sur ce qu’il propose ou sur les questions qu’il formule. 

 

N’est-ce pas là désormais, pour l’homme politique, le rôle qui s’accorde le mieux avec les revitalisations contemporaines de l’idée démocratique ? 

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Voilà Pros, le tribun et messie, candidat originel du projet devenu par la force de circonstances aléatoires, mentor et héraut d’un candidat de substitution ! 

 

Libéré en concomitance avec Sonko, son leader, Diomaye s’est mis en orbite en exposant avec panache, sa vision du Sénégal.  Comme il le dit lui même, jamais il n’a été aussi proche de son être: « autarcique », « raisonné », « censé » et « réfléchi ».  C’est un homme forgé par les contingences, labouré par le dépassement de soi et profondement conscient des enjeux qui s’est livré avec assurance à l’auditoire.

 

Que peut-on retenir substantiellement de ce baptême de feu de présidentiable ? 

 

Restauration éthique et rééquilibrage des pouvoirs

 

Diomaye préconise un Sénégal qui émerge tangiblement par l’adoption d’une voie singulière, une nouvelle écologie politique basée sur l’éthique et la probité, en témoignent son parcours professionnel irréprochable ainsi que celui de son mentor à la station très florissante des impôts et domaines. 

 

Selon lui,  la première tâche de l’éthique doit être d’organiser le partage du pouvoir au même échelon que l’économie. Point de posture revancharde qui débouche sur une dictature des bannis comme on prônait autrefois une dictature du prolétariat. Simplement, tout pouvoir doit être contrôlé par un autre pouvoir qui lui fait face. 

 

La nouvelle éthique est une éthique de l’équilibre et de l’intérêt général. Raison pour laquelle, il est essentiel de rééquilibrer les pouvoirs au sein de l’exécutif en mettant un frein à l’hyperprésidentialisme et ses dérives inhérentes. Il est de son avis, tout aussi important de restaurer la dignité de la justice. 

 

De la dignité de la justice 

 

Il soulève une question existentielle de notre vivre-ensemble, car de la gouvernance liberticide de Macky Sall, ne peut survenir que le sursaut révolutionnaire d’un peuple victime d’une véritable déréliction d’un système judiciaire trop éloigné des attentes des citoyens, qui souhaitaient que la justice et l’administration incarnent la proximité au peuple. Hélas, de l’institution judiciaire s’est substituée une adaptation des agents de l’État aux réalités sociales bâties sur la force rétributive ou coercitive de l’État central.  

 

Dans le contexte des réformes sur la justice, la question de l’office du juge continue de faire débat et l’adaptation de son rôle à la société est soumise à des questions envisageant la nécessité de son recours, lorsqu’il se contente d’arbitrer plutôt que de juger. La discussion autour de la déjudiciarisation prend alors tout son sens et le constat de l’encombrement du service public de la justice, de l’iniquité des raisons de poursuite, de la durée abusive des procédures et de l’extrême nécessité à diminuer les dépenses publiques contribue à la légitimer…

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La question foncière et la justice sociale en matière d’hydraulique rurale 

 

Bassirou Diomaye Faye s’est également beaucoup appesanti sur la problématique foncière et sa nécessaire refondation. La terre doit être perçue comme un bien commun qui permet de lutter contre l’exclusion et de retisser les liens sociaux brisés; c’est veiller à la déprédation de nos ressources. La question des contraintes qui tournent autour des ressources en eaux offre une clé de lecture pertinente des conditions et des enjeux de développement économique dans les espaces ruraux sénégalais. En matière d’hydraulique ruraIe, il envisage plus d’équité sur le plan quantitatif et qualitatif et des coûts de la distribution pour garantir une souveraineté alimentaire.

 

Cette aspiration à structurer l’avenir de territoires et de son assiette agricole en lui créant un cadre juridico-politique renvoie sans doute à la double volonté d’exister, dans le futur mais aussi, et peut-être surtout, dans le présent, en tentant de rassembler tous les acteurs de l’agriculture, particulièrement les petites exploitations familiales, de manière souple autour de la construction d’options d’avenir. 

 

Alors resurgit la question du devoir. Cette question prend place au carrefour d’une critique de plus en plus virulente de la gouvernance politique et d’une valorisation concomitante de l’éthique et de l’intérêt général. Cette double offensive se fait au nom d’une valeur dominante, la dignité. Celle-ci est envisagée dans l’ensemble de ses dimensions, économique, sociale, culturelle et politique, au moment même où la société est profondément travaillée par des facteurs de dissociation et de marginalisation de plus en plus forts, des facteurs d’inégalité, de dégradation, d’asservissement de certains hommes, donc d’indignité.

 

Revitalisation démocratique et cohésion sociale

 

Le discours fédérateur de Bassirou Diomaye Faye L’officiel pointe bien l’urgence à revitaliser l’action politique et la régulation citoyenne. Il s’agit d’être en résonance avec le peuple, afin de capter les aspirations populaires pour leur donner pleinement droit de cité.

 

Cette reconquête de la démocratie et de l’intérêt général constitue le signal de la nécessaire révolution citoyenne.
 

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Aux yeux de Diomaye, au sein d’une société éclatée et d’un monde incertain, le changement réussi suppose de construire patiemment, dans un temps long, les expérimentations qui permettraient de passer de la colère à la confiance et à l’espoir. Cela ne peut se faire dans un climat de surchauffe et guerre larvée. Le progrès se construit dans la paix et la paix ne peut s’obtenir qu’en luttant contre l’obsession de l’identité et des intérêts particuliers. 

 

Renforcer les ressorts de la cohésion en modernisant le parti pris de l’égalité, retisser les liens de la combativité sociale et des constructions politiques, réconcilier la politique et les catégories populaires, relégitimer l’action politique organisée, restaurer le débat politique en respectant la voix de l’opposition et permettre à chaque entité politique de redonner à sa proposition le souffle d’un projet alternatif au lieu de néantiser leur expression sont des actes à poser pour maintenir les fondements de ce qui fait une République. 

 

Recréer l’espoir

 

Pour la première fois et en un temps très limité, nous assistons à la convergence de crises économiques, sociales, sanitaires, écologiques et géostratégiques. Face à cette situation inédite, si difficile à appréhender, le Sénégal n’est pas épargné. Sur cette ligne de crête, tout nous ramène à la question des choix, décisifs, car de ceux-ci découlent la société, le monde de demain. Ces choix seront complexes et coûteux. Ils demandent de prendre des positions fortes et argumentées, telles que celles très controversées de la souveraineté monétaire et de la renégociation des contrats et accords de partenariat, notamment gaziers et pétroliers, entre autres chantiers de refondation… 

 

Alors sur quoi repose ce fort sentiment d’être à l’aube d’un grand bouleversement ? D’où vient cette impression tenace que la nouvelle donne tant espérée n’est peut-être pas si lointaine ? 

 

L’espoir est permis au regard de l’engouement populaire qui accompagne le projet et comme l’annonce Sonko lui-même, pas moins de 60% des suffrages sont attendus.

 

Car l’offre politique de la Coalition Diomaye basée sur la dignité du devoir et le culte du bien commun a tous les atouts pour agir et créer les conditions de la sortie de crise et du décollage économique…

 

Khady Gadiaga, 17 mars 2024

 


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