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Conte Et MÉcompte D’une TroisiÈme Candidature MackyavÉlique

« -Où es l’OS ? demanda Mor Lam à son épouse Awa Ndiaye

-L’OS est ici, lui répondit-elle

-S’est-il ramolli ?

-Oui, il s’est ramolli.

-Où est Moussa Mbaye ?

-Moussa Mbaye est encore là.

-Alors, qu’on m’enterre. »

 

Les amoureux des succulents contes d’Amadou Koumba de Birago Diop, pleins de sagesse, se souviendront de l’épilogue de l’histoire de Mor Lam qui, aveuglé par l’égoïsme, et feignant le mort, se laissera enterrer vivant plutôt que de partager son diner avec son voisin et ami Moussa Mbaye qui passe pour un indésirable et indéboulonnable pique-assiette. A en rire ou en pleurer.

Toute ressemblance avec une scène de la vie politique sénégalaise actuelle ne serait que fortuite. 

 

Un président de la République, encore visiblement irrité par les évènements de mars 2021, désireux de déguster, seul, son bilan « matériel », un jarret de bœuf graisseux, doit désormais faire face à un intrus de la dernière heure. Comment ce juteux diner, fruit de deux mandats consécutifs, pourrait-il être partagé, avec ce trouble-fête, demanda-t-il à ses compagnons ? N’avaient-ils pas fait le nécessaire pour qu’au crépuscule, le « ndogu » du chef ne soit pas perturbé comme en 2019 où deux potentiels prétendants à la chaise haute, Khalifa Sall et Karim Wade n’avaient pas été conviés à la table d’hôtes ? A l’image de Mor Lam qui avait demandé à son épouse. « As-tu mis dans la marmite tout ce qu’un jarret réclame pour, une fois bien cuit, cuit à point, fondre délicieusement dans la bouche comme du beurre ? », l’on peut s’interroger sur le goût de la ratatouille en cours de concoction par les partisans du pouvoir, pour le grand soir.

En effet, à voir leur acharnement continu contre Ousmane Sonko et ses patriotes, l’on peut se demander valablement si l’os est « cuit à point » pour être dégusté avant la prochaine élection présidentielle. Sinon comment comprendre le procès en diffamation de Mame Mbaye Niang, ministre du Tourisme contre Ousmane Sonko, un fait divers devenu affaire d’Etat, vu la célérité du processus, l’investissement en temps et en énergie y compris au plus niveau de l’État, et la mobilisation des forces de l’ordre contre les manifestants et sympathisants du leader de Pastef. Dans toute démocratie qui se respecte, la question aurait été d’élucider cette affaire Prodac dans laquelle 29 milliards CFA du contribuable sénégalais attendent une reddition franche des comptes. Et justement au cas où il n’y aurait pas de rapport d’audit, il faudrait bien penser à en réclamer un pour éclairer la lanterne des citoyens, à moins que ce cas-ci fasse également partie de ceux sur lesquels repose le coude endolori du président de la République. 

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Au vu de l’appel du plaignant de la décision prise en première instance contre (deux mois avec sursis et 200 millions de francs CFA de dommage et intérêts), ce procès en diffamation dont la deuxième manche se jouera le 17 avril, apparait comme ce qu’un rappeur et activiste éclairé a appelé sur un plateau de télévision : « un penalty » pour l’équipe du pouvoir. Ce serait d’ailleurs un penalty servi dans les dernières minutes de la prolongation d’un match privé opposant l’OS à l’AS (masseuse de professsion), aujourd’hui à bout de souffle et à court de plans de jeu. Il faut absolument le mettre au fond des filets ce penalty, pour d’une part arrêter l’imbroglio de l’affaire Sweet Beaute et éventuellement disqualifier un sérieux concurrent pour 2024. Mais peut-on imaginer une élection présidentielle dans le contexte socio-politique actuel du Sénégal sans l’OS dans la compétition, sans celui qui a considérablement contribué à changer la configuration représentative pouvoir-opposition à l’Assemblée nationale en 2022 ?  Rien n’est moins aventurier.

