Les sénégalais se sont réveillés hier avec un nouveau os à ronger avec l’auto-saisine, par le Procureur de la République, de qu’il est convenu d’appeler l’affaire des 74 milliards de deniers publics supposément détournés par Idrissa Seck. Cet acte signe le premier clap de tournage du feuilleton pré-électoral que le Président Macky Sall (il n’y a plus de doute aujourd’hui que c’est lui qui tire directement les ficelles) a décidé de servir, en direct, au peuple sénégalais. Son objectif est de détourner celui-ci des préoccupations majeures du moment (chômage endémique des jeunes, difficultés d’accès aux soins pour certaines franges de la population, pauvreté galopante des personnes du troisième âge, système scolaire et universitaire sous anesthésie, difficultés de terminer certaines infrastructures entamées sous l’air Wade, gabegie et concussion érigées en mode normal de gestion, impunité pour les souteneurs, etc.). Le but ultime de ce nouveau feuilleton est la mise à mort politique d’un adversaire considéré comme un important obstacle à une réélection fortement désirée en 2019.
Contributions de Ibrahima Sadikh NDour
Idrissa Seck vient de s’adresser, directement, à tous ses compatriotes au sujet des accusations des détournements de deniers publics dont il a du mal à se défaire depuis plus de 11 ans. Il fait des propositions concrètes allant dans le sens de la clarification, pour de bon, de ce qui est convenu d’appeler l’affaire du «protocole de Rebeus» notamment par la mise en place d’un jury d’honneur. Sa proposition mérite d’être examinée et pourrait constituer une belle avancée dans la résolution d’une énigme dont les versions changent d’une saison à une autre et d’un acteur à un autre, mais qui ne laisse personne indifférente. Avant de revenir sur sa pertinence, il serait utile de cerner les raisons qui auraient conduit Idrissa Seck à formuler une telle proposition.
L’Office national de Lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC) vient de rendre public son premier rapport d’activités. L’accueil réservé à ce rapport, par l’opinion publique, reste mitigé. Une partie de celle-ci trouve décevants les résultats présentés, car n’y voyant aucun signe pouvant indiquer l’existence d’une quelconque volonté de s’attaquer aux vraies affaires. Une autre, tout en considérant les résultats perfectibles, exige que les rigueurs de la loi s’abattent sur toutes les personnes épinglées. Pour ma part, après avoir lu et analysé le rapport dans son entièreté, j’en viens au constat suivant : l’OFNAC est un machin inefficace et inutile qui devrait être supprimé au profit d’une autre entité aux compétences renforcées, mais bâti sur un autre modèle organisationnel moins bureaucratique.
Je ne suis pas un journaliste. La liberté de la presse constitue un droit et une valeur dont le respect est fondamental dans une démocratie. Je suis profondément attaché à son respect et je serai toujours prêt à le défendre pour qu’il puisse s’exercer dans toute sa plénitude. Mon coup de gueule n’a pas pour prétention de remettre en cause cette liberté de la presse. Il trouve ses racines dans le malaise qui m’habite en constatant avec impuissance, quotidiennement, que des hommes et des femmes se réclamant du noble et respectable métier de journaliste, commettent des actes attentatoires à notre fragile démocratie sous le sceau de la liberté de la presse. Ainsi, on voit, tous les jours, certains organes de presse et certains journalistes s’ériger en procureurs pour accuser, injustement et sans aucune preuve, d’honnêtes citoyens. On découvre chaque matin que certains organes de presse et certains journalistes sont devenus des bras armés d’intérêts occultes pour régler des comptes à des adversaires ou compétiteurs. On se rend compte, sur la base de plaintes déposées en justice, que certains organes de presse et certains journalistes sont, en fait, de vrais maîtres-chanteurs en tentant d’obtenir des avantages indus. On est effaré, voire sidéré de constater que certains organes de presse et certains journalistes ont abandonné les bonnes habitudes, celles de relater ou d’analyser rigoureusement des faits en se transformant en météologues politiques pour décrire des situations qui n’existent pas ou n’existeront que dans leur tête (politique fiction). Last but not least. Je précise que tous les journalistes, fort heureusement, ne sont pas dans ce même lot. D’où l’utilisation de l’adjectif « certains » pour montrer que mon propos est uniquement destiné aux brebis galeuses de ce noble métier. La profession journalistique compte parmi ses membres des personnes compétentes, rigoureuses et profondément attachées au respect des règles de déontologie et d’éthique qui régissent l’exercice de leur métier. Ces personnes bénéficient, de ma part, du respect et de la reconnaissance.
Monsieur François Collin, Vérificateur général depuis le 25 juillet 2013, vient de remettre au Président de la République son premier rapport sur l’état de la gouvernance publique. Le nouveau patron de l’Inspection générale d’État (IGE) bénéficie d’une excellente crédibilité personnelle et professionnelle. Il hérite d’une institution qui souffre d’un criard déficit de crédibilité auprès de l’opinion publique, ceci pour de nombreuses raisons. Parmi celles-ci figure sa proximité avec le Président de la République de qui elle dépend. Une seconde raison tient aux risques de son instrumentalisation à des fins politiques du fait de cette proximité avec le Chef de l’État. Enfin, une troisième raison est liée aux comportements erratiques, voire déshonorants de quelques uns de ses éléments, qui rejaillissent, négativement, sur l’ensemble de ce prestigieux corps de contrôle.