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Cyberpolitique Et Démocratie Virtuelle (par Cheikh Yérim Seck)

Cyberpolitique Et Démocratie Virtuelle (par Cheikh Yérim Seck)

Internet a changé les rapports sociaux, les méthodes de travail et les canaux par lesquels les hommes se parlent et se comprennent. Il change également chaque jour davantage l’art de faire de la politique.

Le 15 avril, le premier débat opposant Gordon Brown, David Cameron et Nick Clegg, les trois candidats à la primature britannique, a été organisé suivant la formule du « débat politique augmenté ». Ce tout nouveau concept amène des spectateurs à s’impliquer en temps réel dans les discussions via des réseaux sociaux comme Twitter et Facebook. ITV, la chaîne de télévision qui a diffusé la confrontation entre les trois concurrents, a mis en place une plate-forme web permettant à chaque internaute de suivre en direct le débat sur son ordinateur, de le commenter en interagissant avec les autres internautes, et de disposer d’outils synthétiques et d’analyse des réactions en temps réel…

Conçu à la base comme un véhicule de l’information, internet est devenu l’instrument d’une participation citoyenne à la vie démocratique. Avec lui, écrit Alexandre Emch, expert en e-communication, « les électeurs se sentent mieux écoutés, mieux compris, et ont, pour la première fois, la possibilité de donner leur opinion sur des forums et à travers des groupes communautaires thématiques. En effet, grâce à des supports innovants comme les communautés de type Facebook, la WebTV ou les podcasts, vecteurs d’une communication dynamique, les hommes politiques ont vu leur visibilité croître, ces médias leur permettant de véhiculer leurs idées et programmes plus facilement et d’entrer en relation one-to-one avec chacun de leurs électeurs ».

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Le Net est devenu l’outil par lequel les plus jeunes s’initient à la politique. Également la porte d’entrée pour tous ceux qui s’intéressent à la vie publique de leur pays et que les partis rebutent. Barack Obama est l’un des premiers hommes politiques à l’avoir compris, qui a amassé plusieurs millions de dollars en faisant contribuer les internautes à sa campagne victorieuse de 2008 et conquis via la Toile la majorité des suffrages des plus jeunes.

Adhésions en ligne, quêtes de fonds, systèmes d’alerte par SMS, propagandes via les réseaux sociaux, fédérations virtuelles, communautés de blogs, WebTV… le terrain de la lutte pour le pouvoir se déplace peu à peu des lieux publics qui abritaient les manifestations populaires aux écrans des ordinateurs. Le discours d’Obama sur la race, long de 63 minutes, vidéo la plus regardée de la dernière campagne électorale américaine, a été vu par 6 millions de personnes sur Youtube, la plus importante plate-forme de partage de films au monde, riche de 1 milliard d’unités.

Internet ne fait pas qu’aider à faire élire. Il contribue à amplifier les causes de la société civile et des sans-voix.

En dépit de la « fracture numérique », l’Afrique n’est pas en marge de ce mouvement universel. Ses militants altermondialistes, écologistes, droits-de-l’hommistes… s’indignent et dénoncent sur leurs sites respectifs et sur les réseaux sociaux. Ses chefs d’État et ceux qui cherchent à leur ravir la place tissent leur toile sur Facebook, Hi-5, Netlog… En attendant que l’ordinateur, l’électricité et la connexion au réseau deviennent accessibles au bachelier de Siguiri ou à l’ouvrier de ­Bobo-Dioulasso…

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Cheikh Yérim Seck

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