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Gouvernance Ludique Et Électoralisme Futile

Gouvernance Ludique Et Électoralisme Futile

Le congrès d’investiture du candidat de la méga-coalition Benno Bokk Yakaar, loin de constituer un exercice républicain venant couronner des procédures démocratiques éprouvées n’aura été qu’un piteux scénario de politique-spectacle rappelant les grand-messes du Parti du travail de Corée.

Il ne s’est agi, en réalité que de jeter la poudre aux yeux de l’opinion publique, pour accréditer le “coup KO” qu’ils sont en train de concocter. En fait de congrès d’investiture, rassemblant des délégués dûment mandatés, il s’est plutôt agi d’un méga-meeting, auquel étaient conviés, outre les militants de Benno Bokk Yakaar, beaucoup de sénégalais oisifs laissés en rade par le système néocolonial, tout heureux de bénéficier d’un T-shirt et d’un peu d’argent de poche.

Comble d’inélégance, la manifestation était parrainée par des personnalités peu recommandables. Il s’agit notamment de membres du syndicat des chefs d’État, laquais serviles de la Françafrique et d’un dirigeant crypto-fasciste voire raciste, cautionnant des pratiques esclavagistes dans son pays. Il y avait également des émissaires d’un régime autoritaire n’hésitant pas à licencier ou emprisonner des milliers de ses citoyens et un représentant du néo-impérialisme chinois devenu pragmatique, plus soucieux de ses intérêts économiques que de la libération des peuples africains.

Le meeting électoral s’est tenu dans l’immense salle de basket de Dakar-Arena, que notre président exhibe fièrement comme une de ses réalisations phares,  ce qui est aussi symbolique de la gouvernance ludique de Benno Bokk Yakaar centrée sur le tryptique (lutte – musique – danse), au moment où des étudiants sont affamés ou jetés dans la rue.

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Malgré toute cette mise en scène, les politiciens de la majorité ne réussiront pas à occulter le caractère minoritaire de la coalition Benno Bokk Yakaar, déjà acté par les résultats des législatives de juillet 2017, qui rend une victoire au premier tour du président Macky Sall quasi-inconcevable. L’histoire récente nous enseigne, en effet, que les méga-meetings d’Abdou Diouf en 2000 et d’Abdoulaye Wade en 2012 ne les ont pas préserrvés de défaites cinglantes.

Il y a aussi le fait que la coalition Benno Bokk Yakaar, qui se veut massive, est en réalité très fragile et vulnérable pour plusieurs raisons. De fait, elle s’apparente à une armée mexicaine organisée autour d’un parti présidentiel toujours pas structuré, traversé par des rivalités fratricides, très sectaire, avec des velléités hégémoniques vis-à-vis d’alliés, rarement consultés et condamnés à continuellement avaler des couleuvres.

Autant dire que cette Coalition si encline à organiser de grand-messes folkloriques, risque de se révéler impuissante face à une crise politique majeure, comme celle que pourrait occasionner la tentative de hold-up électoral, que nos autorités politiques s’entêtent à vouloir perpétrer.

En effet, tout dans le comportement de nos gouvernants donne à penser qu’ils cherchent à transformer notre précieuse démocratie multi-partisane chèrement conquise en un système monolithique, régi par la pensée unique.

Leur obsession quasi-maladive à dépasser la barre fatidique de 50%, au soir du 24 février les a conduit à instrumentaliser l’appareil d’État en vue de “réduire l’opposition véritable à néant”, pour ne se mesurer qu’à des adversaires plus commodes, qui leur serviront de faire-valoir à un simulacre de compétition démocratique.

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C’est dans le cadre de cette démarche qu’il faut comprendre la loi sur le parrainage, dont les effets pervers commencent à se manifester sous forme de renonciation de plusieurs candidats à leurs ambitions présidentielles. Les malheureux recalés n’ont plus d’autres choix que de se reconvertir dans l’observation électorale, rejoindre d’autres candidats de l’opposition ou transhumer tout bonnement.

D’ailleurs le ralliement de certains d’entre eux au pouvoir, loin d’être une adhésion au programme du président-candidat, relève du dépit et a plutôt les allures d’une opération sauve-qui-peut, pour éviter une mort politique certaine. Pour preuve, certains de ces transhumants de dernière minute vont même jusqu’à maintenir leurs réserves sur la manière dont les dossiers des opposants Khalifa Sall et Karim Wade ont été gérés par la Justice.

Mais toutes ces combines apparaissent futiles, si on prend en compte les menaces qui pèsent sur la paix civile pouvant compromettre la tenue de l’élection présidentielle en février-mars prochains.

La situation actuelle dans les pays occidentaux, avec la montée en flèche de l’extrême droite et le développement fulgurant des dynamiques protestataires renseignent sur les dangers de l’alchimie politique, qu’affectionnent particulièrement les spin-doctors yakaaristes.

En France, plus particulièrement, le mouvement des gilets jaunes a montré les dangers inhérents au brouillage de cartes et à l’absence de lisibilité du jeu politique, qui ont fini par entraîner un divorce entre les masses populaires et les élites politico-syndicales.

Dans notre pays traversé par d’innombrables antagonismes sociaux et lignes de fractures (religions, ethnies, confréries, castes…), les risques de déstabilisation n’en sont qu’accrus, surtout si on prend en compte la convoitise, par les majors pétrolières, de nos nouvelles ressources pétrolières et gazières.

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Pour sauver la patrie des griffes des monopoles impérialistes, l’heure est plus que jamais au renforcement de la cohésion nationale et à la responsabilisation citoyenne que pourraient compromettre l’électoralisme effréné et la boulimie pouvoiriste de nos gouvernants actuels.

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