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Et Maintenant Mansour

Et Maintenant Mansour

J’ai été un très proche collaborateur de Mansour Cama à la fin des années 1989 début 1990. Pour quelques années d’une rare intensité. C’était à l’époque du Plan d’urgence économique et des mesures drastiques et contraignantes des Institutions de Bretton Woods. Puis surviendra la dévaluation du Franc CFA et la prise de tas de mesures qui impacteront durablement la physionomie de l’économie de notre pays. Des années qui mettront au devant de la scène des chefs d’entreprise, nationalistes et déterminés à conquérir des bastions économiques et financiers encore aux mains du capital étranger. Mansour Cama m’avait recruté en qualité de Secrétaire Permanent de la CNES (Confédération Nationale des Employeurs du Sénégal). Avec bienveillance et pédagogie, il m’aura beaucoup appris. Surtout en matière de diplomatie de l’ombre et de capacité de persuasion. Mais aussi de mise en œuvre de stratégies complexes mais gagnantes.

A l’époque, des monopoles inadmissibles contribuaient à étouffer l’ardeur d’une nouvelle race d’opérateurs économiques. L’importation du riz était un monopole d’état sous l’emprise de la Caisse de Péréquation. Le sucre était un monopole exclusif de la Compagnie Sucrière Sénégalaise. L’importation de plusieurs produits était soumise à autorisation préalable. Plusieurs autres verrous administratifs ou politiques, affairistes ou claniques, assuraient à quelques privilégiés des rentes de situation.

C’est dans ce contexte que Mansour Cama et quelques-uns de ses amis décidèrent, dans un premier temps de quitter le CNP (Conseil National du Patronat) dont la CNES était l’un des syndicats de base. Babacar Diouf, Faycal Sharara, Cherif Mbodj, entre autres, constituaient le fer de lance de cette belle aventure. Car, ce départ du CNP va préciser les lignes de fracture entre un capital étranger (notablement français) et les ambitions légitimes d’un capital national mieux formé, plus informé et plus ambitieux. L’une des idées lumineuse de Mansour Cama et de ses amis aura été la mise en œuvre d’une alliance stratégique avec le secteur informel dont la force de frappe sociale est imparable. Et d’abord avec L’Unacois conduite par le président Dame Ndiaye, Serigne Dia Ndongo, Moustapha Diop, etc. Le GES de feu le président Alla Sene, L’Afac (Association des femmes commerçantes) conduite par Feue Adja Dior Diop, Oumou Salamata Tall et d’autres lionnes qui ont porté un combat épique contre tous les monopoles jusqu’à la victoire finale. La vision stratégique et l’entregent de Mansour Cama auront été au cœur de la prise de ces bastilles réputées inexpugnables.

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Les négociations autour du plan Sakho-Loum, les alliances stratégiques avec les syndicats de travailleurs, la conquête d’un siège autour de la table des bailleurs de fonds pour faire entendre la voix d’un patronat de type nouveau, tout cela porte l’empreinte de Mansour. L’histoire lui en rendra justice.

Je vais m’en arrêter là. Car, dans le mot  » Secrétaire», il y a deux mots : secret et taire.

D’autres parleront de son engagement citoyen et politique qui le poussera à s’impliquer à fond dans les travaux des Assises Nationales malgré son affection pour le président Wade qui le lui rendait bien. Nous en avons eu une belle illustration à l’occasion de la présentation des condoléances lors du rappel à Allah de son épouse Fama Sow…

J’ai donc mille et une raisons de témoigner et prier pour  » Sama Grand » comme je l’appelais affectueusement. Qu’Allah lui pardonne tous ses péchés et lui ouvre grandement Les Portes de Sa Miséricorde Infinie.

Que la terre de Yoff lui soit légère. Aamiine.







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