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Trump Mis Hors-jeu

Hier, lundi 14 décembre, le désolant spectacle qui avait cours aux Etats-Unis a connu son épilogue, suite à l’officialisation par les grands électeurs de la victoire de Joe Biden, entérinant le vote populaire issu du scrutin du 3 novembre dernier. Cela lui ouvre grandement le boulevard menant à son intronisation, le 20 janvier prochain, face à un Donald Trump à la posture de plus en plus inquiétante.

 

Toutefois, malgré son déni, ce dernier est contraint de quitter la Maison Blanche qu’il semblait vouloir réduire à un décor de téléréalité. Au-delà de cette parenthèse ubuesque, voire surréaliste du chef d’Etat sortant de la première puissance mondiale s’évertuant à accuser son challenger de triche alors qu’il a été désavoué par sa propre administration, se pose la question de savoir ce qui a rendu une telle situation possible.

Elections contestées. Accusations de fraudes mais paradoxalement portées par le président candidat en exercice contre sa propre administration. Un président qui refuse d’acter sa défaite et qui appelle de facto à la contestation voire à l’insurrection, se permettant même de survoler en hélicoptère des manifestations organisées par des milliers de partisans à Washington. Si les Etats-Unis se révèlent ainsi comme une république bananière, que dire alors de toutes les autres qui peuvent désormais se gausser d’un tel nivellement par le bas.

Ainsi vont-elles se conforter à l’idée selon laquelle, désormais tripatouiller les élections, les contester, accuser ses adversaires de fraudes, refuser de reconnaître sa défaite ne sont point leur marque déposée. Pour autant, il ne faudra toutefois pas aller trop vite en besogne. Ne serait-ce que parce que, en cette période sombre de notre histoire commune, les Etats-Unis ont été l‘illustration parfaite de la recommandation de l’ancien président Barack Obama, à savoir : la nécessité de se focaliser non point sur la production d’ « hommes forts » mais plutôt sur l’érection d’ « institutions fortes ». Ce qui, on pourrait s’en douter, ne devrait pas réjouir les dictateurs, mais plutôt inciter les forces démocratiques à exercer des pressions appuyées pour obliger à la mise en place de mécanismes démocratiques performants.

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Au-delà des tweets et des coups de gueule rageurs de Trump, il faut par conséquent saluer la solidité des institutions américaines. En effet, malgré son contrôle de la Cour Suprême où il a nommé 3 juges, confortant du même coup la majorité conservatrice désormais forte de six membres sur neuf, il a été débouté parce que ses recours n’étaient pas crédibles. Et, humiliation suprême, sans s’en saisir sur le fond.

Par ailleurs, même lorsqu’elles étaient placées sous la direction du camp politique du président sortant, les commissions électorales se sont rapportées aux faits pour rejeter des accusations jugées non fondées. La justice américaine a ainsi montré son impartialité en se jouant par conséquent des faux espoirs de Trump qui avait fini de la voir à son image oubliant que les juges savent aussi faire le distinction entre ce qui relève de convictions personnelles et de la loi.

Après quatre années passées à tweeter, inaugurant à la stupeur générale une présidence aux antipodes de toutes les règles, rythmée par les mensonges, le racisme, la division, Trump aura, avec une surprenante désinvolture, montré l’autre visage hideux, sans fards et bien réel de l’Amérique. Un visage visité par l’ignorance, la crise matérielle et morale, la désertion de l’éducation dans les zones rurales. Ce qu’il s’est passé aux Etats-Unis et qui a vu les Américains se mobiliser comme jamais autour de cette élection interpelle encore une fois de plus sur la fragilité de la démocratie. Parce que rien n’est définitivement acquis, il convient de consolider, conforter le vivre ensemble, car il suffit de peu pour basculer dans l’horreur. On ne doit donc pas jouer avec la démocratie au gré de petits calculs centrés sur soi, au risque de se brûler les yeux.

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Pour sûr, le « Tous pourris » qu’on entend souvent pour justifier la désertion du champ politique par les élites et beaucoup plus grave par les jeunes et qui fait l’affaire des prédateurs mérite d’être combattu. En attendant, il faut se réjouir avec Joe Biden que « dans la bataille pour l’âme de l’Amérique, la démocratie l’a emporté ».







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