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Conseils À La Jeunesse

De mémoire de chroniqueuse, les échanges directs entre le Président et les citoyens sont rares. Tellement rares qu’il a fallu chercher et creuser encore et encore pour trouver, enfin, des exercices similaires menés par les prédécesseurs du Président Macky Sall. D’abord, en 2004, avec le Président Abdoulaye Wade. Sur Seneweb, premier portail web de la diaspora sénégalaise à l’époque, un format d’échanges avec les Sénégalais de l’extérieur est organisé. A une période où internet n’était pas aussi développé que maintenant, les questions de la diaspora sont relayées au Président Wade via cette plateforme numérique. Une démarche innovante pour une époque où l’on parlait très peu de webinaire, de visioconférence etc.

Rompu à l’exercice en sa qualité d’orateur hors pair, le Président de la première alternance au Sénégal s’en est sorti haut la main. Il y a deux décennies (tout de même), Abdou Diouf s’est prêté à cet exercice, durant l’entre-deux tours des élections de 2000. La Maison de la Culture Douta Seck avait servi de cadre à cet échange parfois périlleux entre un Président et ses citoyens. Pourtant, quoi de plus normal pour un élu de rencontrer et surtout d’échanger avec ses électeurs. Même si le candidat à l’élection présidentielle, dès lors qu’il est élu, devient le Président de tous les Sénégalais. Une formule qui prend tout son sens à l’occasion de ce genre de rencontre aux allures de face à face. Aux Etats-Unis, l’exercice s’appelle Town hall meeting et constitue un « véritable exercice démocratique » et sont « des réunions publiques où les élus répondent directement aux questions de leurs administrés », rappelle le Huffington Post.

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Seulement, ces séances de discussions ouvertes, présentent également quelques inconvénients, surtout lorsqu’elles sont retransmises en direct à la télévision. Comme ces voix de femmes qui se croient à un meeting politique, prêtes à chanter les louanges du Président dès sa prise de parole. Macky Sall a tôt fait d’éclaircir les choses en les invitant au silence. Livrant son discours, le Chef de l’Etat traduit en mots, les maux d’une jeunesse qu’il dit avoir entendue. A sa suite, les orateurs se succèdent au micro, comme dans une salle d’audience.

Parler de l’employabilité des jeunes manque de prendre des allures de procès, où les plaidoyers se succèdent aux plaidoiries, où les politiques déjà amorcées demeurent des béquilles qui ont fini de plier sous le poids des attentes. L’on s’interroge sur l’absence, sur le présidium, des ministres en charge de la Jeunesse, de la Femme, de l’Education, de l’Enseignement supérieur, de l’Artisanat, de Fonction publique, de l’Agriculture, de l’Elevage, etc. Autant de secteurs où des politiques en faveur de l’autonomisation économique des jeunes, des femmes, des diplômés sont mis en œuvre. Youssou Ndour se donne en exemple à la jeunesse de son pays et parle de « Sénégal : pays start-up ». Les champions de notre économie auraient également pu porter leur témoignage, parallèlement au discours du représentant du patronat national.

D’autres exemples concrets de réussite à offrir à cette jeunesse, représentée par 450 d’entre eux, venus des 45 départements du pays. Les jeunes tailleurs, en la personne de Khadim Dieng, se sont aussi exprimés et ont transmis leurs préoccupations au Président, réclamant aussi leurs financements au gouvernement en tant qu’entrepreneurs. Une contribution concise qui dénote aussi de la capacité de s’exprimer dans sa langue maternelle et rappelle cette citation de l’homme de Lettres français du 16ème siècle, Nicolas Boileau qui déclare : « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément ».

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Tout le contraire de l’orateur suivant, étudiant de son état et président de l’Amicale de la Faculté de Médecine en l’occurrence, qui s’est quelque peu perdu dans ses formulations et effets de phrases dans la langue de Molière, oubliant l’essentiel : exprimer ses attentes vis-à-vis du Président de la République. Sauver in extremis par les maîtres de cérémonie du jour, les journalistes Nafissatou Diouf et Ibrahima Diedhiou. Autre aléa du direct, cette intervention du Gouverneur de Kaolack qui s’exprime au nom de ses pairs et déclare au Président n’avoir pas encore reçu ces financements issus du Fonds Force Covid, pourtant annoncés par le ministre. La vérité est aussi au rendez-vous. Même si les critiques ne manquent pas, après 9 ans au pouvoir, la décision de se plier à cet exercice est à saluer, même si elle a été provoquée directement ou indirectement, par les émeutes du mois de mars. Toujours est-il qu’à la fin, le Président se réjouit de la qualité de cet exercice mené « sans filtres » ; des échanges livrés directement ou presque, avec les citoyens.

Enfin, une allocation budgétaire de 450 milliards sur trois ans est annoncée afin de financer le Programme d’urgence pour l’emploi et l’insertion socio- économique des jeunes : Xëyu ndaw ñi. Au-delà des slogans et des supports de communication, comment traduire concrètement cet espoir nourri par une jeunesse en mal d’espérance, justement, là est la question. Sans doute l’un des derniers chantiers de Macky Sall dans le Yonu Yokute







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