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Cinquante Ans D’indépendance Sans Réel Développement; Et Si L’on Essayait L’idéologie De Cheikh Ahmadou Bamba ?

La majorité des Etats africains n’ont pas manqué à la tradition en commémorant les 50 ans d’indépendance. De fait l’évènement a une empreinte distinctive dans les 17 pays francophones africains. Cet évènement a servi de prétexte à des manifestations grandioses et souvent des gâchis de toutes sortes singulièrement au Sénégal avec l’inauguration d’un monument qui n’a pas du tout sa raison d’être…

Au-delà, cette commémoration pose la problématique à savoir : « où en sommes–nous avec le développement réel de l’Afrique ? »

D’emblée nous partons du postulat de base qu’il est clair que le fait que les populations africaines n’aient pas adhéré en masse à ces festivités montre qu’il y’ a un désenchantement réel des gouvernants et des politiques. Il est sûr que si on n’a pas régressé on n’a pas avancé du tout. Il est particulièrement dramatique que dans les bas-fonds de L’Afrique, les paysans et ruraux se désolent et se demandent, nostalgiques parfois, quand est ce que le toubab serait de retour !

L’on croyait que les intellectuels africains allaient sortir le continent de la servitude mais en fin de compte ils se sont révélé parfois les pires ennemis des peuples de connivence avec la classe militaire. Très tôt la liesse des populations indépendantes s’est transformée en désappointement total. Il est vrai que les pères des indépendances comme Nkrumah, Nyerere, Sékou Touré, Amilcar Cabral, Modibo Kéita, furent des visionnaires mais très vite, le continent sera secoué par une kyrielle de crises politico-militaires.

Cette situation d’instabilité politique ambiante et permanente qui prévaut fut une des causes pour laquelle le continent sombre aujourd’hui dans une situation invariante de marasme économique. Les choix et les stratégies politiques en matière économique conçus non sur des bases objectives prenant compte des réalités socio- culturels, n’ont résisté à la crise des années 80. Ainsi les Programmes d’Ajustements Structurels imposés par les institutions de Breton Wood aux Etats ont révélé au grand jour leur limite à l’avènement de cette crise.

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En un mot l’instabilité politique n’a pas permis aux Etats de créer et de redistribuer les richesses. Et quand il y ‘a eu une lueur d’espoir cela ne dura point … c’est le cas par exemple de la politique d’authenticité initiée par un leader comme thomas Sankara. Au début des années 90 un vent de démocratie souffla légèrement sur les pays à travers l’organisation des conférences vives des nations qui devraient permettre de tourner définitivement le dos à la dictature, à l’autocratie et surtout au monopartisme. On aurait pensé dans un premier temps que le continent profiterait de cette nouvelle forme de gouvernance pour instituer des projets porteurs de développement mais hélas; Les programmes de société ne comblent pas toujours les attentes des peuples.

Au bout du compte ce fut un échec total…. Faible niveau de vie, difficile accès à l’eau et aux soins de santé, une éducation inadaptée a nos valeurs négro-islamiques, une démocratie à géométrie variable, une misère sociale ineffable. Parallèlement, les défis socio-économiques se posent avec acuité et ne cessent de se complexifier.

Devant cette sinistre représentation, la question est de savoir …Que dire de la pensée de Cheikh Ahmadou Bamba ?

Et si l’on essayait l’idéologie de Serigne Touba au lieu de Keynes ? Et si l’on regardait du côté des 7,5 tonnes d’écrits pour voir les solutions d’un développement endogène, durable …

Cette assertion, venant de moi Serigne Khadim Lô, peut prêter à interrogations. L’on pourrait m’opposer le fait que j’aime Serigne Touba de telle sorte qu’il est l’alpha et l’oméga de toutes mes pensées … c’est vrai ! J’assume ! … nonobstant cette idée, objectivement je ne suis pas le seul à le soutenir urbi et orbi …Edem kodjo, un intellectuel affirmé de L’Afrique Noire n’a-t-il pas soutenu que L’Afrique serait développée si les politiques de développement étaient basées sur L’idéologie de Cheikh Ahmadou Bamba.

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« Travail comme si tu ne devais jamais mourir et prie ton Seigneur comme si tu devais mourir demain. »

Telle est la base du mouridisme …et la voie du salut des deux mondes pour tout homme, toute communauté, tout pays qui se respectent !

Serigne Touba nous a montré la voie en mettant le primat sur le travail. Ce ne sont pas les débats politiques puérils et stériles des dirigeants qui vont développer l’Afrique. Ce n’est qu’en travaillant, plus, encore et davantage que l’on réussira à rattraper notre retard en terme de croissance économique. Déjà dans Massalik Al Jinan, il déclare sans ambages au vers 1037 :

« Sache que l’abandon à Dieu n’exclut nullement le Kasb, le travail pour gagner le pain ».

Il renchérit plus loin en disposant que :

« Le meilleur comportement est d’allier le kasb à l’abandon à Dieu, bien qu’il y ait en cela un apparent divorce. »

Le concept du travail et singulièrement du travail de la terre est un substratum du mouridisme. On ne peut pas avoir des économies qui tournent à 60% sur le secteur tertiaire alors que la nécessaire création de richesses doit passer par le secteur primaire.

C’est pourquoi les mourides ont toujours investi dans le travail de la terre. Les cheikhs de Serigne Touba ont su de bonne heure que cela était la voie pour atteindre l’autosuffisance. Une année, c’est Maam Thierno qui avait ravitaillé tout L’état du Sénégal en semences.

De Cheikh Mouhamadoul Moustapha à Cheikh Saliou ; l’agriculture a toujours eu le primat dans les activités. Des lors L’Afrique ne se développera jamais sans une khelcomisation des terres !

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La Mouridiyya telle que établie par Cheikhoul Khadim est aussi un modèle multiséculaire de développement humain durable et d’équité sociale.

En inaugurant la voie du travail, Cheikh Ahmadou Bamba a montré que le salut de l’Afrique se trouvait sous le paradigme de « Liguey, niakk, jerigno. » ou celui « djeuf djeul».

Avec cette philosophie basée sur le travail et l’adoration de DIEU, Cheikh Ahmadou Bamba a mis en place un projet de société qui mérite d’être expérimenté dans toute l’Afrique car, après tout, la cité de Touba, de par son organisation et à travers son développement rapide, a eu à prouver de la crédibilité de ce projet.

 

Serigne Khadim Lô

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