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DÉca-danse

Du Ndaw Ràbbin de nos anciens au tég ko ci bësal mu dugg de nos contemporains dont, ébaubi, je viens de découvrir l’existence – à travers des challenges aussi insensés qu’inutiles de quelques filles sur Internet -, tant la dénomination est suggestive, en passant par la noria de danses vulgaires aux noms plus bizarres les uns que les autres, le visage de cet art, si tant est qu’il en soit un dans notre pays, s’est beaucoup métamorphosé à l’instar de celui de nos mœurs dont il n’est que le reflet presque parfait à bien des égards.

Telle que pratiquée lors des séances de sabar, des dance ou piscine  parties, dans les boîtes de nuit, etc. la danse fait plus penser à une entreprise de débauche qu’à l’activité récréative qu’elle fut jadis.

De l’envolée de Coura Thiaw aux gestes obscènes de la nouvelle génération de danseuses de Guddi Town, de Dakar ne dort pas, ràcc, sabar bu graaw et tutti quanti, le fossé de la pudeur et de l’impudence s’est bien creusé. Inutile dès lors de demander le degré de dégénérescence de nombre de nos bonnes mœurs – qui sont en train de foutre le camp et d’être mises en bière -, la danse peut faire office de thermomètre  pouvant nous en donner la température exacte. Avec des gestes et tenues de plus en plus lascifs, voire concupiscents, les séances de tam-tam deviennent des scènes érotiques en plein air. Pourtant comme disait Paul Morand à l’endroit des femmes (sans faire dans le sexisme puisque ce sont elles que l’on voit souvent et majoritairement exhiber leur corps lors de certaines scènes de danse) : « La pudeur leur va si bien quand elles en ont, si bien quand elles n’en ont plus, que je ne conçois guère de femmes qui ne désirent pas en avoir. »

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Mais la danse n’est qu’un membre souffrant de notre corps social en pleine crise. Ce corps est malade de nombre de ses dirigeants véreux, qui confondent leurs poches avec les caisses de l’État ; de beaucoup de ses guides religieux à l’appétit financier pantagruélique qui, au lieu de prêcher la bonne parole, d’incarner des exemples de sagesse et de probité, prêchent pour leurs chapelles et pour leurs tirelires ; du dysfonctionnement de son système éducatif dont le bas taux de réussite au bac de cette année n’est entre autres qu’un pale reflet ; de beaucoup de basses pratiques sociales et d’une jeunesse de plus en plus en perte de repères. La liste des maux dont le pays souffre est loin d’être exhaustive.

Notre beau et paisible climat social, autrefois détendu, quelquefois distendu au fil du temps, est dorénavant très tendu. Avec une justice à deux vitesses où ceux qui disposent de marabouts célèbres, d’amis ou de  parents politiciens haut placés comme « montures » passent incognitos et invisibles devant les radars translucides de dame justice. L’arène politique prend tout son sens au premier degré. Beaucoup de ses acteurs semblent être plus disposés à en découdre en en venant aux mains qu’à se réunir autour d’une table pour un débat d’idées. Le beau tissu de notre cohésion sociale qui s’est éfaufilé au fil du temps semble être sur le point de rupture. Ce n’est guère étonnant : sabar buy tas ñëpp ay fecc, disait wolof Njaay. L’insalubrité et l’insécurité sont omniprésentes, l’eau et l’électricité manquent souvent à l’appel. Même les pluies nous jouent des tours par leur absence si elles ne nous inondent pas quand il leur arrive de tomber.

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