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La Balade Des Gens Heureux

Ses partisans jubilent, s’en délectent et s’en donnent à cœur- joie dans les plateaux de télévision, les studios de radio, sites d’information et autres réseaux sociaux. C’est ce que j’appelle la balade des gens heureux, pour reprendre les paroles d’un célèbre compositeur français. En langage diplomatico-journalistique, on aurait parlé de ballet diplomatique. Pour les technocrates de l’administration, de tournée économique du Chef de l’Etat à travers le pays pour s’enquérir de l’état des chantiers qu’il a initiés. Ces déplacements à pas de charge ont toujours été la lettre de confort sur laquelle se sont adossés tous les Chefs d’Eta en fin de mandat, de Léopold Sédar SENGHOR, à Macky SALL en passant par Abdou DIOUF et Abdoulaye WADE pour exalter leur bilan qui mériterait sanction positive de potentiels électeurs. Les questions subséquentes à se poser reviennent en surface : en quoi ces diverses réalisations ont changé la vie des populations?

En quoi ces choix étaient plus pertinents par rapport à d’autres options jugées prioritaires et même élémentaires? Au delà de ces questions, il faut dire avec force que le Président de la République, qui fait une course contre la montre de l’ouverture officielle de la campagne électorale, a beaucoup procédé à des inaugurations d’ouvrages et d’infrastructures de dernière génération. Et ces réalisations ont, pour la plupart, incontestablement changé le visage du Sénégal. Il n’est même pas sérieux de ne pas le reconnaître. De ces réalisations, j’en citerai quelques uns: les ouvrages d’assainissement qui on quasiment fait disparaître les inondations et son lot de désastre dans la banlieue dakaroise. En dehors de la capitale, on peut noter les nombreuses pistes de production, l’électrification rurale dans des zones reculées qui n’en ont jamais rêvé, des routes goudronnées qui ont sensiblement amélioré le vécu des sénégalais. Mais la première prouesse de Macky SALL c’est d’abord d’avoir réussi à convaincre la partie gambienne de la nécessité d’ériger un pont à Farafégni.

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Ensuite de l’avoir édifié en un temps record. Pour ceux qui ont connu les affres de la traversée du bac, c’est une délivrance hors du commun. C’est un Ouf de soulagement innommable. L’impact à tous les niveaux est incommensurable. Dans le Saloum, la réhabilitation des routes Fatick- Kaolack et Keur Waly Ndiaye-Sokone est à inscrire au registre des performances du gouvernement et à inscrire dans son bilan. Positif à tous égards sur ce plan-là. Dans ces zones citées et dont les populations s’étaient senties oubliées, voire négligées, le sentiment de satisfaction à l’endroit du Président de la République sortant est le mieux partagé. Toutefois, il reste des points d’insatisfaction qui entachent la visibilité de ce bilan.

Le monde rural souffre d’abord et avant tout du manque de relais crédibles à même de porter le bon message par leurs divisions et rivalités dans une même coalition politique, des tares presque congénitales qui dispersent les efforts et brouillent les repères de communication. S’y ajoute une campagne agricole calamiteuse, faute d’argent pour acheter la production entre les mains impuissantes des paysans. Malgré tout ce qu’en disent des voix dites les plus autorisées et leurs officines de communication et de propagande, il suffit d’y faire un tour de quelques semaines et d’interroger les principaux acteurs pour se rendre compte de l’état de souffrance et de pauvreté. D’où l’intérêt de se poser la question suivante: ne faut-il pas changer de paradigmes et envisager une réforme profonde de notre système agricole, jusqu’ici inefficace et inefficient pour le paysan ?

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En tout cas une remise en question est nécessaire pour mettre fin à une pratique routinière d’appauvrissement des paysans et repenser un modèle qui n’a pas depuis l’indépendance du Sénégal. Si les réalisations en faveur du pays profond restent indéniables surtout dans la volonté du candidat sortant de mettre le Sénégal sur les rails de la modernité, il lui reste à réduire la fracture sociale et à oser briser certaines pratiques politiciennes qui nous plongent dans l’ère du parti Etat, une pratique qui inhibe les compétences. Des ruptures inévitables qui étaient annoncées n’ont point été opérées comme la réduction du train de vie de l’Etat qui grève encore dangereusement le budget de l’Etat, de même que la restauration d’un climat de confiance entre la Justice, ses auxiliaires et les justiciables. C’est dire que le bilan d’un mandat présidentiel est un tout: il est à la fois matériel et immatériel. Et comme le dit le célèbre adage: « Ventre affamé n’a point d’oreille». Ce serait alors la balade des gens heureux à l’issue d’un premier tour triphantom. Mais pour ce faire, il faudra abattre un travail de Sisyphe!







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