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Idrissa Seck, Les IngrÉdients D’une MontÉe En Puissance

La candidature de l’ancien premier ministre semble devoir prendre de l’embonpoint au vu des ralliements qu’il a commencé à engranger auprès des recalés du conseil constitutionnel. Longtemps fragilisé par des positions publiques discutables et inutilement médiatisées par ses propres soins, Idrissa Seck pourrait être un vrai challenger au scrutin du 24 février. Mais est-il, peut-il être l’homme de la situation pour régénérer un «système» qu’il a contribué à éclabousser auprès des Sénégalais​

Dans cette (pré)campagne électorale dont les hostilités s’ouvrent ce weekend sur l’étendue du territoire national, la situation du candidat Idrissa Seck rappelle curieusement celle du candidat François Fillon lors des primaires du parti « Les Républicains » en direction de l’élection présidentielle française d’avril-mai 2017. Entre Alain Juppé, le favori des sondages d’alors, et un Nicolas Sarkozy qui tentait le come-back au plus haut niveau, peu de crédit était alloué au très police Fillon. C’est pourtant dans les toutes dernières semaines de campagne interne à la droite française de gouvernement que ce notable politique de la Sarthe avait fini par prendre le large au premier tour avant d’écraser le maire de Bordeaux au second. Handicapé par les révélations fracassantes du « Canard enchaîné » à l’approche de la présidentielle, Fillon coula et ne put même pas aller au second. Emmanuel Macron rafla la présidence. 

  

Au Sénégal, Idrissa Seck, homme de « droite » prétendant au fauteuil présidentiel sénégalais, doit sentir lui aussi ce « frémissement » autour de sa candidature. Au fond du trou après ses élucubrations mystérieuses et inattendues autour de Bakka-Makka, vilipendé et raillé pour son « inculture » islamique et ses prétentions burlesques, et sèchement recadré par les imams et prédicateurs, l’ancien premier ministre s’est recroquevillé sur lui et ses proches, en attendant que la tempête passe. Il y a des moments où la discrétion et le profil bas permettent de remonter la pense, peut-on lire dans quelques manuels de communication. 

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Dans la même période, des éléments sonores et vidéo ont circulé sur les réseaux pour flétrir ses accointances présumées avec des cercles qui seraient plutôt maçonniques, humanistes ou professionnels. Silence total. Souvent, c’est Abdourahmane Diouf, un de ses fidèles collaborateurs qui est monté au créneau, avec brio, pour prendre la voix et la place du chef. Son mentor s’engagea même à ne plus parler de Macky Sall afin de mieux mettre en évidence sa propre vision. Et la précampagne arriva. 

  

Après l’étape des parrainages et l’élimination de l’écrasante majorité des candidats à une échelle industrielle par un conseil constitutionnel juge de ses propres actes, Idrissa Seck devient subitement une attraction pour les recalés. Aujourd’hui, alors que la campagne électorale ouvre ses portes ce weekend, le patron de Rewmi voit s’agglomérer autour de son « projet » des estropiés du parrainage. Malick Gakou (Grand parti), Amsatou Sow Sidibé, Moustapha Guirassy sont déjà dans son escarcelle. Même en termes symboliques, ce n’est pas rien. Mais lorsque Pape Diop (Bokk Gis Gis) et Aïda Mbodj s’y rajoutent, cela devient sérieux. 

  

Il est plus que probable que des franges entières du parti démocratique sénégalais (Pds) finissent par gonfler les rangs du candidat Seck avec le boycott décrété par Abdoulaye Wade. A Kaffrine, Babacar Gaye, porte-parole du Pds, a clairement appelé à soutenir un candidat « libéral » pour cette élection, soit entre Idrissa Seck et Madické Niang. En raison de l’exclusion de ce dernier du Pds, il semble plus cohérent que l’ancien directeur de cabinet de Me Wade et ses troupes de Kaffrine partent au combat avec l’ancien premier ministre. En attendant que d’autres leaders du parti libéral sortent du bois après l’échec politique visant à imposer la candidature de Karim Wade. 

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Dirigiste et autoritaire, Idrissa Seck l’est assurément au vu des chroniques de son passage à la présidence de la République comme directeur de cabinet tout-puissant de Me Wade au début de la première alternance. Expérimenté, il l’est avec une présence d’au moins trente ans dans les sphères de l’Etat et du gouvernement y compris une traversée du désert qui perdure depuis une quinzaine d’années. 

  

Bien entendu, il faudra un vrai soulèvement populaire démocratique en sa faveur pour battre ses concurrents directs à la présidentielle, ce qui est loin d’être évident pour quelqu’un considéré par de nombreux sénégalais comme un membre de cette race de politiciens purs et durs qui s’accommodent trop du système en place et des avantages qu’il procure pour le changer. Sur ce terrain, il lui sera difficile de rivaliser avec Ousmane Sonko (Pastef) et Issa Sall (Pur) qui, par exemple,  ont promis une sévère cure d’amaigrissement aux fonds secrets et autres caisses noires. 

  

Du reste, la question à se poser est la suivante : Idrissa Seck est-il en mesure d’incarner une alternative dans notre pays ? N’est-il pas lui-même un pur produit du « système » pour pouvoir en être le régénérateur ?







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