Encore une fois, la question de Mor Lam à son épouse, aux allures d’injonction du chef, prend tout son sens : « As-tu mis dans la marmite tout ce qu’un jarret réclame pour, une fois bien cuit, cuit à point, fondre délicieusement dans la bouche comme du beurre ? ».  La tactique de ramollissement absolu de l’OS, en d’autres termes, la tentative de réduction de l’opposant Sénégalais, à sa plus simple expression, et par ricochet les manœuvres de disqualification d’un potentiel candidat à la présidentielle de 2024, sera-t-elle payante ?  En promettant au peuple « que ce qui s’est passé en mars 2021 (soulèvement populaire avec son important lot de dégâts humains et matériels) ne se repassera plus jamais, le président de la République a passé le mot d’ordre à ses partisans. Mais pris par la colère et l’aveuglement, le pouvoir n’a pas fait son introspection en se posant la question légitime de son rôle de deux poids – deux mesures, comme une des causes probantes de la réaction de soutien envers l’OS en mars 2021 et au-delà. En focalisant le « plus jamais ça » sur la répression, avec entre autres, de nouveau équipements de police pour corser le « maintien » de l’ordre, les mêmes causes entraineront les mêmes effets. Les accusations de partialité d’une frange de la justice sénégalaise, la méfiance du peuple envers certains hauts responsables des institutions judiciaires et  décisionnels dû à leurs passifs, l’utilisation des moyens de l’Etat au profit du parti marron-beige, le coude de la République encore pesant sur les dossiers d’intérêt public, tel le rapport de l’Inspection Générale d’Etat sur la gestion des fonds Covid, le non-respect de la parole donnée, sont autant de motifs qui poussent « la rue » à se soulever contre l’injustice. Et cela va au-delà de la personne d’Ousmane Sonko. 

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Si naguère, parler de la question de la troisième candidature du président de l’APR était synonyme de disgrâce instantanée, tout laisse à croire que c’est désormais le contraire qui est en vigueur à l’image de Farba Ngom qui, après avoir clamé haut et fort sa position favorable sur le sujet, s’est vu confier la responsabilité de la « mobilisation » au sein de son parti. Une promotion, nous dit-on. Cette question de la troisième candidature du président de la République est à n’en plus douter, la base de toutes les intrigues et tractations du pouvoir actuellement, allant de la rupture avec Aminata « Mimi » Touré, qui était préposée à la tête du perchoir mais mise à l’écart au dernier moment, juste parce qu’elle n’aurait pas soutenu l’idée d’une troisième candidature ; à la tribune donnée à Robert Bourgi, un nostalgique de la françafrique des valises de billets sales, pour rajouter sa voix à celle de l’APR, en dénigrant Ousmane Sonko. On pourrait y rajouter l’entrée en jeu à travers la conférence de presse du 14 avril, d’Idrissa Seck, champion du clair-obscur et adepte de la tortuosité comme outil politique. Mais cela empêchera-t-il la popularité de l’OS de croitre ?  Rien n’est moins sûr. 

Devant tout ce brouhaha, fait d’acharnement juridique et de tension sociale palpable, le président de la République, qui s’était déjà à plusieurs reprises prononcé oralement et par écrit, sur le fait que son mandat en cours est son dernier, se retrouve piégé dans ses calculs politiciens, par rapport au « dragon » Sonko qu’il a lui-même créé depuis sa révocation de l’administration sénégalaise en 2016.  S’il est clair que la saga judiciaire contre l’OS occupe l’espace politique et empêche matériellement le potentiel candidat de se projeter sur le terrain avec son programme, il est tout aussi palpable qu’une sympathie grandissante envers Pastef s’empare des Sénégalais de l’intérieur et de la diaspora. Et puisque les Sénégalais, ne votent pas programme, mais plutôt pour ou contre un candidat (les cas d’Abdou Diouf, et d’Abdoulaye Wade sont éloquents), s’acharner sur Sonko ne fait que le martyriser et augmenter son capital sympathie auprès des populations. Ce constat qui a bénéficié au président actuel (le « tout sauf Wade » en 2012) n’est pas inconnu du locataire du palais et de ses artisans stratèges politiques qui explorent certainement tous les scenarios de survie possibles pour un troisième mandat, quitte à mener le pays dans une situation de chaos généralisé.

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Pour les observateurs étrangers, le Sénégal donne une piètre image de sa démocratie hier vantée sur toutes les tribunes, particulièrement dans une région déjà fragilisée. Le jeu en vaut-il la chandelle ? C’est certainement ce qui a poussé un groupe mixte d’intellectuels sénégalais et autres, à interpeler le président de la République à travers une lettre publique, pour qu’il se ressaisisse et revienne à la raison. Ce retour à la raison devrait nécessairement passer par plus de retenue et moins de répression envers les manifestants dans l’exercice de leurs droits constitutionnels

De toute évidence, l’OS de Pastef est dur à cuire et les tentatives répétées de le ramollir pour une dégustation facile avant février 2024 s’avèrent de plus en plus ardues pour le pouvoir. Contrairement à Mor Lam, le chef de famille suicidaire et jusqu’auboutiste, on peut toujours espérer un retour à la parole donnée du chef de la nation et Commandant Supérieur des armées…la mort dans l’âme. 







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