Le dialogue, c’est le fuel qui fait tourner le moteur d’une démocratie.
À travers l’histoire et dans la plupart des sociétés humaines, le dialogue ou le fait de rassembler des personnes pour les aider à surmonter leurs différences et à résoudre leurs problèmes a toujours été une mission prestigieuse, généralement confiée à des individus expérimentés, à des anciens ou à des personnes respectées pour la qualité de leur jugement et leur sagesse.
Le dialogue n’est pas une invention des temps modernes. Au Sénégal, le dialogue a toujours été un élément central de la coexistence pacifique entre les différentes composantes culturelles, ethniques, religieuses et politiques. Les différents royaumes qui se sont constitués et reconstitués à travers les siècles, ont toujours développées des stratégies de dialogue afin de pacificier les relations entre leurs peuples. Parmi ces stratégies, on peut citer le cousinage à plaisanterie, les mariages mixtes, etc.
Dans le Sénégal des temps modernes, les acquis historiques de laïcité ont plus ou moins créé un environnement propice pour les percepts de la démocratie telle qu’héritée de la colonisation. Ainsi, le dialogue est très présent dans le débat public social et politique de nos jours. Pour rappel, les années soixante et soixante-dix ont été marquées par des dialogues entre l’Union progressiste sénégalaise, le Mouvement démocratique populaire, le Parti africain de l’indépendance, le Parti Démocratique Sénégalais, le Parti Populaire Sénégalais etc. Ces pratiques ont été entretenues par la deuxième génération à partir des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix (Parti socialiste, Parti démocratique sénégalais, And-Jëf/PADS, REWMI, etc.).
Cependant, la réussite de tout dialogue dépend largement de la disposition des parties prenantes à aboutir à des résultats concrets. Les bonnes dispositions débutent avant tout par l’initiative de lancer un dialogue quand la situation le requiert. Il est important de noter que la situation politique actuelle du Sénégal est caractérisée par un niveau de polarisation jamais atteint de par le passé.
Le Président Macky Sall, depuis son accession à la magistrature suprême a, dans la poursuite d’une tradition bien sénégalaise, fait montre à chaque, d’un leadership consensuel et d’une volonté de dialogue sincère et inclusif. La Coalition Benno Bokk Yaakaar qui l’a porté au pouvoir en 2012 détient le record de longévité pour une coalition politique de toute l’histoire moderne du Sénégal.
Pour rappel, déjà en 2013, il mit en place la Commission nationale de Réforme des Institutions (CNRI) qu’il confia au Doyen Amadou Makhtar Mbow qui était auparavant Président des Assises nationales (Janvier 2008 – Avril 2009). Cette commission avait pour mission de « formuler toutes propositions visant à améliorer le fonctionnement des institutions, à consolider la démocratie, à approfondir l’Etat de droit et à moderniser le régime politique » Les propositions de la CNRI sont largement inspirées des recommandations des Assises nationales. Le choix de Amadou Makhtar Mbow dénote d’une volonté du Président Sall de faire un trait d’union entre les conclusions des Assises nationales qu’il avait signé avec réserves et son besoin de réconcilier ses convictions de gouvernance sobre et vertueuse. Ces consultations ayant couvert des thèmes divers tels que l’administration, le judiciaire, le parlement, la sécurité pour ne citer que ceux-là, ont abouti sur des propositions de réformes variées.
Dans la même veine, en 2016, il lança un dialogue national sur les réformes politiques malgré la victoire du OUI au référendum de révision de la constitution. « Malgré toutes nos divergences, le dialogue est indispensable surtout quand nous traversons des moments cruciaux de notre nation. Après le référendum, j’ai voulu que des échanges soient organisés entre acteurs notamment, les hommes religieux, les syndicats, les politiques, le patronat et des autres entités représentatives. Chacun a sa liberté de penser et d’appartenance, mais nous avons un même intérêt, celui de voir notre pays rayonner. » Ce sont là, les mots du Président Macky à l’ouverture de ces concertations.
Il ne s’arrête pas là. Moins de deux mois après sa réélection en 2019 avec plus de 58% des suffrages exprimés, sans en être obligé mais mû simplement par sa volonté de consensus, Monsieur Sall appelle le pays à un dialogue national dont l’une des composantes principales est le dialogue politique.
C’est lors d’une interview avec une radio de la place le 03 mai 2023, à la veille de la célébration de la fête nationale, que le Président Macky Sall lança un appel à un dialogue national. Une annonce de taille accueillie différemment par les uns et les autres mais qui a le mérite, dans une situation politique tendue, de casser le mur de glasses entre le pouvoir et l’opposition.
Le mercredi 31 mai 2023 a marqué le lancement officiel des concertations. La salle des banquets au niveau du Palais de la République n’a pu contenir les représentants de toutes les forces de la nation. Des allocutions de haute facture de la part des participants ont rencontré une oreille attentive et conciliante du Président de la République. Les différentes commissions se sont engagées à travailler de façon inclusive et efficace afin d’abord de produire des termes de références du dialogue ; l’objectif étant d’aboutir à des conclusions dans un délai permettant de respecter le calendrier électoral.