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L’afrique Dans La Nasse Du Terrorisme

Après les attentats de New York le 11 septembre 2001 signés par Al-Qaïda et la décision subséquente des Etats-Unis d’engager une guerre à l’échelle planétaire contre le terrorisme, le monde a commencé à prendre de plus en plus conscience d’un phénomène qui, bien que n’étant pas nouveau et présentant un aspect protéiforme, avait dorénavant la particularité de vouloir conquérir des territoires.

Perçu dans un premier temps par certains observateurs comme étant un avatar du « choc des civilisations » entre Monde islamique et Occident chrétien ou au mieux une réaction du monde pauvre et exploité contre celui riche, le terrorisme d’inspiration islamiste s’est très vite révélé comme frappant davantage les pays musulmans que ceux appartenant majoritairement à une autre religion. Pourtant bien avant ce coup de massue d’AlQaïda, l’Afrique était déjà confrontée dans les années 1990 en Algérie à un terrorisme impitoyable des groupes islamiques pendant la « décennie sombre » qu’a traversée ce pays du Maghreb. Mais, grâce au courage de son peuple et de son armée, les barbus qui voulaient s’emparer du pouvoir ont été défaits en dépit d’un bilan humain élevé. A l’est de notre continent également, plus précisément en Somalie, la guerre civile qui a déchiré ce pays à partir de 1991, opposant le gouvernement fédéral à l’Union des tribunaux islamiques (Uts), a fait disparaître l’Etat central et éclaté son territoire en plusieurs entités (Somaliland, Puntland, Maakhir).

Et en 1998, les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie furent frappées par des attentats qui ont fait des dizaines de victimes. Sans entrer dans les détails de l’intervention américaine avec ses multiples péripéties pour combattre l’Uts (et plus tard les Shebab), disons que c’est la faction la plus dure de cette dernière qui va donner naissance en 2006 aux islamistes d’Al Shebab à la faveur de l’intervention éthiopienne. S’étant affiliés à Al-Qaïda, ces derniers prendront dans leur ligne de mire l’Amisom, la force d’intervention déployée en décembre 2006 par l’Ua avec l’aval de l’Onu et les différents pays composant cette force, comme par exemple le Kenya qui a été frappé par divers attentats jusqu’à récemment.

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En mer, sur la côte somalienne et le golfe d’Aden, le trafic maritime était menacé par la piraterie entraînant l’intervention des flottes occidentales. Ce tableau du terrorisme d’avant 2001 de notre continent serait incomplet si on ne parle pas aussi de la situation de violence permanente entretenue en Rdc, en Rca (pays riches en matières premières) par les rebellions armées et en Ouganda par l’Armée de libération du Seigneur. Tout cela montre donc que le terrorisme auquel l’Afrique est actuellement confrontée était déjà endémique dans certaines parties du continent. Toutefois, à partir de 2001 et surtout depuis la destruction de la Libye en 2011 par l’Otan (Etats-Unis, Grande-Bretagne et France), il a pris vigueur et ampleur et s’est même implanté au cœur du Sahel grâce au gigantesque arsenal libyen auquel ont eu accès divers groupes terroristes et rebellions. Ventre mou de la sous-région africaine, le Mali a été le premier pays attaqué par les groupes islamiques qui, après avoir conquis sa région nord de l’Azawad, ont fondu sur Bamako, sauvé in extremis en janvier 2013 par l’intervention française.

 Une force de 12000 Casques bleus (Minusma) parmi lesquels des Sénégalais, essaie depuis de stabiliser le pays tant bien que mal aux côtés du contingent français (force Barkhane). Les actes terroristes continuent toujours de fragiliser le Mali et touchent maintenant le centre du pays et débouchent maintenant sur des affrontements communautaires sanglants (Dogons contre Peuls). Les attaques terroristes frappent également le Burkina Faso et ont une fois débordé sur la Côted’Ivoire avec l’attaque de Grand Bassam en mars 2016. Né en 2002 au Nigéria, Boko Haram, à l’origine un mouvement radical prônant un Islam rigoriste qui rejette l’éducation occidentale, s’est mué au fil des années (en 2009) en une puissante milice armée qui attaque et déstabilise tout le nord du Nigéria mais également le Cameroun, le Niger, le Tchad. Affilié à Al-Qaïda puis à l’Etat islamique, Boko Haram, malgré les rudes coups reçus de ces différents pays, est comme le chat au sept vies et continue de semer la terreur à chaque fois que l’on croit en venir à bout. Cette progression de la menace terroriste (AlQaïda au Maghreb islamique, Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest – AlMourabitoune, Boko Haram) va pousser en février 2014 à la création du G5 Sahel regroupant le Mali, le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger et le Tchad pour coordonner leur politique sécuritaire.

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Dans son volet militaire (en plus de celui économique) un contingent de 5000 hommes a été mobilisé par les cinq pays mais l’insuffisance de ses moyens le rend encore peu opérationnel. En fait beaucoup d’armées occidentales (France, Etats-Unis…) se pressent entre le Mali et le Niger pour, disent-elles, lutter contre le terrorisme. Même au sud du continent, une région peu islamisée a vu en octobre 2017 un mouvement islamiste apparaître au nord du Mozambique, une région possédant d’importantes réserves en gaz naturel. Encore une simple coïncidence ? C’est donc dire qu’à l’ouest et à l’est, au nord comme au sud, notre continent semble être pris en tenailles par la violence du terrorisme « islamiste » ou autre. Cela pose un grand défi aux appareils sécuritaires des différents Etats et appelle à une profonde réflexion géopolitique sur la signification de cette situation car cela a tout l’air d’une guerre hybride contre notre continent.







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